Ève Landry est toujours habitée par le personnage de Jeanne de Unité 9
Patrick Delisle-Crevier
Celle qui a été Jeanne Biron sous la plume de l’auteure Danielle Trottier dans Unité 9 devient, sous cette même plume, Gabrielle Laflamme dans la nouvelle série À cœur battant. Eve Landry nous en dit plus.
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Eve, après la marquante Jeanne dans Unité 9, te revoilà dans un univers signé Danielle Trottier, mais dans une propo sition très différente!
C’est super et j’étais vraiment contente que Danielle et Fabienne Larouche, la productrice, pensent à moi pour ce rôle. Gabrielle est un personnage qui est à l’opposé de Jeanne, mais il y a aussi plusieurs similitudes dans la force de caractère du personnage. Comme le don de soi et une forme de loyauté. Jean- Philippe Duval, le réalisateur, savait que j’étais capable de défendre un tel personnage, et je suis aussi contente de retrouver l’univers de Danielle Trottier. Pour moi, c’est juste confortable et agréable. En plus, j’ai une confiance absolue dans la recherche qu’elle fait en amont, ce qui fait que je ne doute pas du tout quand je lis mes textes.
Que peuton dire de ton personnage?
Gabrielle est une procureure de la Couronne, et on va en apprendre beaucoup sur son passé. Dès les premiers épisodes, on constate qu’elle souffre et qu’elle vit une anxiété importante par rapport à ce qu’elle défend. On se demande d’où ça vient et on va comprendre qu’elle se donne corps et âme à son travail, qu’elle est seule dans sa vie, qu’elle n’a et ne veut personne, parce que c’est important pour elle de se consacrer entièrement à son mandat. Défendre les femmes, elle en a fait une mission de vie. Pour elle, il n’y a pas de passe-droit, pas de pardon ou de guérison possible pour les abuseurs. Donc, selon elle, ce que fait le personnage de Christophe (Roy Dupuis), c’est une perte de temps totale.
Est-ce la première fois que tu joues avec Roy Dupuis?
Oui, et j’en suis ravie! J’ai toujours été attirée par le jeu de cet acteur et j’aime sa façon d’être dans la vie. Alors j’avais hâte de jouer avec lui... et je ne suis pas déçue.
Comment se prépare-t-on pour jouer un tel rôle?
Je fais entièrement confiance à l’auteure et j’ai aussi fait de la recherche de mon côté. J’ai rencontré une procureure de la Couronne, avec laquelle j’ai beaucoup discuté, et je suis allée observer des cas. D’ailleurs, je vais aller la voir en procès prochainement. C’était important pour moi de me plonger dans cet univers-là. J’ai aussi rencontré des travailleurs sociaux et j’ai observé comment il faut aborder une victime. Il faut faire preuve de compassion, d’empathie et, en même temps, de drive. Gabrielle est un peu pitbull. Pour elle, une victime qui défend son agresseur, c’est inadmissible, mais elle va surpasser ça parce que son mandat à elle est de défendre toutes les femmes. Donc, à l’occasion, elle peut être vraiment dure avec les victimes, mais dans le but de toutes les sauver.
Dans la vie de tous les jours, tu ressembles plus à Jeanne ou à Gabrielle?
Je dirais que je me situe entre les deux. Parfois, je m’habille comme Gabrielle et je me trouve vraiment madame, et d’autres fois, je suis un peu plus badass, comme Jeanne. Je suis vraiment à mi-chemin entre les deux.
On t’a découverte avec Jeanne dans Unité 9. Quels souvenirs gardes-tu d’elle après quelques années?
De très beaux souvenirs et un esprit de gang incroyable, que je retrouve d’ailleurs puisque c’est quasiment la même équipe technique. En dehors du rôle, qui est intéressant, c’est la raison pour laquelle j’ai accepté ce projet, pour justement retrouver cette équipe de rêve. C’est aussi avec ces gens-là que j’ai appris mon métier. Je garde tellement de choses du personnage de Jeanne! Elle m’habite encore, puisqu’il ne se passe pas une semaine sans qu’on m’en parle. Elle a marqué l’univers télévisuel québécois.
