Enseignant tué en France: Macron dénonce «la barbarie du terrorisme islamiste»
Agence France Presse
Un homme armé d'un couteau et criant «Allah Akbar», fiché pour radicalisme et sous surveillance du renseignement français, a tué un enseignant et blessé grièvement deux personnes dans un collège-lycée à Arras, dans le Nord de la France vendredi matin.
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Le président français Emmanuel Macron, s'exprimant dans la cour de l'établissement où l'attaque a eu lieu, a appelé les Français à rester «unis» et à «faire bloc» face à «la barbarie du terrorisme islamiste».
L'assaillant, interpellé par la police, Mohammed Mogouchkov, âgé d'une vingtaine d'années originaire du Caucase russe, selon des sources policières. Selon l'une d'elles, il est de nationalité russe, arrivé en France en 2008.
L'individu, fiché pour sa dangerosité potentielle pour la sûreté de l'État, était sous la surveillance des services de renseignements français (DGSI) et avait été contrôlé jeudi, a indiqué à l'AFP une source du renseignement.
L'homme «était sous écoute et faisait l'objet de surveillances physiques», «depuis cet été», a précisé la même source, ajoutant que «ses conversations téléphoniques n'avaient pas mis en évidence, ces derniers jours, d'éléments permettant d'annoncer un passage à l'acte».
L'un de ses frères avait «été interpellé à l'été 2019 par la DGSI dans le cadre d'un projet d'attentat déjoué puis de faits d'apologie et est écroué», selon cette source.
L'enseignant tué a reçu un coup de couteau à la gorge ainsi que dans le thorax, toujours selon la police.
Parmi les deux blessés figurent un agent de sécurité qui a été atteint de plusieurs coups de couteau, et un enseignant. Selon une source proche du dossier, l'agent de sécurité est «très gravement blessé, entre la vie et la mort».
Aucun lycéen n'a été blessé.
Emmanuel Macron, qui s'est recueilli devant le corps de l'enseignant tué, a précisé qu'il s'était interposé et «a sans doute sauvé lui-même beaucoup de vies».
Il a, en outre, indiqué qu'une autre «tentative d'attentat», «dans une autre région», avait été déjouée grâce à une intervention des forces de l'ordre.
Cette attaque survient trois ans presque jour pour jour après l'assassinat de Samuel Paty, un enseignant de 47 ans décapité le 16 octobre 2020 près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine, en région parisienne, une dizaine de jours après avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet lors de cours sur la liberté d'expression. A l'époque, l'assaillant de 18 ans, un réfugié russe d'origine tchétchène, avait été tué par la police.
Le parquet national antiterroriste a annoncé vendredi avoir ouvert une enquête.
Le frère de Mohammed Mogouchkov, âgé de 17 ans, a été arrêté à proximité d'un autre établissement, sans être en possession d'une arme. Plusieurs membres de la famille ont été interpellés pour les besoins de l'enquête.
«On s'est barricadés»
Un large périmètre de sécurité a été mis en place autour de l'établissement, où les élèves et le personnel ont été confinés.
Un enseignant de philosophie ayant assisté à l'attaque a décrit un mouvement de panique au moment de l'intercours, quand les élèves du collège se sont retrouvés face à un homme armé.
«Il a agressé un personnel de la cantine, j'ai voulu descendre pour intervenir, il s'est tourné vers moi, m'a poursuivi et m'a demandé si j'étais professeur d'histoire-géographie», a-t-il ajouté.
«On s'est barricadés, puis la police est arrivée et l'a immobilisé».
Selon lui, la victime est un professeur de français du collège, une information confirmée à l'AFP par la secrétaire générale du Snes-FSU, un syndicat d'enseignants.
Deux autres syndicats ont affirmé à l'AFP que l'assaillant était «un ancien élève».
Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montraient un jeune homme, pantalon noir et veste grise, se battre avec plusieurs adultes dans la cour de l'établissement, visiblement avec une arme à la main, avant de se diriger vers la porte d'entrée.
Effroi des enseignants
«Effroi», «déflagration», «épouvantable»: des enseignants français contactés par l'AFP se sont dits «sous le choc».
«L’école est une fois de plus une cible, car elle incarne les valeurs de la République, liberté égalité, fraternité», a ainsi témoigné Agnès Andersen, secrétaire générale d'un syndicat de chefs d'établissements.
Le gouvernement a demandé de renforcer immédiatement la sécurité de tous les établissements scolaires.
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Ce nouvel épisode violent survient alors que la guerre fait rage en Israël, faisant craindre à l'exécutif une importation du conflit en France.
Le 7 octobre, des massacres d'une cruauté glaçante perpétrés par le Hamas en Israël ont fait plus de 1 200 victimes côté israélien, tandis que 150 otages ont été emmenés à Gaza. Les bombardements israéliens lancés en risposte sur l'enclave palestinienne de Gaza ont fait plus de 1 500 morts.
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