Essai du MacBook Pro 16 avec M1 Pro: les bonnes décisions
Maxime Johnson
Le nouveau MacBook Pro de 16 pouces avec la puce M1 Pro corrige les erreurs du passé, tout en se tournant vers l’avenir. C’est une véritable réussite, qui mérite son étiquette de «professionnel».
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Design: un retour en arrière apprécié
À première vue, le nouveau MacBook Pro 16 d’Apple semble tout droit sorti de 2015, à une époque où les ordinateurs de la marque à la pomme étaient plus volumineux, qu’ils offraient plus de ports et pour lesquels la minceur à tout prix n’était pas la raison d’être.
Les nouveaux ordinateurs d’Apple corrigent en fait les erreurs des dernières années. La grande barre tactile Touchbar (que j’ai toujours soupçonnée de ne servir qu’à faire monter le prix des MacBook Pro) est finalement disparue, le port HDMI et la fente pour carte SD sont de retour, et même l’apprécié connecteur magnétique MagSafe refait une apparition.
Il y a toutefois un petit prix à payer pour tout ceci: l’ordinateur est plus gros qu’auparavant. À 16,8 mm contre 16,2 mm pour le modèle de 2019, la différence ne paraît pas trop sur une fiche technique, mais l’ancien MacBook Pro avait un format plus aminci aux extrémités. En pratique, la différence se fait quand même sentir. Le nouveau MacBook Pro 16 est par exemple plus difficile à entrer dans mon sac à bandoulière que le modèle de 2019. La nouvelle forme est aussi, à mon avis, moins jolie qu’auparavant.
Cela dit, Apple a souvent privilégié à tort la forme à la fonction au cours des dernières années (on n’a qu’à se rappeler l’horrible clavier Butterfly pour s’en convaincre). J’aimerais avoir le beurre (le petit format) et l’argent du beurre (tous les ports et le bon clavier), mais à devoir choisir entre les deux, j’opte sans hésiter pour le modèle un peu plus enveloppé. Et je suis convaincu que la très grande majorité des amateurs de la marque seront d’accord.
Bref, côté design, le MacBook Pro 16 2021 représente un retour en arrière, mais il s’agit d’un retour en arrière apprécié.
Système sur puce: deux pas en avant
La véritable vedette du nouveau MacBook Pro 16 est son système sur puce M1 Pro, une version rehaussée du M1 que l’on retrouve dans l’iMac 2021 et dans les MacBook Air et MacBook Pro de 2020. Le M1 Pro est plus gros que le M1, avec deux cœurs principaux de plus (CPU), plus de cœurs graphiques, plus de mémoire et un design optimisé pour un usage professionnel.
Notons qu’Apple offre aussi ses nouveaux ordinateurs avec le M1 Max, qui possède deux fois plus de cœurs graphiques, notamment, mais qui est vendu à un prix considérablement plus élevé (à configuration équivalente, il faut débourser 500$ pour changer un M1 Pro pour un M1 Max avec 32 cœurs graphiques).
Il est difficile de parler de l’architecture M1 sans abuser des superlatifs. Non seulement le M1 Pro est assez puissant pour effectuer les tâches les plus lourdes, mais il le fait autant lorsqu'il est branché que lorsqu'il est alimenté par la batterie, il demeure silencieux en tout temps et sa consommation énergétique est particulièrement basse.
Peu importe les tâches que j’ai essayées (travailler dans un document Premiere Pro avec de multiples vidéo 4K superposées, modifier un document Logic Pro avec environ 1500 pistes, modifier des projets Unreal Engine 4 lourds), le M1 Pro était suffisant pour que l’interface soit fluide. Et même avec les logiciels les plus exigeants, il faut littéralement se coller l’oreille sur la trappe d’aération de l’ordinateur pour se rendre compte qu’il y a bien un ventilateur qui tourne (lentement) à l’intérieur.
Le M1 Pro a quand même des limites, cela dit, notamment par rapport aux jeux vidéo. Le processeur central (CPU) du M1 Pro est assez puissant pour n’importe quel jeu (et pour n’importe quelle application professionnelle, d’ailleurs), cela ne fait aucun doute, mais le cœur graphique, lui, ne l’est pas. On peut jouer à un jeu à grand déploiement, mais seulement avec des caractéristiques limitées. Et chose certaine, il est facile d’obtenir beaucoup plus puissant pour beaucoup moins cher du côté PC.
