«Autant j’ai réussi dans ma carrière, autant j’ai été lamentable dans ma vie familiale»
![Photo portrait de Rodger Brulotte](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2F9d5c6ee7_d50b_4a79_ac42_b1c2e647b6db_AUTHOR_PHOTO_WEB2be03acb-8b21-49e5-9b07-73246b512f58_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
Rodger Brulotte
Né le 26 octobre 1938 à Montréal, Claude Poirier est un négociateur hors pair ainsi qu’un chroniqueur judiciaire québécois. Il a décrit les courses de vélos de sept jours au Centre Paul-Sauvé comme lui seul pouvait le faire. Il nommait les coureurs, mais pas nécessairement les bons noms. Il a aussi fait des reportages de matchs du Canadien entre les périodes.
Claude nous permet de revivre sa jeunesse.
Tu es natif de Montréal
Mon père, Léo, ma mère, Mariette Leblanc, ma sœur Claudette et moi demeurions au 4864 rue Parthenais, près de Saint-Joseph. Un de nos amis d’enfance était pour devenir le premier ministre du Québec, Robert Bourassa.
As-tu joué au baseball avec monsieur Bourassa ?
Robert Bourassa et moi fréquentions l’école primaire Saint-Pierre Clavier. Robert aimait lire pendant que mes amis et moi jouions au baseball et au hockey, dans la rue ou dans la cour d’école.
Cependant, tu allais voir les Royaux avec monsieur Bourassa.
Robert était un passionné du baseball. Souvent, nous nous rendions à pied afin de voir évoluer les Royaux de Montréal au Stade Delormier.
Tu n’as jamais été un partisan du Canadien.
Je portais le chandail numéro 9 de Gordie Howe avec les Red Wings de Detroit. J’en ai mangé des coups bâtons aux jambes et cela me faisait mal en maudit, car je ne portais pas de jambières.
Ton voisin est un futur leader du crime organisé.
Mon voisin était Frank Cotroni qui est devenu quelques années plus tard le Capo de la mafia montréalaise.
Le rôle de tes parents.
Mon père qui était un représentant en électroménager qui n’a jamais accepté que je devienne reporteur. Tandis que ma mère me donnait de l’argent sans que mon père le sache, car à mes débuts, je travaillais bénévolement à CJMS.
Ta première voiture.
J’ai eu deux premières voitures. Pour mon usage personnel, c’était une Ford Meteor décapotable blanche. Tandis que comme reporteur, j’avais une Corvair usagée sur laquelle j’avais payé pour que mon véhicule soit lettré avec CJMS.
Alliez-vous en vacances en famille ?
Mon père avait un chalet au bord de la Rivières-des-Praires près du boulevard Gouin. À l’occasion nous allions à New York et c’est à cet endroit que ma passion pour mon travail s’est amorcée.
Pourquoi New York a influencé ta carrière ?
Je suis allé voir le film dont le titre en français était : « Appelez Northside 777 » mettant en vedette James Stewart, un journaliste à recherche de la vérité d’un meurtre qui a été commis. Ce film a été ma source d’inspiration.
Tu as été un patient à l’Hôpital Saint-Mary’s à New York.
Il faisait très chaud et j’étais déshydraté. Je me suis retrouvé à l’hôpital, car j’ai fait une crise d’épilepsie.
Tes premiers emplois.
J’ai travaillé dans le secteur d’électroménager dont un de mes collègues, Jean Neveu, est devenu un conseiller principal à monsieur Pierre Péladeau chez Québecor. Ensuite, imaginez-vous, moi qui vous accueillais comme pompiste au garage Texaco et réparais vos crevaisons.
Explique-moi ton lien avec Jean-Pierre Coallier, Mario Verdon et Roger Baulu.
Rassure-toi mon cher Rodger, ce n’était pas à cause de ma maîtrise de la langue française. Jean-Pierre et moi allions à l’école secondaire Louis-Hébert.
Un instant, est-ce qu’il y avait seulement une école secondaire à Rosemont, car c’est toujours l’école Louis-Hébert.
Premièrement, toi tu as tes fameux Loisirs Saint-Eusèbe et nous les gars de Rosemont ont fréquentaient l’école Louis-Hébert. Ensuite, je suis allé au Collège des Eudistes sur le boulevard Rosemont. Je viens de te surprendre encore une fois.
Revenons à Jean-Pierre, Mario et Roger.
Jean-Pierre Coallier m’a aidé beaucoup dans ma carrière, car il m’a donné ma première chance à Télé-Métropole lors de son émission du matin. J’ai fait des reportages dans le cadre des émissions à la radio de Mario Verdon et Roger Baulu.
Tu allais voir le Canadien avec ton père au Forum.
Mon père avait un billet de saison au Forum, 3B9. Je m’assoyais sur son siège pendant que lui s’était acheté un billet debout pour parier surtout sur les performances de son idole, Maurice Richard.
Tu as fait pleurer ton père.
Pleurer de joie. Avant que le Rocket entre au Forum pour disputer un match, je lui ai présenté mon père qui en tremblant et pleurait tellement qu’il était heureux de rencontrer son idole.
Décris-moi ta vie familiale.
Lamentable. Je n’ai jamais pris le temps de passer de beaux moments avec ma fille qui pourtant, que j’aime beaucoup. Mes priorités n’étaient pas nécessairement dans le bon ordre.
Tu veux nous démontrer ton insouciance.
Oui, et tellement irresponsable de ma part. Je dois subir une chirurgie de cinq pontages qui est retardée de quelques heures. Je quitte ma chambre rapidement pour me rendre sur le trottoir de l’Institut de Cardiologie à Montréal pour fumer des cigarettes sans filtre.
Tu as demandé aux chirurgiens s’ils étaient des partisans du Canadien.
J’ai pénétré dans la salle d’opératoire en déclarant aux médecins : « Moi je suis un partisan inconditionnel des Bruins de Boston, alors n’oubliez pas que si vous êtes des partisans du Canadien vous avez mon cœur et ma vie dans vos mains ». Rodger, on a assez discuté. 10-4 !