Endettement: la pression monte sur les jeunes
Daniel Germain
Comment a évolué notre santé financière durant la première phase de la pandémie, en 2020 ? Et comment ça se dessine maintenant ?
Jeudi, le Mouvement Desjardins a publié un rapport portant sur l’endettement des Québécois en 2020.
Selon cette étude, presque toutes les tranches d’âges en sont ressorties plus endettées, particulièrement les jeunes. Est-ce la faute de la pandémie de COVID-19 ? Indirectement.
L’immobilier flambe
Comme on l’a souligné maintes fois, la tendance à l’endettement s’explique depuis des années par l’augmentation des prix dans l’immobilier. Depuis le début de la pandémie, c’est la folie.
D’abord, les taux d’intérêt ont été réduits pour soutenir l’économie, ce qui a fait grimper la capacité d’emprunt des acheteurs. En parallèle, le confinement et le télétravail ont alimenté la demande pour les maisons de type unifamilial, dont l’offre s’est resserrée.
Ces deux facteurs combinés ont fait exploser les prix. Un troisième carburant s’est ajouté plus récemment : l’inflation. La hausse des prix à la consommation a accru la pression sur les banques centrales pour hausser les taux d’intérêt, ce qui amène des ménages à devancer leur projet d’achat pour profiter des bas taux d’intérêt, avant qu’ils remontent.
L’endettement des jeunes
Mais je dépasse le cadre de l’étude, dont le portrait se concentre sur 2020.
Qu’en est-il ? Les moins de 30 ans, les premiers acheteurs, traînent évidemment les dettes hypothécaires les plus lourdes. Avec la flambée de l’immobilier, c’est plus vrai que jamais.
Le poids de l’hypothèque s’est accru sur un peu tout le monde en 2020, les acheteurs expérimentés (40 ans et plus) ont dû s’endetter pour déménager vers des maisons plus grandes ou acquérir un chalet.
Plusieurs bonnes nouvelles
N’empêche, le ratio du service de la dette, c’est-à-dire les paiements mensuels (capital et intérêts) par rapport aux revenus des ménages, a quant à lui chuté en 2020.
Miracle ? Non, ça s’explique par des taux d’intérêt au plancher.
Pendant ce temps-là, les Québécois ont réduit leurs dettes à la consommation, notamment les plus âgés, qui disposent d’une plus grosse capacité de crédit en raison de leurs revenus plus élevés. L’aide financière du gouvernement fédéral, la fermeture d’une très large partie des secteurs de la restauration, de la culture et du tourisme ne sont pas étrangères à cette embellie.
Ces facteurs expliquent aussi le taux d’épargne record des Québécois en 2020, qui a atteint près de 20 % alors qu’il oscille habituellement autour de 5 %. Autre point positif : la valeur des actifs financiers et immobiliers détenus par les Québécois a grimpé.
Chez les jeunes de moins de 30 ans, la croissance des actifs financiers (des titres boursiers) a été deux fois plus élevée que celle des dettes, à 25 %, pour atteindre une moyenne de 40 000 $.
La prudence est de mise
Les données du rapport sont loin d’être déprimantes malgré son titre mi-obscur interminable : L’augmentation des dettes des Québécois au début de la pandémie a touché davantage certains emprunteurs.
Hélène Bégin, économiste principale chez Desjardins qui a participé à la rédaction, invite le lecteur à la prudence.
Vu la hausse de l’immobilier qui s’est poursuivie, l’endettement hypothécaire a certainement augmenté en 2021.
Les marchés boursiers ont aussi poursuivi leur ascension, mais les Bourses ne sont pas à l’abri d’une correction. Bien qu’encore élevé, le taux d’épargne a fondu l’année dernière par rapport à 2020.
Et il y a cette pandémie qui ne cesse de nous surprendre, tandis qu’on doit se préparer à des hausses d’intérêt Devant, qu’y a-t-il ?
« Beaucoup d’incertitude », constate Hélène Bégin, dont le travail se complique. Le portrait pourrait se détériorer, selon elle.
En somme, le temps que le brouillard se dissipe, ne vous énervez pas trop.
Et c’est compliqué de toute façon.