Et si le PCQ d'Éric Duhaime devenait l’opposition officielle?


Philippe Léger
C’est ce qu’on appelle une domination totale.
Le dernier sondage publié dans Le Journal confirme non seulement que la CAQ a cessé sa descente, mais qu’elle est maintenant en remontée.
Après un budget largement approuvé et une victoire à l’élection partielle de Marie-Victorin, la réélection de la CAQ semble sur les rails.
En s’accaparant aujourd’hui 44% des intentions de vote, soit une avance de 27 points de pourcentages sur le PLQ, le parti de François Legault pourrait aisément faire élire plus de 100 députés sur les 125.
On peut même penser à ouvrir le livre des records de la domination politique. Pour les nostalgiques, on n’est pas loin de Duplessis 1948 et Bourassa 1973.
La véritable course est dans le peloton arrière, chez les oppositions se divisant le vote d’opposition au gouvernement.
Qui peut monter?
Et si je vous disais qu’il se peut que le PCQ d’Éric Duhaime finisse deuxième et forme l’opposition officielle?
Vous vous esclaffez déjà?
C’est loin d’être le cas aujourd’hui, soyons clairs.
Mais le dernier sondage Léger annonce des mouvements pas encore perceptibles.
D’abord, le vote du PCQ a des airs de solidité.
71% de ses électeurs affirment que leur choix est définitif. Plus que tous les autres partis.
Les oppositions sont sur des plaques tectoniques: plus de la moitié des péquistes et des solidaires peuvent encore changer d’idée d’ici l’élection.
Pour QS, ces chiffres doivent être affligeants. Tout porterait à croire à une montée du parti de gauche dans les sondages.
Leurs idées sont défendues dans les médias, leur couverture médiatique est positive, ils font campagne sur des préoccupations réelles, GND est apprécié...
Pourtant, QS stagne à plus ou moins 15%. En dix ans, leur moyenne dans les sondages a augmenté d’au plus 5%.
Les libéraux, eux, sont menacés par la création d’un parti uniquement dédié aux anglophones.
Conjugué à un score historiquement bas chez ses derniers (46%), le bateau libéral coule. Anglade n’a d’autres choix que de sortir les canots de secours et sauver ses derniers soutiens. Le vote franco est déjà à l’eau, sacrifié.
Ce qui nous amène à cette conclusion: le seul parti en croissance est le PCQ.
Et il pourrait profiter d’une élection sous le parapluie de la santé.
Des différences existent entre les positions de la CAQ, du PLQ, du PQ et QS en santé, mais elles ne sont pas majeures. Peu d’électeurs pourraient les identifier.
Que ce soit sur la COVID ou sur l’universalité des soins, c’est Éric Duhaime qui incarne la divergence. Et cela pourrait l’avantager.
Un autre facteur pourrait l’avantager: Pierre Poilievre.
Duhaime et Poilievre sont des alter ego. Nous assistons à une rencontre d’esprit sur leurs idées, comme l’écrivait le National Post cette semaine. Une rencontre d’esprit sur leurs méthodes, pourrions-nous ajouter, dans leur façon tribale et outrancière de pratiquer la politique.
Pierre Poilievre, chef du Parti conservateur du Canada, pourrait légitimer la présence d’Éric Duhaime en politique québécoise.
Archipel
Les Québécois définiront bientôt un adversaire à la CAQ.
Les oppositions sont morcelées en différents archipels: QS à Montréal, le PLQ à l’ouest de Montréal, le PCQ à Québec et le PQ au Bas-Saint-Laurent.
On ne sait jamais comment l’opinion publique évolue.
Mais une certitude demeure: les Québécois doivent prendre l’hypothèse Duhaime au sérieux.
Les partis d’opposition encore plus.

Source : sondage Léger (21 avril 2022)