Le M1 Pro atteint aussi ses limites dans les documents 3D vraiment complexes, par exemple. Il sera suffisant pour les petits projets, mais des effets spéciaux professionnels auront besoin de plus de puissance. Après tout, l’architecture M1 n’a pas rendu les cartes graphiques externes caduques.
Le M1 Max sera évidemment un peu mieux de ce côté. Notons que le meilleur système sur puce d’Apple offre aussi d’autres avantages par rapport au M1 Pro, comme la possibilité d’utiliser plus de moniteurs Pro Display XDR que le M1 Pro (3 moniteurs et une télé 4K, plutôt que 2 moniteurs).
Bref, il n’est pas infaillible, mais le M1 Pro sera probablement assez puissant pour la grande majorité des utilisateurs professionnels, qu’ils soient graphistes, développeurs ou autres.
À quoi se compare-t-il?
J’ai effectué plusieurs dizaines de tests au cours des derniers jours avec le MacBook Pro 16 M1 Pro, pour mesurer ses performances dans différentes conditions. J’ai aussi réalisé les tests avec le MacBook Pro 13 M1, le MacBook Pro 16 2019 (le prédécesseur de l’appareil mis à l’essai ici, lorsqu’il était équipé d’un processeur Intel Core i9-9880H et d’une carte graphique AMD 5500M), le Surface Laptop Studio (processeur Intel Core i7-11370H et carte graphique NVIDIA RTX 3050 Ti) et un PC de bureau (avec processeur Intel Core i9-11900K et carte graphique ASUS TUF Gaming RTX3080 OC).
Quand on analyse les tests de performance du processeur, comme le Cinebench R23, le M1 Pro déclasse sans surprise les autres ordinateurs portatifs avec lesquels je l’ai comparé, tant en mode simple cœur qu’en mode multicœur. À 12 349 points en mode multicœur et 1530 points en mode simple cœur, il se compare même avantageusement à la majorité des processeurs pour ordinateurs de bureau sur le marché. Le Core i9-11900K obtient un meilleur pointage en mode multicœur (14 395), mais on parle ici d’un processeur qui consomme 140W à lui seul. Les deux ne devraient pas être dans la même catégorie.
Selon les tests permettant de mesurer les performances graphiques, l’appareil se démarquait un peu moins. Le Surface Laptop Studio, avec sa RTX 3050 Ti, obtenait en fait généralement un meilleur pointage. Les cœurs graphiques du M1 Pro se comparaient généralement à une NVIDIA GeForce GTX 1050 Ti, mais aussi dans certains cas à un peu plus puissants, comme une GTX 1650.
Notons ici que l’architecture M1 se démarque toutefois des cartes graphiques traditionnelles par leur mémoire vive unifiée. Le M1 Pro, par exemple, peut être doté de 32 Go de RAM, qui est toute accessible aux cœurs graphiques. Le M1 Max peut même être doté de 64 Go. Lorsque les applications seront optimisées pour accéder à toute cette mémoire vive, l’intérêt de l’architecture M1 pourrait être décuplée pour certains usages.
Dans les jeux, le M1 Pro s’en tire quand même assez bien par rapport à la RTX 3050 Ti mobile du Surface Studio Laptop. Le PC obtient de meilleurs résultats, mais on est sensiblement dans le même ordre de grandeur (57 images par seconde à résolution 1080p et haute qualité avec le Surface Laptop Studio dans le jeu Shadow of the Tomb Raider, contre 49 images par seconde pour le MacBook Pro 16 avec M1 Pro).
Le M1 Pro était évidemment supérieur au M1 régulier et au MacBook Pro 16 2019 (ce qui est la moindre des choses pour un ordinateur lancé deux ans plus tard, on en convient).
Notons que j’ai aussi mesuré le temps nécessaire pour effectuer certaines tâches, comme corriger la Bible dans Antidote, décompresser un gros fichier et exporter une vidéo lourde dans Premiere Pro. Dans l’ensemble, le MacBook Pro avec M1 Pro était généralement plus rapide que l’ordinateur de Microsoft pour les tâches reliées au processeur (2 minutes 20 secondes contre 4 minutes 13 pour compresser un dossier de 7 Go, par exemple), mais pas pour celles en lien avec la carte graphique.
