Étude économique commandée par Lévis: Marchand met des bémols sur les gains du 3e lien
Une étude présentée par Lévis fait sourciller le maire de Québec et des experts
Stéphanie Martin
Le maire de Québec met des bémols sur l’étude économique commandée par la Ville de Lévis afin d’exposer les « impacts positifs » du troisième lien.
Bruno Marchand a pris connaissance de cette étude présentée jeudi dernier par son homologue lévisien, Gilles Lehouillier.
Elle concluait que « les régions de la Capitale-Nationale et de la Chaudière-Appalaches verront leur produit intérieur brut (PIB) augmenter de plus de 630 M$ dès 2032 ».
Pour Bruno Marchand, cette étude apporte « de l’eau au moulin », mais elle est loin de faire le tour de la question.
« C’est pas à acheter en bloc. On ne peut pas dire que c’est une mauvaise étude, que ça ne vaut pas la peine. Mais il faut la mettre en contexte et être capable d’entendre les experts qui disent : “Attention”. Quand on commande une étude sur les avantages, c’est sûr qu’on ne recevra pas une étude sur les désavantages. »
Concernant les 630 millions $ d’ajout au PIB, il souligne que ce chiffre « a l’air important, mais c’est moins d’un pour cent » du PIB de la région.
« Certains disent même que ça a une valeur limitée par rapport à où on pourrait mettre l’argent ailleurs [sic]. »
Plusieurs calculs ont été remis en question par des observateurs indépendants, a-t-il noté. « On voit qu’il y a certains doutes qui sont émis par rapport à la plus-value. »
Absence de rentabilité
Jean Dubé, économiste et professeur titulaire à l’Université Laval, est l’un de ceux qui ont « sursauté » devant les résultats de l’étude.
Il souligne « l’écart important qui existe entre, d’une part, les bénéfices estimés (moins de 1 million $/an) et les coûts d’entretien annuels (25 millions $/an). Juste cette conclusion montre, d’un point de vue économique, l’absence de rentabilité du projet ».
Il remet en question le choix d’une analyse de type entrées-sorties, dans laquelle « le résultat obtenu ne peut qu’être positif ».
« Pour avoir un portrait clair, il faut pouvoir comparer les projets entre eux pour pouvoir choisir la meilleure option. Une retombée positive ne veut pas nécessairement dire que le projet est rentable. Ce type d’analyse ne doit pas être utilisé pour justifier une rentabilité. »
Deux points majeurs critiqués
Il critique également deux points majeurs sur lesquels reposent les conclusions de l’étude.
D’abord, il note que les estimations sur les gains de temps ne tiennent pas compte de la demande induite, qui prévoit que plus de véhicules emprunteront les routes si l’on construit un tunnel, ce qui annulera ces gains.
Ensuite, il remarque que l’hypothèse que le troisième lien apportera un gain de productivité de 0,62 $/heure « n’est pas nécessairement appuyée, ni détaillée de manière à rendre celle-ci vraisemblable ».
La Ville de Québec n’a pas l’intention d’imiter la ville voisine en faisant ses propres études sur le tunnel.
« C’est pas à Québec de mettre de l’argent pour évaluer la valeur d’un projet. C’est au gouvernement du Québec », a soumis le maire.
Principales conclusions de l’étude présentée par Lévis
- Les régions de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches verront leur produit intérieur brut augmenter de plus de 630 M$ dès 2032 grâce au tunnel.
- L’avènement du tunnel apportera un gain de productivité estimé à 0,62 $ l’heure par travailleur à partir de 2032.
- Au cours des 12 premières années suivant la mise en service d’un tunnel Québec-Lévis, le temps de déplacement (véhicules-heures de trajet) pour les utilisateurs empruntant les ponts Pierre-Laporte et de Québec diminuera de 36 % en matinée et de 40 % en après-midi.
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