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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

L’enquête du 6 janvier, une course contre la montre

Photo d’archives, AFP
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Photo portrait de Normand Lester

Normand Lester

2021-12-29T10:00:00Z
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Dès janvier, le comité de la Chambre sur l’insurrection contre le Capitole passera à la vitesse grand V. Il y a un sentiment d’urgence chez ses membres. Il doit rendre publiques ses conclusions avant l’élection mi-mandat de novembre 2022. Après quoi, les républicains, s’ils sont majoritaires comme c’est probable, vont mettre fin à l’enquête.

Le comité a déjà interrogé plus de 300 témoins et scruté plus de 35 000 pages de documents. Ses audiences publiques vont débuter cet hiver et s’étendre jusqu’au printemps, suivies d’un rapport intermédiaire en été et d’un rapport final, juste avant les élections de novembre.

Lors de ses audiences, le comité espère faire une présentation dramatique des manœuvres en coulisses de Trump et de ses alliés impliqués dans l’insurrection et dans la tentative de renverser les résultats des élections.

Le comité osera-t-il mettre Trump en accusation ?

Dans une escalade significative de l’enquête, la républicaine Liz Cheney, vice-présidente du comité, a indiqué qu’il pourrait demander au ministère de la Justice (DOJ) de poursuivre Trump. Sa déclaration a été interprétée comme une invitation au procureur général Merrick Garland à être plus agressif envers l’ancien président qu’il ne l’a été jusqu’à présent.

Il faut dire que le DOJ a tendance à protéger le pouvoir exécutif, républicain comme démocrate. En 2014, un comité sénatorial a conclu que le recours à la torture par la CIA était illégal et que l’agence avait tenté de dissimuler ses crimes au Congrès. Malgré ces conclusions, personne n’a jamais été poursuivi.

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Le comité veut découvrir pourquoi le gouvernement fédéral a échoué si catastrophiquement à prévoir et à réagir à la violence : quelles défaillances institutionnelles de la police du Capitole, du FBI et du Pentagone ont permis l’attaque ?

Les membres du comité estiment qu’il faudrait également revoir les lois qui confèrent à un président des pouvoirs d’urgence, pour qu’on ne puisse en abuser si une future élection est contestée. Ils vont même tenter de comprendre comment Trump a pu convaincre un si grand nombre de ses partisans que l’élection a été volée. Et ce qui peut être fait sur le plan législatif et administratif pour empêcher que des résultats électoraux valides ne soient annulés à l’avenir.

Des révélations, sans doute. Mais des réformes, improbables

Le 9 décembre, une cour d’appel a statué contre Trump qui voulait empêcher les Archives nationales de transmettre au comité ses documents du 6 janvier. Il fera certainement appel devant la Cour suprême. Il semble presque certain qu’il va perdre. Mais il gagne du temps.

Une chose est indubitable : rien de ce que le comité du 6 janvier pourrait révéler ne retournera le Parti républicain contre son gourou. Les dirigeants républicains ont d’abord fustigé Trump pour son rôle dans les violences, avant de réviser leur version des événements pour s’aligner lâchement sur sa défense des insurgés.

Qu’arrivera-t-il des recommandations du comité ? Vu la division irrémédiable du pays, pas grand-chose. Particulièrement si le Parti républicain remporte la victoire en 2022.

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