Encore plus de délestage à prévoir en Mauricie et au Centre-du-Québec?
Amélie Simard-Blouin | TVA Nouvelles
Les autorités sanitaires en Mauricie-Centre-du-Québec font tout en leur pouvoir pour maintenir le niveau 3 d’alerte dans leurs installations et maintenir le délestage à 50%, au moment où les hospitalisations se sont chiffrées à 141 dans la région.
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Près de 1 300 employés sont présentement absents dans les hôpitaux de la région. Le moral est bas sur les planchers, a confié à TVA Nouvelles la présidente du Syndicat du personnel paratechnique des services auxiliaires et de métier (SPPSAM) du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS-MCQ) affilié à la CSN, Marie-Josée Hamelin.
C’est sans compter le personnel qui n’est pas non plus au travail en raison d’un congé maladie, par exemple.
Les travailleurs de la santé doivent constamment s’ajuster aux changements, comme plusieurs qui ont perdu leurs semaines de vacances ou qui doivent maintenant travailler à temps complet au lieu d’à temps partiel.
Les ressources humaines se font plus maigres, mais le mot qui est sur toutes les lèvres depuis le début de la semaine, c'est délestage.
La région est l’une des plus touchées par les hospitalisations dans la province, ce qui n’est pas prometteur pour les semaines à venir.
«Sûrement qu’on va nous annoncer prochainement qu’on va tomber dans le [niveau] 4. Nous sommes la troisième région où ce que le pire scénario qui pouvait arriver est arrivé. On a plus de cas que de possibilités d’avoir des lits d’hospitalisation», a déploré Mme Hamelin.
Le ministère de la Santé et des Services sociaux a accordé le feu vert à trois régions, dont la Mauricie-Centre-du-Québec, pour passer au niveau 4 d’alerte en ce qui concerne le délestage des services.Malgré la hausse du nombre de lits occupés, qui dépasse largement la capacité des installations de santé, le CIUSSS-MCQ ne change pas de palier d’alerte.
«Le ministère nous a autorisés à basculer vers le niveau 4, si les besoins le requièrent. Nous avons pris la décision avec nos experts de maintenir le délestage au niveau 3 pour l’instant et d'ajuster notre offre de services pour concentrer les ressources humaines dans nos services prioritaires. Par exemple les urgences, les soins intensifs, les CHSLD, la protection de la jeunesse, l’oncologie et les soins et services liés à la COVID-19. En ce qui concerne les chirurgies, nous maintenons le niveau à 50 % et plus en préservant les chirurgies urgentes, semi-urgentes et oncologiques», a-t-on fait savoir par communiqué.
Si le CIUSSS-MCQ en venait à passer au niveau 4, les services d’oncologie, les chirurgies semi-urgentes et les suivis de cancer, entre autres, devraient être laissés de côté dans certains cas.La situation est inquiétante pour le président de l’Association des médecins omnipraticiens de la Mauricie, Dr Pierre Martin.
L’accès aux soins pour la population sera encore plus difficile, alors que le réseau accusait déjà des lenteurs avant l’arrivée de la pandémie, a-t-il fait remarquer.
Selon lui, le délestage à un bien plus grand niveau pourrait être nécessaire d’ici la fin du mois de janvier.
Le Dr Martin a rappelé que cette éventualité est passée très près de se produire dans les hôpitaux lors de la première vague.
«Quand tu n’en as plus de respirateurs, tu n’en as juste plus, tu ne peux pas en inventer. Techniquement, quand on regarde les chiffres de l’INESSS, sur les projections et les besoins en soins intensifs au cours des prochaines semaines, ça reste une réalité qui est présente, que l’on redoute. Il n’y a probablement rien de pire pour un professionnel de la santé que d’en arriver à devoir annoncer à un patient, si on avait un respirateur, on aurait peut-être une chance, mais là on n’en a pas et vous ne cadrez pas dans les critères qui vous donneraient accès à un respirateur, compte tenu du fait qu’il nous en reste, exemple, juste deux et que vous êtes cinq à en avoir besoin», a dépeint comme triste portrait le Dr Martin.
Des ratés concernant l’équipement de protection
Pendant que tout se met en place pour que le CHSLD Cooke de Trois-Rivières devienne une zone chaude pouvant accueillir dix résidents infectés par la COVID-19, beaucoup de cas sont présentement rapportés dans le centre d’hébergement.
C’est ce qu’a confirmé la présidente du syndicat de la Fédération interprofessionnelle de la santé de la Mauricie-Centre-du-Québec, Nathalie Perron.
Elle a aussi été mise au courant que du matériel de protection, comme les jaquettes et les uniformes, a manqué au CHSLD.
Une rencontre entre les représentants syndicaux et le président-directeur général du CIUSSS-MCQ, Carol Fillion, a permis d’adresser la problématique. Selon Mme Hamelin, il s’agirait d’un problème de coordination, qualifié «d’impardonnable».
Elle a tenu à préciser que le CIUSSS-MCQ n’est pas en rupture de stock, et que le matériel devait arriver très rapidement au centre d’hébergement vendredi et ne plus se reproduire.Mme Hamelin a aussi rapporté, aux termes de la réunion, qu’il a été déterminé que le «pic» des hospitalisations devrait être atteint dans 10 à 14 jours dans la région, ou trois semaines au plus tard.
La santé publique régionale devrait alors à nouveau tenir des réunions pour discuter de l’état des centres de soins, qui pourraient cette fois-ci bel et bien passer au niveau 4 d’alerte.