Entrevue pour «Trollée»: «Non, le “gore” ne m’a pas manqué» - Chris Landon

Isabelle Hontebeyrie
Chris Landon, le fils de Michael Landon (oui, La petite maison dans la prairie), se spécialise dans l’horreur et est bien connu pour Bonne fête encore, notamment. Mais cette fois-ci, avec Trollée, il s’essaye avec bonheur au suspense.
«Non, pas du tout! Le gore et le sang qui gicle partout ne m’ont pas manqué», nous répond-il en riant aux éclats lorsqu’on lui demande s’il n’a pas regretté de faire, avec Trollée, un long métrage plus grand public que d’habitude.

Car Christopher Landon a commencé sa carrière comme scénariste (Paranoïak, c’est lui) avant de bifurquer vers le slasher, des films d’horreur particulièrement sanglants. Mais Trollée offre des frissons d’un autre genre. Le tout débute lorsque Violet (Meghann Fahy) et Henry (Brandon Sklenar) se rencontrent un soir pour un repas dans un magnifique restaurant. Mais cette mère monoparentale se met à recevoir des messages inquiétants sur son téléphone, des air drops (le titre du film en version originale est Drop), envoyés par quelqu’un d’anonyme.
La teneur et la fréquence des messages escaladent tandis que Violet et Henry commencent leur repas et apprennent à se connaître. La personne ne tarde pas à la menacer de s’en prendre à son fils avant de lui demander de voler une carte numérique à Henry... puis de le tuer.
«J’ai accepté de réaliser le film dès que j’ai lu le premier scénario. J’ai trouvé que le concept était amusant et très clair. J’ai aussi eu l’impression d’avoir entre les mains un classique hitchcockien, un genre de films qu’on ne fait pas assez souvent en ce moment à Hollywood», explique-t-il.

Avant de faire tourner ses caméras, il visualise certaines scènes en collaborant au scénario. «J’ai beaucoup d’images en tête quand je lis les dialogues et je m’assure de les incorporer à l’écriture. Nous travaillons avec tellement de départements qui vont avoir besoin de matériel très spécifique pour tourner ces scènes», détaille le cinéaste, citant en exemple les plans en plongée ou l’immense plateau du restaurant, construit en hauteur.
«Avec mon directeur de la photographie, Marc Spicer, nous avons passé énormément de temps à planifier les scènes compliquées, même si nous n’avons pas fait de story-board. En fait, nous faisons des dessins qui montrent la position des caméras et des acteurs, et je donne cette information à toute l’équipe afin que tout le monde soit au courant de ce que nous allons faire.»
À 50 ans, Chris Landon fait carrière depuis 27 ans et le regard qu’il porte sur le cinéma d’aujourd’hui est sans équivoque. «Nous traversons encore une période difficile en raison de la réactivité d’Hollywood pendant la pandémie ainsi que les questionnements autour de la durée des films en salle en conjonction avec les plateformes numériques. Je crois qu’on parle beaucoup, en ce moment, de laisser plus longtemps les films à l’affiche avant de les proposer sur les plateformes et je suis totalement en faveur de cette mesure.»
Mais, selon le cinéaste, ce n’est pas le seul problème. «Je crois également que les cinémas doivent baisser leurs prix. Le billet, pour le cinéphile moyen, est trop cher... il est au même prix qu’un mois d’abonnement à une plateforme! Sans oublier qu’il faut que les cinémas investissent, rénovent leurs salles et les nettoient.» Un cri du cœur qui plaira à tous les cinéphiles.
Trollée s’amuse avec les nerfs du public dès le 11 avril.