J’ai aussi effectué plusieurs tests pour mesurer l’autonomie. Les résultats varient beaucoup, mais en gros, l’autonomie du MacBook Pro 16 peut aller de 6 heures en continu avec un jeu moyennement demandant à plus de 24 heures de navigation très légère. Il dure plus longtemps sur une charge que tous les autres ordinateurs essayés, peu importe les conditions, à l’exception du MacBook Pro 13 avec M1.
Au-delà des chiffres, un ordinateur complet
Les tests de performance ne racontent toutefois pas toute l’histoire.
Le MacBook Pro 16 M1 Pro est aussi, dans l’ensemble, un excellent ordinateur, dont chaque composante est appréciée. Ça fait déjà quelques générations que c’est le cas, mais le pavé tactile, par exemple, est gigantesque, et le clavier Magic Keyboard est agréable à utiliser.
J’ai aussi été impressionné par la qualité audio de l’appareil. Ses six haut-parleurs compatibles avec Dolby Atmos nous entourent de musique ou d’effets sonores. Le volume est fort, et le son est juste. Apple dit que ce sont les meilleurs haut-parleurs sur un ordinateur portatif, toutes catégories confondues. Je n’ai pas testé tous les ordinateurs, mais je n’ai pas de difficulté à le croire.
La caméra frontale et les microphones sont aussi d’une excellente qualité. Vous serez probablement la personne qui parlera le plus clairement et qui sera la plus facile à entendre dans toutes vos vidéoconférences.
L’écran, doté de la technologie mini-DEL, est aussi superbe. Les couleurs sont riches, son taux de rafraîchissement de 120 Hz sera apprécié de plusieurs, il est lumineux (1000 nits en continu, avec des pointes à 1600 nits dans le contenu HDR). L’effet HDR rend d’ailleurs les photos et les vidéos compatibles fascinantes. Je ne regarde pas la télé sur mon ordinateur, mais avec son écran et son système audio, le MacBook Pro 16 2021 me donne pratiquement envie de le faire.
Petit point à soulever, le MacBook Pro 16 est doté de la même encoche au haut de l’écran que les derniers iPhone. À écouter les commentateurs sur Twitter, cela semble un problème majeur. Personnellement, je ne peux toutefois pas dire que ça me dérange outre mesure. Il n’y a, après tout, à peu près pas de contenu plein écran sur macOS. L’encoche ne cache donc jamais rien, puisqu’elle est au milieu de la barre de menu. Et un logiciel est en plein écran, comme un jeu vidéo, l’image est rétrécie pour cacher l’encoche (comme si le contour du moniteur était plus gros qu’il ne l’est réellement): résultat, aucune information n’est jamais perdue derrière celle-ci.
Cela dit, tant qu’à avoir une encoche, j’aurais préféré qu’elle intègre un capteur Face ID, qui serait plus agréable et plus rapide à utiliser que le lecteur d’empreintes digitales Touch ID.
Le MacBook Pro 16 M1 Pro est vendu à partir de 3149$. C’est cher, mais c’est un ordinateur qui est à la fois puissant et complet. Alors qu’Apple est souvent généreux avec son étiquette Pro, il ne fait ici aucun doute que c’est ce à quoi on a affaire ici: un ordinateur professionnel, pour les professionnels qui ont de gros besoins et les moyens de se payer un appareil du genre.
Ce que j’aime
- L’écran, qui semble nous aspirer tellement il est grand, net et lumineux.
- Le son d’une qualité exceptionnelle pour un ordinateur.
- L’architecture M1, qui continue d’impressionner par ses performances et sa faible consommation.
- Que l'ordinateur soit branché ou sur la batterie, les performances sont les mêmes, et le silence est total.
Ce que j’aime moins
- Mauvais ratio puissance/prix pour les performances graphiques.
- Tant qu’à avoir une encoche, un capteur Face ID aurait été apprécié.
- Visuellement, le design du boîtier représente un pas en arrière.