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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

Il retrouve enfin sa conjointe ukrainienne au Québec, loin de la guerre

Un citoyen de Québec retrouve sa conjointe ukrainienne, qui a fait un périple d'un mois pour fuir la guerre

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Pierre-Paul Biron | Le Journal de Québec

2022-03-30T22:18:45Z
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Plus d’un mois après le début des bombardements en Ukraine, Éric Mainguy et sa femme sont enfin réunis. Katerina, sa fille Satya et sa mère Natalia sont finalement arrivées au Québec tard mardi soir, heureuses de troquer la peur pour l’espoir d’une vie nouvelle.

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Le Journal avait raconté l’histoire de M. Mainguy et de sa conjointe quelques jours après le début de la guerre en Ukraine, à la fin février. Ils s'étaient mariés en janvier dernier, à peu près un an et demi après s’être rencontrés en ligne, et se sont enfin retrouvés.

Photo Stevens Leblanc
Photo Stevens Leblanc

«Je ne pouvais pas croire que c’était enfin terminé», a confié Katerina, rencontrée par Le Journal mercredi dans la maison des parents de son conjoint, où toute la famille est installée.

«On a réalisé dans l’auto qu’on n’avait même pas pleuré en se voyant. On est tellement encore sur l’adrénaline, tout ça est allé tellement vite. Et comme on se parlait tous les jours, c’est comme si on n’avait pas été séparés, malgré la distance», ajoute son conjoint, qui a malgré tout été ému en voyant la petite Satya, 10 ans, courir vers lui à l’aéroport.

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«J’étais tellement soulagé. Je les aime tellement.»

Photo Stevens Leblanc
Photo Stevens Leblanc

La peur au ventre

Katerina, Satya et Natalia ont fui la ville de Chornomorsk, près d’Odessa, le 25 février, quand les bombardements commençaient à se rapprocher dangereusement. Pour elles, cette guerre est toujours invraisemblable.

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«On ne croyait pas que ça irait si loin. Au début, ce n’était que du bla-bla, que des paroles en l’air. [...] Mais le premier matin où j’ai été réveillée par une bombe, par le son et les murs qui tremblent, je ne savais pas comment réagir», raconte avec courage Katerina.

Photo Stevens Leblanc
Photo Stevens Leblanc

«Tu le ressens jusqu’au fond de ton ventre. J’avais tellement peur», laisse tomber la femme de 36 ans.

Après avoir fui, Katerina, sa mère et sa fille ont gagné la Moldavie, puis la Roumanie quelques jours plus tard. Les trois Ukrainiennes ont trouvé refuge chez une famille roumaine, des anges tombés du ciel.

«Nous sommes devenus des amis. Je ne croyais pas que les gens pouvaient autant vouloir aider les autres. Ils ont tout fait pour nous faire sentir chez nous», se rappelle avec émotion Katerina.

Tout quitter

Après avoir été hébergé chez la famille Florin pendant le long mois où s’organisait leur arrivée au pays, le trio a mis le cap sur Québec lundi dernier, pour arriver tard mardi soir.

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Maintenant en sécurité, la famille espère pouvoir retrouver un peu de paix dans cette nouvelle vie, ce qui n’est pas facile quand on a tout laissé derrière.

«Je parle chaque jour avec la famille et les amis restés là-bas. Je me sens coupable, parfois, d’avoir pu quitter, d’être finalement ici en sécurité, mais Éric me rappelle chaque fois de ne pas m’en vouloir», témoigne Katerina, qui a notamment vu sa sœur choisir de rester en Ukraine avec son mari qui ne pouvait quitter le pays.

«Nous, on ne peut rien espérer de plus que ce qu’on a là. On est ensemble et on est heureux», ajoute Éric Mainguy, parlant de sa rencontre avec Katerina comme de celle de deux «âmes sœurs».

«C’était notre projet, de se retrouver, mais disons que les circonstances ont tout accéléré. Ça a tellement été vite, tout est nouveau pour elles, on va passer les prochains mois à les acclimater à la vie ici», affirme M. Mainguy, convaincu que le meilleur est à venir.

Le périple de Katerina, Satya et Natalia  

24 février – Le début du cauchemar

Katerina se réveille au son des bombes pour la première fois. «C’est un sentiment, une peur, que je vais me rappeler toute ma vie.»

25 février – La fuite

Avec chacune une petite valise et après 6 heures de route dans un taxi en provenance de Chornomorsk, Katerina, Satya et Natalia atteignent la ville moldave de Chișinău, 200 kilomètres plus à l’est. N’ayant nulle part où loger, le trio poursuivra sa route vers la Roumanie dans les jours suivants.

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28 février – La générosité

Katerina (debout), sa fille Satya (assise, portant un chandail blanc) et sa mère Natalia (chandail rouge) chez la famille de Cordis Florin (à l'avant-plan, avec les lunettes), un Roumain qui a accepté de les héberger durant un mois comme elles fuyaient l'Ukraine.
Katerina (debout), sa fille Satya (assise, portant un chandail blanc) et sa mère Natalia (chandail rouge) chez la famille de Cordis Florin (à l'avant-plan, avec les lunettes), un Roumain qui a accepté de les héberger durant un mois comme elles fuyaient l'Ukraine. Photo courtoisie, Éric Mainguy

Un contact rencontré dans l’autobus vers la Roumanie confirme à Katerina qu’une famille de bons samaritains les attendra à Bucarest. «Il leur a donné un toutou orange en leur disant que la famille les reconnaîtrait à l’arrivée», raconte Éric Mainguy. Le long voyage de 15 heures les mène à la rencontre de Cordis Florin, désormais un membre de la famille. «Il ne les connaissait pas, il n’était pas obligé de faire ça. [...] Ils ont relocalisé au-dessus de 100 familles», raconte M. Mainguy.

28 mars – Le grand départ

Katerina, sa fille Satya et sa mère Natalia, dans l'avion au moment de quitter Bucarest en direction d'Amsterdam, puis de Toronto et finalement de Québec.
Katerina, sa fille Satya et sa mère Natalia, dans l'avion au moment de quitter Bucarest en direction d'Amsterdam, puis de Toronto et finalement de Québec. Photo courtoisie, Éric Mainguy

Après un mois aux bons soins des Florin, Katerina, Satya et Natalia quittent Bucarest en avion, en direction de Toronto, avec une escale initiale à Amsterdam. L’arrivée à Québec est prévue pour lundi soir, 23h55.

29 mars – Le nouveau chapitre

Des difficultés à l’aéroport de Toronto prolongent d’une autre journée le long périple de la famille. Éric Mainguy et sa conjointe ont finalement pu se retrouver tard mardi soir à l’aéroport de Québec, ce qui marquait le début d’un nouveau chapitre pour eux.

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