Evelyne Brochu a eu un véritable coup de foudre amical avec cette comédienne
Nathalie Slight
Qu’elle joue dans un drame, une comédie ou une série à suspense, en français ou en anglais, au Québec, aux États-Unis ou de l’autre côtéde l’océan, Evelyne Brochu est toujours aussi talentueuse. Zoom sur la carrière d’une comédienne qui se réinvente dans la peau de chacun de ses personnages.
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Evelyne, nous pouvons te voir dans In Memoriam. Comment as-tu réagi lorsque tu as lu le scénario de cette série à suspense plutôt sombre?
À la lecture du scénario, j’ai eu le souffle coupé et j’ai senti mon rythme cardiaque s’accélérer au fil des intrigues. Les choses s’annoncent bien lorsqu’on ressent de telles émotions simplement en lisant un texte! Grâce à la réalisation, à la musique, au montage et au jeu des comédiens, cette tension déjà palpable monte d’un cran — de plusieurs, même! — tandis qu’on suit l’histoire de ces héritiers potentiels forcés de s’adonner à des jeux malsains, pour mettre la main sur un héritage de 84 millions de dollars.
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Quelle était l’ambiance sur le plateau?
Ce qui est particulier pour moi, c’est que la série In Memoriam est produite par Passez Go, qui a également produit Chouchou. Alors que cette série comportait des scènes dramatiques, le drame est à tout un tout autre niveau dans In Memoriam. Catherine Brunet et moi, nous blaguions sur le plateau, comparant nos journées à des Jeux olympiques de l’art dramatique. Chaque scène était chargée d’émotions. Même celles qui semblaient anodines à première vue comportaient des petits échanges de regards évoquant subtilement les enjeux de mon personnage, Lucille De Léry.
Comment as-tu abordé ce personnage?
Le public avait encore en tête le personnage marquant de Chouchou, cette enseignante de littérature douce, sensuelle, passionnée et authentique, transparente sur le plan des émotions. Lucille De Léry est tout le contraire. Avocate de métier, elle cache constamment ce qu’elle pense et camoufle la vérité. Je la vois comme un volcan qui tente sans cesse de s’éteindre lui-même. (pause) Je porte toujours une attention particulière à la gestuelle des personnages que j’incarne. Lucille a la tête bien droite, et ses mouvements sont saccadés, comme si elle était toujours consciente de son image. Elle porte les stigmates de son enfance — elle a été élevée par un père violent sur le plan psychologique.
Peux-tu nous raconter une scène marquante de Chouchou?
La dernière journée complète de tournage a été marquante, puisqu’elle était empreinte d’un mélange d’émotions: la fierté d’avoir raconté une histoire complexe comme celle de Chanelle Chouinard — une enseignante et mère de famille qui succombe à un amour interdit avec son élève de 20 ans son cadet — et la peine de quitter une équipe tissée serré. Parfois, pour une raison qui m’échappe, la magie opère entre des collègues bien au-delà du travail, et c’est ce qui est arrivé pendant le tournage de Chouchou.
Depuis deux ans, tu fais des allers-retours entre Montréal et Paris pour jouer dans la série policière historique française Paris Police...
Oui! Je vais bientôt retourner une fois de plus de l’autre côté de l’océan et retrouver ma belle gang de Paris Police pour le tournage de la troisième saison. Mon personnage, Marguerite Steinhel, est une femme forte, intelligente, résiliente et débrouillarde, à une époque dominée par les hommes. Dans l’ultime épisode de la deuxième saison, elle tourne la roulette de la maison de jeu qu’elle dirige illégalement, regarde son mari droit dans les yeux et lui dit: «La roue tourne.» Cette simple phrase ouvre toutes les portes à cette femme victime des manigances de son conjoint!
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Cette série policière est basée sur une histoire vraie, n’est-ce pas?
Oui, Marguerite Steinhel a réellement existé! Courtisane de métier, elle partageait le lit de ministres, de princes ou d’aristocrates. Le président Félix Faure est même décédé en lui faisant l’amour! Plus tard, accusée d’avoir tué son mari, elle s’est retrouvée au coeur d’un procès qui a fait couler beaucoup d’encre. Heureusement, elle a été acquittée et a refait sa vie en Angleterre, sous un autre nom.
As-tu déjà eu un coup de foudre amical sur un plateau?
Plusieurs! Le premier qui me vient en tête est celui que j’ai vécu avec Virginie Fortin. Nous incarnions deux femmes totalement à l’opposé dans Trop: je campais la grande soeur responsable, et Virginie, la jeune femme aux prises avec un diagnostic de bipolarité. Dès notre première rencontre, ça a cliqué entre nous. À l’instar de nos personnages, nous nous soutenions sur le plateau, car Virginie incarnait son premier rôle important au petit écran, et je jouais pour la première fois dans une comédie.
Il y avait donc une belle solidarité entre vous...
Oui, dans la vie, comme à l’écran! J’aime voir la solidarité féminine à la télévision. Trop souvent, dans les séries de fiction, les auteurs aiment nous faire croire que les femmes se «picossent», se jalousent et s’envient entre elles, alors que selon ma propre expérience, tant personnelle que professionnelle, les femmes font preuve d’une belle solidarité.
As-tu déjà incarné un personnage surnaturel?
Dans la série de science-fiction Orphan Black, j’incarnais Delphine Cormier, une médecin spécialisée en génétique, ce qui équivaut pour moi à avoir des pouvoirs magiques! (rires) Sérieusement, je n’ai jamais eu la chance d’incarner un personnage surnaturel, mais j’adorerais ça! Une superhéroïne, pourquoi pas?