Ève Gascon aux portes de l’histoire
Kevin Dubé
En grandissant, Ève Gascon rêvait de porter l’uniforme du Phénix d’Esther-Blondin puis, peut-être, d’un jour représenter le Canada aux Jeux olympiques. Samedi soir, en disputant son premier match dans la LHJMQ, elle atteindra un objectif qu’elle ne s’était même pas fixée, mais qui lui permettra d’entrer dans la catégorie des pionnières du hockey féminin.
La LHJMQ semblait un rêve inatteignable pour la jeune Gascon de 16 ou 17 ans qui, après avoir atteint son objectif de jouer midget AAA [maintenant M18 AAA], n’avait pas été repêchée par une formation du circuit Courteau. À ce moment, son plan de carrière semblait passer par le sud de la frontière, avec des femmes, dans la NCAA.
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Toutefois, l’appel de Louis Robitaille, en début de saison, l’invitant au camp d’entraînement de l’équipe a remis ce plan en question. Elle a finalement décidé de rester au Québec, avec les Patriotes du Cégep Saint-Laurent, plutôt que de tout de suite se diriger aux États-Unis.
«Au début, je devais aller à Toronto, mais j’étais encore jeune et je n’étais pas prête à partir de la maison. Mon cœur voulait rester avec les gars et j’aimais la chimie avec le Phénix. Avec les filles, il n’y a pas beaucoup de ressources après l’université. Donc, de rester au Québec et jouer avec les gars me permettaient de jouer plus longtemps et m’améliorer. Après mon cégep, je vais aller du côté de la NCAA. J’ai la chance de pouvoir faire les deux.»
À moins, évidemment, qu’elle force la main de l’organisation des Olympiques.
«Je ne sais pas ce qui m’attend, mais c’est sûr que je vais rester prête s’ils ont besoin de moi. Pour l’instant, j’y vais un match à la fois et si ça va plus loin, tant mieux.»
Attention médiatique
Gascon a rencontré les médias pour la première fois, vendredi, depuis qu’on a appris qu’elle obtiendrait le départ de samedi face à l’Océanic de Rimouski. Pour une fille qui s’apprête à passer à l’histoire, il faut dire qu’elle semblait passablement calme et en contrôle.
«Je vis bien avec ça. C’est un peu stressant, mais je suis vraiment excitée de jouer demain [samedi]. C’est le fun d’avoir de l’attention comme ça et que ça aide le hockey féminin.»
De l’attention, il y en a. Afin d’éviter d’être envahie par les messages, Gascon a désactivé les notifications des applications Facebook, Messenger et Instagram. Elle a tout de même reçu beaucoup d’encouragements par message texte, dont ceux de Charline Labonté, Manon Rhéaume, Marie-Philip Poulin et Ann-Renée Desbiens.
«Ces filles sont des idoles pour moi. De recevoir des messages de leur part, ça me fait chaud au cœur.»
Parlant d’idoles, elle en deviendra assurément une pour les jeunes filles qui croient encore trop qu’il n’y a pas d’avenir pour elles dans le hockey féminin.
«En grandissant, j’ai regardé Charline, mais surtout Marie-Philip. C’est le fun pour moi de faire partie de ce groupe, mais je n’ai que 18 ans et je ne le réalise pas encore. Je veux continuer à prouver que j’ai ma place et que les filles peuvent jouer avec les gars.»
Prête à jouer
Mais, au-delà du caractère historique de la chose, de l’autre pas de géant réalisé pour le hockey féminin, il reste qu’il ne s’agit que d’un match de hockey. Comme elle en a joué des centaines dans sa carrière.
C’est d’ailleurs ce que Labonté a tenu à lui dire.
«Charline m’a dit que ça reste un match de hockey et que je suis capable de garder les buts. Je dois juste me concentrer sur ce que je suis capable de faire.»