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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Essence trop chère: Fitzgibbon va abolir le prix plancher, plutôt que de fixer un plafond

Pas question de baisser les taxes sur le carburant, laisse tomber le ministre, selon qui il faudrait plutôt les augmenter

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Photo portrait de Marc-André Gagnon

Marc-André Gagnon

16 mai à 12h45
16 mai à 15h28
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Dans l’espoir de faire diminuer le coût du litre à la pompe, Pierre Fitzgibbon va abolir le prix plancher de l’essence, comme le recommande l’expert qu’il avait mandaté. Par contre, pas question de baisser les taxes sur le carburant, prévient le ministre.

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«Baisser les taxes sur le carburant? Je pense qu’il faudrait les monter, s’il fallait faire quelque chose», a laissé tomber le ministre en réponse à une question de l’auteur de ces lignes, jeudi. Il a plus tard précisé, sur X, que «le gouvernement n’a aucunement l’intention de hausser la taxe sur l’essence».

Ses propos ne sont pas sans rappeler ceux qu’il avait tenus en août dernier, comme quoi il faudrait réduire de moitié le parc automobile du Québec.

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Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie a lancé ce nouveau pavé dans la mare alors qu’il terminait un point de presse pour annoncer l’abolition du prix plancher de l’essence. Ce dernier avait été mis en place en 1997 pour protéger, mais finalement sans succès, les petits joueurs contre la consolidation du marché.

Le prédécesseur de M. Fitzgibbon à l’Énergie, Jonatan Julien, s’était-il trompé en rejetant l’abolition du prix plancher, en 2019, sous prétexte qu’il empêche la concurrence entre les stations-service au détriment des automobilistes? «Oui», a répondu sans hésiter M. Fitzgibbon.

Pas de prix plafond

Or, «le prix plancher devrait être éliminé», recommande maintenant le professeur Robert Clark, à qui le ministère de l’Économie avait demandé de se pencher sur les disparités régionales du prix de l’essence au Québec.

«Le prix plancher [...] empêche les entreprises plus compétitives de fixer des prix plus faibles», signale le professeur de l’Université Queen’s et de HEC Montréal, dans son rapport rendu public jeudi.

À la lumière de ce document de 111 pages, M. Fitzgibbon s’engage donc à déposer, avant les vacances estivales, une pièce législative visant à abroger la Loi sur les produits pétroliers.

Comme il l’avait laissé entendre au début mai, le ministre souhaite mettre en place, «au courant de l’été», un régime de transparence des prix de l’essence.

Ce nouveau mécanisme obligera les stations-service à transmettre leurs modifications de prix affichés à la pompe quotidiennement à la Régie de l’énergie, elle qui, en retour, diffusera plus clairement cette information aux consommateurs, comme le recommande aussi M. Clark, pour exercer une pression à la baisse.

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La CAQ n’a jamais envisagé d’imposer un prix plafond, puisque «ce n’est pas le rôle du gouvernement, c’est un marché libre», a expliqué M. Fitzgibbon, qui, de la même façon, ne se voyait pas limiter les marges de profit des essenceries.

Le professeur Clark déconseille d’ailleurs de le faire, puisque cela risquerait, selon lui, de «faciliter la coordination» entre les pétrolières, avec des prix groupés au plafond.

A-t-on des raisons de croire en l’existence d’un cartel? «Soupçons... On pourrait dire ça. Mais en même temps, je n’ai aucune donnée qui me permet d’affirmer ça», a lâché à ce sujet le ministre, qui laisse au Bureau de la concurrence Canada le soin de faire son travail à cet égard.

Trop cher à Québec

Dans son rapport, le professeur Clark confirme une concentration importante du marché (en ce qui concerne la distribution tout comme les bannières d’essenceries) et des prix «parmi les plus élevés» dans la Capitale-Nationale et en Chaudière-Appalaches.

En Gaspésie et sur la Côte-Nord, «les prix [...] sont presque toujours parmi les plus élevés», note aussi M. Clark.

C’est également dans ces régions que les marges de profit sont les plus élevées. Pour expliquer ce phénomène, le professeur pointe du doigt «une consolidation importante» survenue au niveau des distributeurs et des essenceries au cours de la dernière décennie, qui limite la concurrence.

A contrario, au Saguenay, où «il semble y avoir eu une guerre des prix», les prix ont diminué.

Somme toute, M. Fitzgibbon ne peut garantir que ses efforts porteront fruit. «Ce n’est pas une fin en soi, mais [...] c’est un bon départ», considère le député de Terrebonne.

Étude sur le marché de la vente au détail de l’essence au Québec  

Principaux constats:

  • Le degré élevé de concentration est un facteur qui contribue aux prix élevés partout au Québec
  • Les prix et les marges de profit dans la Capitale-Nationale et en Chaudière-Appalaches sont parmi les plus élevés
  • Le prix plancher décourage l’entrée des stations-service à bas prix et empêche les entreprises plus compétitives de fixer des prix plus faibles
  • Un prix plancher peut faciliter la coordination entre les entreprises

Recommandations retenues:

  • Éliminer le prix plancher
  • Mettre en place un régime de transparence comme ceux qui existent dans un certain nombre de pays, qui met à la disposition des consommateurs des données tarifaires à plus haute fréquence
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