Élections fédérales: le Canada plus vulnérable aux cyberattaques de la Russie à cause de Trump


Gabriel Ouimet
Donald Trump aurait récemment suspendu plusieurs opérations visant à contrer les cyberattaques et les tentatives de sabotage en provenance de la Russie. Des experts s’inquiètent des conséquences potentielles de cette décision au Canada, alors que des élections fédérales viennent d’être déclenchées.
La Russie représente l’une des menaces les plus sérieuses en matière de sécurité informatique au Canada, selon le Centre de la sécurité des télécommunications Canada (CST).
En plus des attaques visant à soutirer de l’argent et des informations confidentielles aux entreprises et aux institutions canadiennes, les cybercriminels affiliés à Moscou orchestrent la majorité des opérations visant à affaiblir notre système électoral.
C’est ce que nous apprend le CST dans sa mise à jour 2025 des principales cybermenaces contre le processus démocratique du Canada, publiée le 6 mars dernier.
«C’est une guerre d’influence. Ils s’attaquent à notre manière de vivre et d’être», résume le spécialiste en cybersécurité et ancien membre des Forces armées canadiennes, Steve Waterhouse.
Pour contrer ces attaques et assurer la sécurité de sa population, le Canada peut généralement compter sur la collaboration de ses principaux alliés, notamment les États-Unis, qui investissent beaucoup d’argent en cybersécurité, mentionne le PDG d’EVA technologie et expert en cybersécurité, Éric Parent.
Donald Trump serait cependant en train de mettre à mal l’efficacité de ces réseaux.

Les États-Unis baissent la garde
Le 3 mars dernier, plusieurs médias américains ont rapporté que le secrétaire à la Défense de Donald Trump, Pete Hegseth, aurait secrètement ordonné la suspension des cyberopérations offensives du Pentagone à l’endroit de la Russie.
Après avoir refusé de commenter la situation, le Pentagone a démenti l’information dans un message publié sur X le lendemain.

D’autres signes laissent toutefois entrevoir un relâchement des efforts déployés par les États-Unis pour contrer les pirates russes depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche.
En février, la secrétaire adjointe chargée de la sécurité internationale du cyberespace des États-Unis, Liesyl Franz, s’est inquiétée devant un groupe de travail des Nations-Unies des attaques informatiques perpétrées par l’Iran et la Chine contre l’Occident. Elle a cependant évité de nommer la Russie dans son intervention, contrairement à ses alliés européens.
L’Agence pour la cybersécurité et la sécurité des infrastructures des États-Unis (CISA) a pour sa part exclu la Russie de ses principaux ennemis potentiels, selon plusieurs médias américains.
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Plus de cyberattaques au Canada?
Les conséquences de ce changement de position des États-Unis vis-à-vis de Moscou pourraient se faire ressentir chez nous, alors que des élections fédérales se tiendront le 28 avril prochain.
«Ça pourrait faire augmenter de beaucoup le risque de cybercrime dans l’environnement immédiat des Canadiens. On sait qu’il y a davantage d’attaques en période électorale. On pourrait donc s’attendre à ce que des campagnes de désinformation s’accentuent au fur et à mesure que le processus électoral avance», explique Steve Waterhouse.
En 2023 et 2024, plus du quart des élections (27%) qui se sont tenues dans le monde ont en effet été la cible d’attaques orchestrées à l'aide de l'intelligence artificielle qui visaient à miner la confiance du public envers le processus électoral et les résultats.
Le CST estime que près de 20% de ces attaques provenaient de Russie.
Hypertrucages audio et vidéo, textes journalistiques bidons, courriels malicieux, appels frauduleux et autres: les stratégies utilisées par les cybercriminels pour tenter d'influencer les électeurs sont nombreuses et difficiles à détecter, précise M. Waterhouse.
«Il faut que la population soit au courant de ce qui se passe et que les gens soient vigilants, qu’ils posent des questions, parce qu’on ne peut plus se fier à rien», avertit-il.