Érosion: Les Îles-de-la-Madeleine ont perdu plus de 8 mètres depuis 2005
Hélène Fauteux
Les berges des Îles-de-la-Madeleine ont reculé de près de 8,5 mètres depuis 2005 en raison de l’érosion qui les affecte, soit environ un demi-mètre par année en moyenne, selon des données recueillies par des chercheurs de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR).
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Cette situation est causée notamment par les tempêtes toujours plus nombreuses et plus fortes en raison des changements climatiques.
Selon les données du Laboratoire de dynamique et de gestion intégrée des zones côtières de l’UQAR datant de ce printemps et obtenues par l’Agence QMI, la perte de littoral a été de 34 cm entre 2020 et 2021.
Mais, depuis 2005, année où les chercheurs ont commencé à suivre la situation dans l’archipel, le recul annuel moyen est de 53 cm, un résultat basé sur 12 074 mesures récoltées par des bornes dispersées un peu partout sur le territoire.
La situation préoccupe les autorités
«C’est sûr que c’est variable d’une année à l’autre, mais ça donne un recul global de près de 8,5 m en 16 ans, commente Jean A. Hubert, directeur de l’ingénierie, des TIC (technologies de l’information et des communications) et des bâtiments de la Municipalité des Îles-de-la-Madeleine. On perd deux pieds par année! C’est signe que si on n’agit pas dans les secteurs qui sont névralgiques, bien, on va continuer de perdre du terrain.»
M. Hubert s’attend d’ailleurs à ce que certains déplacements d’infrastructures soient inévitables.
«On ne pourra pas avoir les sous nécessaires pour tout protéger les Îles tout autour, dit-il. Il va y avoir des choix difficiles.»
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Il admet malgré tout que les Madelinots ne sont pas encore confrontés à ces choix difficiles.
«Mais visiblement, avec ce qui est annoncé par le GIEC [Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat] et l’ONU, les changements climatiques ne vont qu’en s’aggravant, souligne M. Hubert. Donc, le [recul de] 0,5 m par année, dans 10 ans il sera peut-être rendu à 0,7 m. Au lieu de deux pieds, ce sera peut-être trois pieds, parce que les tempêtes sont plus intenses, sont plus fréquentes. Ils prévoient une saison d’ouragans incroyable cette année, une saison record. Donc, nous sommes devant ces constats-là et on doit réagir.»
D’ailleurs, la Municipalité des Îles-de-la-Madeleine et le ministère de la Sécurité publique du Québec (MSP) ont récemment signé une entente de financement d’un maximum de 5 M$ pour les travaux de protection de la berge du secteur de Gros-Cap, sur l’île centrale de l’archipel.
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Le secteur à protéger s’étend sur les 900 mètres que longe une route collectrice névralgique.
«Nous sommes à l’étape d’évaluer de quelle façon on peut intervenir et assurer une protection à long terme du secteur pour ne pas avoir à déplacer la route, indique Jean Hubert. Ce n’est pas évident de la déplacer à l’intérieur des terres.»
Pour sa part, le maire, Jonathan Lapierre, se félicite de ce que ce projet de protection du chemin du Gros-Cap soit le quatrième que le gouvernement du Québec accepte de financer sur sa liste de six priorités pour contrer l’érosion des berges, établie en 2017.
«On est exactement à l’endroit où on voulait être [...], affirme-t-il. On avait présenté un plan d’ensemble, une vision d’ensemble avec des budgets préliminaires, et les projets se suivent un après l’autre. L’aide et le soutien qu’on obtient de Québec sont extrêmement positifs!»
Une annonce doit d’ailleurs avoir lieu lundi matin au sujet d’«importants» travaux d'atténuation des risques liés à l'érosion et à la submersion côtière aux Îles.
La vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, procédera à cette annonce, en présence du maire Lapierre.
8,5 mètres, ça représente environ:
- 5 frigos debout les uns sur les autres
- 5 brouettes bout à bout
- plus de 5 bicyclettes bout à bout
- 4 divans de trois places côte à côte
- 56 dictionnaires placés à plat côte à côte
- plus de 11 laveuses côte à côte