As-tu eu peur à un certain moment de rester marquée par ce personnage et de ne plus travailler ensuite?
J’y ai pensé, mais je n’ai pas eu peur, parce que l’écho qui me revenait des réalisateurs et des auteurs, c’est qu’on avait envie de travailler avec moi. Et puis on me proposait des trucs, alors c’était rassurant. C’est certain que le danger était là, parce que Jeanne était non seulement un personnage très fort, mais que c’est avec celui-ci que je suis vraiment entrée dans les salons des téléspectateurs. Et puis, à un moment donné, je me suis dit que si Jeanne me collait à la peau et que je ne pouvais pas jouer autre chose, j’allais juste me réorienter. Finalement, avec le recul, je réalise que ce personnage m’a surtout ouvert des portes.
Après Unité 9 et jusqu’à District 31, on t’a vue dans des séries plus courtes ou dans des rôles plus secondaires. Était-ce volontaire?
Non, ça a juste adonné comme ça. En même temps, j’ai continué de travailler au théâtre et ailleurs. J’avais aussi besoin de ce temps à la maison avec mes deux enfants, Frédérique et Louis, qui étaient encore des bébés. Le timing était parfait! Ensuite, on m’a proposé un beau rôle dans District 31. Ç’a été bref, mais intense, et surtout une très belle expérience. J’ai voulu me prouver quelque chose, savoir ce qu’était le rythme d’une quotidienne. Finalement, l’aventure a duré six mois, mais j’en aurais pris plus! Donc, on m’a peut-être moins vue pendant une courte période, mais le plus drôle, c’est que mon chum et moi, on a l’impression que je n’ai jamais arrêté... et on est juste bien fatigués! (rires)
Est-ce que le rythme d’une quotidienne est difficile avec deux jeunes enfants?
Oui, c’est essoufflant et ça demande une grande organisation. En même temps, je dirais que c’est tough sur le long terme. Faire ça pendant plusieurs années, ça doit être épuisant; tu ne dois pas voir beaucoup tes enfants. Du moins, ça prend une logistique de fou pour arriver à apprendre les textes et avoir une vie de famille. Moi, j’apprenais mes textes la fin de semaine ou quand les enfants étaient couchés, et je tournais un peu comme si j’avais un travail de 9 à 5. Alors pour la vie de famille, c’était quand même stable comme horaire.
Ça fait 15 ans que tu fais ce métier, qu’en retiens-tu?
Je dirais que j’ai une carrière audelà de mes attentes. Je suis juste bien heureuse de tout ce qui se passe et des beaux rôles qu’on me confie. J’ai toujours eu du travail, ou presque, et il y a aussi la belle aventure de M’entends-tu?, qui aura été marquante pour moi. Je pense qu’en 15 ans, j’ai pu toucher à plein de sphères différentes et à quasiment toutes les gammes en termes de types de rôles. On pense à moi pour des personnages hauts en couleur et avec une grande profondeur. Même mon début de carrière a été incroyable: je faisais du théâtre pour ados et ça m’a amenée à voyager à travers le monde. Ce métier me gâte bien.
Comment est-elle née, cette envie de faire ce métier?
J’écoutais un Gala Artis ou les Gémeaux, à l’époque, et j’étais fascinée par ces gens qui recevaient un prix pour un rôle et le fait qu’ils soient reconnus dans leur milieu. Ça m’a marquée et je me suis dit que j’aimerais bien vivre ça un jour. J’ai donc commencé à fouiller pour savoir quel chemin prendre pour arriver à une telle reconnaissance. Ensuite, en y touchant de près, j’ai pu savoir ce que c’était de jouer et j’ai eu l’amour du métier. J’ai réalisé que tout ça allait bien au-delà du fait de gagner un prix. Mais j’étais très heureuse de cocher ça sur ma liste quand j’ai reçu mon Gémeaux. Je ne recherche plus la reconnaissance désormais; je sais que je suis validée dans mon travail et le reste, c’est juste du plaisir. Maintenant, je souhaite juste que ça continue...
À coeur battant, mardi 20 h, à Radio-Canada.
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