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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

Est-ce bon d’investir en temps de guerre?

Illustration Adobe Stock
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Daniel Germain | Le Journal de Montréal

2022-03-11T05:00:00Z
2022-03-11T12:40:39Z
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Je me suis posé la question non sans ressentir un certain malaise : se présenterait-il une fenêtre pour déplacer quelques billes vers le marché boursier? En matière de placement, la sagesse veut qu’on achète quand la confiance est en berne, quand la peur s’installe. Je sais, il peut paraître malvenu de voir dans une tragédie une occasion d’investissement.

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Les grands indices s’étiolent quand même depuis trois mois déjà. Bien avant l’entrée des chars russes en Ukraine, nous étions aux prises avec une inflation galopante, et l’imminence de hausses des taux d’intérêt pèse très lourd sur l’humeur des investisseurs. L’augmentation des prix à la consommation ne semble pas sur le point de se calmer, malgré les coûts d’emprunt en croissance. 

La guerre vient rajouter une épaisse couche d’incertitude, elle nous a fait entrer dans une zone de forte volatilité. Avant que la situation s’améliore, elle pourrait empirer. 

Je vais me garder de vous livrer des recommandations, parlons plutôt de la tolérance au risque. C’est sur cette base qu’on doit évaluer la pertinence d’investir en Bourse, et ce, en tout temps, et non sur l’actualité.

Je ne fais pas référence à votre capacité psychologique à subir des pertes temporaires. Si vous songez ces temps-ci à accroître votre exposition au marché boursier, vous avez probablement les nerfs solides. Parlons plutôt des aspects « objectifs » de la question. 

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L’horizon du placement  

Plus vous disposez de temps, moins vous courez de risques de perdre. Si vous investissez maintenant des sommes dont vous pourriez avoir besoin dans deux ans, la possibilité d’y laisser des plumes n’est pas négligeable. Par exemple, ce pourrait être tentant de vouloir faire fructifier rapidement une somme amassée en vue d’une mise de fonds, mais c’est une mauvaise idée d’investir cet argent si l’achat de la maison est prévu prochainement. 

Si au contraire il s’agit d’un investissement en vue de la retraite dans 25 ans, vous pourriez subir des pertes sur papier entre-temps, mais elles seront récupérées avant cette échéance. 

En bas d’un horizon de cinq ans, je considère le risque important. 

La sécurité d’emploi et les revenus  

Une personne qui jouit de la sécurité d’emploi et compte sur une bonne paie toutes les deux semaines peut assumer plus de risques, la fluctuation de son portefeuille est compensée par la stabilité de ses revenus. Elle peut pousser l’audace d’un cran si, en plus, son plan de retraite est bétonné par un généreux fonds de pension. 

À l’inverse, un individu qui vit de contrat en contrat doit se montrer plus prudent, sans que ça devienne excessif. Il ne faut pas non plus se limiter aux placements garantis qui ne rapportent rien, mais bien répartir ses billes en fonction de son profil d’investisseur. 

Les actifs déjà accumulés  

Plus on est riche, plus facilement on peut vivre avec les hauts et les bas des marchés boursiers, de façon générale. Lorsque son avenir financier est déjà en bonne partie assuré, un investissement aventureux de 10 000 $ ne présente pas le même risque que pour le voisin qui tire le diable par la queue. Miser 10 000 $ quand on en détient 50 000 $, c’est plus stressant que lorsqu’on est assis sur 500 000 $. 

Le temps, la stabilité des revenus et un certain niveau de richesse ont ceci en commun : ils nous protègent de la nécessité de décaisser des placements qui auraient temporairement perdu de la valeur. 

Ce que ça nous dit aussi, c’est que la témérité représente un raccourci dangereux pour qui ne dispose ni du temps, ni de la stabilité, ni des actifs. 

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