Essai du nouvel iMac: Steve Jobs aurait été fier
Maxime Johnson
Design mince à souhait, couleurs vives qui donnent envie de le mettre en évidence dans sa maison, caméra web (enfin) à la hauteur, puissance suffisante pour répondre à tous les besoins du grand public: le nouvel iMac est une réussite. C’est aussi à plusieurs égards le successeur spirituel de l’iMac G3, probablement l’ordinateur le plus important des 30 dernières années.
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Quand Steve Jobs a repris les rênes d’Apple en 1997 à titre de PDG par intérim, l’entreprise qu’il avait cofondée était au bord du gouffre. Plusieurs bons coups expliquent comment Apple s’est relevée dans les années suivantes, mais c’est en grande partie le lancement du premier iMac, l’iMac G3, qui a fait tourner le vent.
Il est difficile d’essayer le nouvel iMac, attendu au Canada au cours des prochains jours, sans repenser à cet ordinateur. J’ai d’ailleurs réécouté pour m’inspirer son dévoilement par Steve Jobs en 1998. Il ne fait aucun doute que les deux ordinateurs partagent de nombreuses similitudes, même si deux décennies les séparent.
Ode aux couleurs
Le nouvel iMac se démarque avant tout par son design. L’appareil est mince et, surtout, ses couleurs vives attirent l’attention. En plus du gris habituel (pour ceux qui manquent de joie de vivre, si vous voulez mon avis), l’iMac est offert en bleu, en vert et en rose. Si vous achetez le modèle plus puissant, vous pourrez aussi choisir le jaune, l’orange et le violet.
Et ce n’est pas que l’ordinateur qui est coloré de cette façon : le clavier, la souris, les câbles et même les fonds d’écran (incluant pour le mode sombre) sont proposés dans les mêmes teintes.
C’est la référence la plus directe au premier iMac, qui était offert dans un éventail de couleurs similaires. L’effet surprend moins aujourd’hui, mais il permet quand même à l’ordinateur de se démarquer.
Seule ombre au tableau: l’ordinateur est beaucoup plus joli à l’arrière, où les couleurs sont pleines, qu’à l’avant, où elles sont délavées. Apple ne veut pas déconcentrer ses utilisateurs lorsqu’ils travaillent, mais personnellement, je considère que c’est une occasion ratée.
Des composants de qualité
Quand Steve Jobs a commencé à parler du premier iMac en 1998, l’un des éléments sur lequel il a porté son attention était son processeur G3, puissant pour l’époque (dont le nom a même été accolé à celui de l’ordinateur).
« On a débattu longtemps sur ce point, car il y avait des solutions de rechange plus lentes et moins chères, mais nous nous sommes dit non, nous voulons cet ordinateur sur notre bureau aussi », a expliqué Jobs lors de l’événement. Le G3, qui était le processeur utilisé dans l’ordinateur professionnel Power Macintosh G3 d’Apple, a donc été intégré à l’iMac, un appareil conçu pour le grand public.
23 ans plus tard, Apple reprend la même stratégie. Le M1 est en train de devenir le seul processeur d’Apple, qui équipera à terme tous les ordinateurs de l’entreprise, de l’iMac d’entrée de gamme aux modèles plus puissants. Ce n’est pas très étonnant. Le processeur maison d’Apple est après tout une véritable bête, qui dépasse souvent les meilleurs processeurs d’Intel ou d’AMD.
J’ai mis à l’essai ici l’iMac d’entrée de gamme, avec un processeur graphique à 7 coeurs plutôt qu’à 8, mais c’était suffisant pour tous les usages essayés: montage vidéo personnel, jeux, etc.
Il n’y a pas que le processeur qui est supérieur à ce que l’on retrouve normalement dans un ordinateur grand public. L’écran de l’iMac est aussi superbe, avec une résolution 4,5K malgré une petite taille de 24 pouces. Les PC concurrents sont généralement limités à une résolution 1080p. La caméra web est aussi l’une des meilleures caméras intégrées que j’ai essayées (un ami avec qui je me suis entretenu pendant une vidéoconférence croyait d’ailleurs que j’utilisais un véritable appareil photo pour me filmer).
Vidéo filmée avec les caméras de l'iMac 2021, du MacBook Pro 2020 et du MacBook 2016, avec les paramètres par défaut. Vidéo: Maxime Johnson.
Évidemment, tout ceci se paye. À 1599$ et plus, l’ordinateur d’Apple est plus cher que les autres tout-en-un sur le marché.
Et c’est encore pire avec le modèle plus puissant. Quelqu’un qui opte pour l’iMac avec 8 cœurs graphiques, les meilleurs périphériques (avec un capteur d’empreintes digitales TouchID sur le clavier, par exemple) et 16 Go de mémoire vive plutôt que 8, devra en effet débourser 2099$. Apple vend aussi l’espace interne à un prix démesuré: opter pour 1 To de disque SSD au lieu de 256 Go coûte ainsi 500$. Pour quelque chose qui vaut 150$, c’est agaçant.
J’aurais aussi aimé un écran plus grand et la possibilité d’avoir une carte graphique externe pour les usages plus professionnels. Il faudra vraisemblablement patienter au prochain lancement pour ça.
Sortir l’ordinateur du bureau
L’autre ressemblance qui unit les iMac de 1998 et de 2021 est plus subtile. Dans les deux cas, Apple a conçu un ordinateur pour briser le moule de ce que l’on fait habituellement avec ces appareils. Plus spécifiquement : Apple veut sortir son ordinateur tout-en-un des bureaux.
« iMac transforme un bureau en cinéma, un salon en salle de classe, une cuisine en salle de conférence, ou encore devient l’élément central d’un espace de vente au détail », notait Apple le mois dernier dans le communiqué de presse annonçant le dévoilement de l’appareil.
L’entreprise veut que son ordinateur serve à plus que travailler, et qu’il soit utilisé dans toute la maison. C’est un iMac, mais c’est aussi une petite télé pour la cuisine ou un système audio pour la chambre à coucher (ses six haut-parleurs sont d’ailleurs franchement impressionnants).
Ici aussi, on peut tirer un parallèle avec 1998, alors que l’iMac G3 était conçu non pas comme un outil de travail, mais plutôt comme un appareil pour aller sur Internet (c’est d’ailleurs ce qui explique le « i » du nom iMac). Pour la première fois depuis des années, le nouvel iMac donne l’impression d’être avant tout un ordinateur familial, comme le premier iMac l’a été pour plusieurs.
J’ai relu par curiosité le chapitre sur l’iMac G3 dans la biographie de Steve Jobs de Walter Isaacson, publiée juste après la mort du cofondateur d’Apple. « Il était tellement fier de son nouvel iMac – à ses yeux le digne descendant du premier Macintosh », y raconte l’auteur. L’iMac M1 n’aura pas l’impact de son prédécesseur : en 2021, la place de l’informatique dans les maisons n’est après tout plus à prouver. Mais on peut tout de même présumer sans trop de risques de se tromper que Jobs aurait été fier de lui aussi.