Erin Routliffe: de Montréal à la Nouvelle-Zélande
Mathieu Boulay
Le parcours de certaines joueuses n’est pas une ligne droite vers les rangs professionnels. Il peut y avoir certains détours en cours de route. Celui d’Erin Routliffe peut entrer dans cette catégorie.
Originaire de Caledon, en Ontario, Routliffe s’est installée à Montréal pour s’entraîner au centre national de Tennis Canada durant son adolescence. Dans ses années junior, elle a connu du succès en simple et en double au Canada, mais aussi dans les tournois du Grand Chelem.
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Cependant, au lieu de passer chez les professionnelles à 18 ans, elle a décidé de poursuivre son développement à l’université de l’Alabama pendant quatre ans.
Représenter un pays
À la fin de son parcours scolaire, elle a pris une décision importante. Elle a choisi de s’expatrier en Nouvelle-Zélande. Pourquoi?
«Étant donné que je suis née dans ce pays, j’avais la double citoyenneté, raconte Routliffe lors d’un entretien vidéo avec Le Journal. La Nouvelle-Zélande me permettait de disputer rapidement des tournois de la Fed Cup. [Le pays] n’avait pas beaucoup de joueuses, donc c’était plus facile pour moi de me tailler une place.
«C’était la meilleure décision pour moi à ce moment-là.»
Entre deux valises
Par contre, il ne faut pas croire qu’elle a oublié le pays qui l’a vue grandir.
«Si je pouvais, je jouerais avec les deux drapeaux sous mon nom, explique la joueuse de 26 ans. Je suis née en Nouvelle-Zélande, mais j’ai grandi au Canada.»
Routliffe est comme les autres joueuses de la WTA. Elle vit dans ses valises en parcourant le monde d’un tournoi à l’autre.
Dès qu’elle a un trou dans son horaire, elle revient au Canada afin de passer du temps avec sa famille.
«Lorsque je dois amorcer ma préparation pour la saison, je retourne en Nouvelle-Zélande pour y retrouver mon entraîneur.»
Si elle fait tous ces sacrifices, c’est pour un objectif précis : une participation aux Jeux olympiques.
«C’est une des raisons depuis mon association avec la Nouvelle-Zélande. C’est avec ce pays que j’ai les meilleures chances de réaliser mon rêve.»
Une sœur inspirante
À Montréal, Routliffe habite dans un appartement avec sa sœur Tess qui fait partie de l’équipe canadienne de paranatation.
D’ailleurs, elle a gagné une médaille d’argent aux Jeux paralympiques de Rio en 2016 grâce à un nouveau record canadien. Celle qui est atteinte de nanisme inspire son aînée.
«Elle a eu du succès dès qu’elle a commencé à nager, mentionne Routliffe. Elle était incroyable. Tess est une personne dévouée à son sport. Je l’admire.
«J’ai pu assister à la compétition où elle a remporté sa médaille paralympique. J’étais tellement fière d’elle.»
FERNANDEZ EST UNE PARTENAIRE EN OR POUR ELLE
Erin Routliffe participe surtout à des tournois en double depuis qu’elle a fait le saut chez les professionnelles. Elle possède des partenaires de jeu différentes, dont une qui est bien connue des amateurs québécois : Leylah Fernandez.
Routliffe et Fernandez se sont rencontrées pour la première fois lors d’une compétition à Saguenay il y a quatre ans.
«Elle avait 14 ans à ce moment-là. J’avais aussi eu la chance de rencontrer sa famille, explique Routliffe. Je voyais qu’elle était déjà talentueuse et qu’elle travaillait très fort. Elle avait beaucoup de potentiel.»
Elles se complètent
Les deux joueuses ont gardé contact par la suite. Puis, avant le dernier tournoi des Internationaux des États-Unis, Routliffe a lancé une invitation à la Québécoise pour l’épreuve de double.
«On a réussi à faire un bout de chemin [défaite au troisième tour] et on a eu du plaisir à jouer ensemble. Nous sommes deux joueuses différentes sur le court et on se complète super bien.
«Ma force est d’être au filet alors que Leylah est d’une constance incroyable sur la ligne du fond. Elle est très précise.»
Les deux filles, qui se sont inclinées au premier tour aux Internationaux d’Australie, ont des personnalités distinctes.
«Je joue mon meilleur tennis lorsque j’ai le sourire sur le terrain. J’ai du plaisir. Je tente de garder une ambiance détendue, alors que Leylah est plus concentrée et intense. La clé entre nous, c’est vraiment la communication, qui est excellente.»
À la recherche de stabilité
Pour le moment, Routliffe change de partenaire de jeu presque à tous les événements. Ce n’est pas idéal.
«J’aimerais trouver un peu de stabilité de ce côté. J’aimerais avoir un engagement de quelques mois ou d’une saison complète avec la même personne. Pour le moment, ce n’est pas le cas et je m’adapte.
«Ça fait partie de ma réalité.»