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Connaissez-vous Estelle, une nouvelle pilule contraceptive plus naturelle et plus écolo?

Montage Julie Verville
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Photo portrait de Genevieve            Abran

Genevieve Abran

2021-10-06T20:15:00Z
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Avez-vous entendu parler d'Estelle? Cette nouvelle pilule contraceptive contenant de l’œstrogène à base de plantes, offerte depuis septembre au Canada, réduirait les risques de caillots sanguins, en plus d’avoir un impact environnemental significativement plus faible.

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Le Nextstellis, aussi appelé Estelle, a un «gros avantage»: les études cliniques démontrent qu’il favorise moins la coagulation que les autres pilules actuellement sur le marché, explique Mathieu Lebœuf, directeur du Département d'obstétrique, gynécologie et reproduction de l’Université Laval. 

Photo d'archives
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Les risques de caillots sanguins, de phlébite et de thrombose normalement associés à la pilule contraceptive sont donc significativement plus faibles. 

C’est d'ailleurs la première fois qu’un contraceptif oral est conçu à base d’œstrogène d’origine végétale et non synthétique. Autre nouveauté: c’est le premier à contenir de l’estétrol.  

C’est bien beau, tout ça, mais ça mange quoi en hiver, cette affaire-là? L’estétrol, c’est l’un des quatre types d’œstrogène que sécrète le corps de la femme, particulièrement pendant une grossesse, indique celui qui est aussi obstétricien-gynécologue. 

Et c’est cette hormone qui contribuerait à réduire les risques de coagulation.  

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Moins d’effets néfastes pour les femmes   

Le Nextstellis peut donc représenter une option intéressante pour les femmes qui subissent des effets secondaires liés à d’autres types de pilule contraceptive, avance Mathieu Lebœuf.  

Les effets secondaires sont parfois si intenses qu’ils poussent certaines femmes à troquer la pilule pour un autre moyen de contraception, comme le stérilet. C’est le cas de Manon, qui a essayé trois pilules différentes sur une période de cinq ans.  

L’étudiante de 20 ans avait commencé à prendre la pilule en raison de douleurs liées à ses règles. Elle indique que son «humeur était instable» lorsqu’elle la prenait. En arrêtant la pilule, elle a ressenti encore plus d’effets indésirables: prise de poids, perte de poitrine et acné.  

Selon les études cliniques effectuées par la pharmaceutique Mithra, qui a développé Nextstellis, les effets secondaires de ce nouveau contraceptif seraient minimaux. Les saignements et la régularité du cycle seraient également bien contrôlés avec cette pilule.  

«Toutes les femmes qui veulent une contraception hormonale peuvent prendre cette pilule», mentionne le Dr Lebœuf.  

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Même bon pour l’environnement!  

Ce n’est pas tout: ce nouveau médicament aurait un impact écologique plus faible, selon les tests effectués par Mithra. 

Mais comment est-ce possible?  

L’œstrogène qui se trouve dans la pilule se rend jusqu’aux reins, avant d’être évacué dans l’urine. De l’œstrogène se retrouve ensuite dans nos cours d’eau après être passé par les usines de traitement des eaux usées, explique l’obstétricien-gynécologue.  

Un taux d’œstrogène élevé mène à une féminisation des poissons, ce qui, bien entendu, a un impact sur leur reproduction, poursuit-il. «Deux femelles ensemble, ça peut s’aimer beaucoup, mais ça ne fait pas de bébés poissons.» 

Pour tester les impacts de Nextstellis sur les poissons, une dose d’estétrol 30 fois plus élevée que celle de la pilule a été rejetée dans de l’eau.  

Et quels sont les résultats? Aucun changement n'a été observé dans le cycle reproducteur des poissons japonais utilisés pour les tests, «alors que d’autres types d’œstrogène vont avoir un effet sur leur cycle reproducteur», indique le Dr Lebœuf. Même chose pour les algues et les crustacés: aucun changement sur leur croissance.  

Une pilule révolutionnaire?  

Si la pilule Estelle semble prometteuse, Mathieu Lebœuf appelle à la prudence: «C’est très intéressant, mais on est au début.»  

methaphum - stock.adobe.com
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Le professeur dit avoir déjà vu de nombreuses autres pilules d'apparence prometteuse qui se sont finalement avérées décevantes au fil de leur utilisation. «Il faut laisser la chance au coureur», ajoute-t-il.

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