Parce que l’étude de la diversité et de l’inclusion est indispensable en éducation: un collectif de signataires réplique à Joseph Facal

L’université est et demeure un lieu d’analyse critique et de production de savoirs rigoureux, non un terrain de jeu pour fantasmes idéologiques sur un hypothétique «wokisme». Réduire l’étude des dynamiques sociales complexes à de simples slogans militants, comme le font certains chroniqueurs, relève de la malhonnêteté intellectuelle et ne peut qu’induire la population en erreur. Cette rhétorique caricaturale, au moyen de laquelle on dénonce une supposée dérive idéologique des universités, trahit surtout une profonde incompréhension de ce qu’est le travail scientifique.

Contrairement à ce que prétendent certains polémistes, comme le fait M. Facal dans sa chronique du 18 mars dernier, l’étude des enjeux de diversité et d’inclusion repose sur des bases méthodologiques solides. La sociologie de l’éducation, la psychologie du développement et les sciences de l’apprentissage s’appuient sur des décennies de recherches empiriques montrant l’impact des inégalités structurelles sur la réussite scolaire. Loin d’être un «salmigondis idéologique», ces analyses permettent de comprendre pourquoi certains groupes d’élèves, en raison de leur origine, de leur genre ou de leur statut socioéconomique, rencontrent des obstacles spécifiques. Elles permettent également d’évaluer et d’améliorer des solutions éducatives concrètes et même de remettre en cause certaines applications plus contestables.

(NOTRE CHRONIQUEUR JOSEPH FACAL RÉPOND À CE COLLECTIF DE SIGNATAIRES. LISEZ SA RÉPONSE EN CLIQUANT ICI .)

Le travail de recherche qui se réalise quotidiennement en sciences de l’éducation, tout comme l’accompagnement offert par les différents centres de soutien à l’innovation en pédagogie des universités québécoises, peut être enrichi par cette analyse. En ce sens, outre le fait que certains chroniqueurs ne semblent pas faire la différence entre la formation à l’enseignement et le soutien à la pédagogie universitaire, on devrait surtout s’étonner de leur volonté d’évacuer ces réflexions appuyées par des dizaines d’années de travaux scientifiques sans autre justification qu’ils les jugent «comiques».

Les salles de classe, tout comme la société dans laquelle elles se situent, sont traversées par des dynamiques sociales, des enjeux identitaires et des réalités économiques. Ces dynamiques ont nécessairement un impact direct, non seulement sur l’apprentissage et l’expérience scolaires des enfants, mais plus encore sur leur exploration collective de ce que signifie vivre en société.

Refuser de préparer le personnel enseignant à cette réalité serait irresponsable et contreviendrait de façon évidente à la fonction démocratique de l’école et de l’université. Cela ne pourrait que le condamner à improviser face aux situations de discrimination, de marginalisation ou d’incompréhension culturelle qu’ils rencontreront inévitablement. Il ne s’agit donc pas d’un caprice universitaire ou d’une volonté de politiser la science, mais bien davantage de la nécessité scientifique et pédagogique de reconnaître que les dynamiques sociales sont nécessairement politiques. L’expertise en enseignement doit permettre d’y naviguer de façon éthique pour le bien des élèves, de tous les élèves et, plus largement, de la collectivité. Reconnaître les biais inconscients, comprendre les effets de la discrimination systémique et adapter son approche en fonction des besoins diversifiés de ses élèves ne peut que rendre un enseignement meilleur.

Une stratégie politique de décrédibilisation des milieux universitaires

Le discours dénonçant la «politisation» de l’université ne repose sur aucune démonstration sérieuse. En réalité, il sert des intérêts bien précis: affaiblir la légitimité des milieux de recherche et d’enseignement supérieur qui constituent un contre-pouvoir intellectuel face aux récits dominants. La recette est bien connue: décrédibiliser les milieux de l’enseignement supérieur, qui par ailleurs ne doivent pas être à l’abri d’éventuelles critiques sérieuses, et reproduire à l’excès l’image étriquée des chercheuses et chercheurs jouissant d’une permanence d’emploi et de salaires mirobolants afin d’éviter que leurs discours n’aient de portée. En attaquant la pertinence de ces études et initiatives de formation sur la diversité et l’inclusion, on facilite le travail de ceux qui profitent d’une société où les inégalités ne sont pas remises en question.

Liste des signataires

• Charles-Antoine Bachand,
  professeur en sciences de l’éducation, UQO, Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante (CRIFPE)
• Guillaume Cyr, professeur en sciences de l’éducation, UQO
• Corina Borri-Anadon, professeure en sciences de l’éducation, UQTR
• Mylène Leroux, professeure en sciences de l’éducation, UQO, CRIFPE
• Mélanie Paré, professeure en sciences de l’éducation, codirectrice du Laboratoire international sur l’inclusion scolaire (LISIS), Université de Montréal
• Marc-André Éthier, professeur, Faculté des sciences de l’éducation, Université de Montréal, CRIFPE
• David Lefrançois, professeur en sciences de l’éducation, UQO, CRIFPE
• François Lorenzetti, professeur en sciences naturelles, UQO
• Sylvain Letscher, professeur en sciences de l’éducation, UQAR
• Claudia Verret, professeure en sciences de l’activité physique, UQAM
• Nancy Gaudreau, professeure en psychopédagogie, UL
• Vincent Boutonnet, professeur et directeur du Département des sciences de l’éducation, UQO
• Catherine Dumoulin, UQAC, LISIS et CRIRES
• Line Massé, Département de psychoéducation et de travail social, UQTR
• Nathalie Trépanier, professeure en sciences de l’éducation et directrice du Département de psychopédagogie et d’andragogie, Université de Montréal, LISIS
• Andréanne Gélinas-Proulx, professeure en sciences de l’éducation, UQO
• Sivane Hirsch, professeure en sciences de l’éducation, Université Laval
• Nadia Rousseau, professeure en sciences de l’éducation, UQTR
• Florian Meyer, professeur en sciences de l’éducation, Université de Sherbrooke.
• Rola Koubeissy, professeure en sciences de l’éducation, Université de Montréal, CRIFPE.
• Emmanuelle Larocque, professeure en travail social, UQO
• Julie Larochelle-Audet, professeure en administration de l’éducation, Université de Montréal
• Séverine Parent, professeur en sciences de l’éducation, UQAR
• Marie-Christine Rivest, professeure en sciences de l’éducation, UQO
• Olivier Bégin-Caouette, professeur en enseignement supérieur comparé, Université de Montréal
• Paul R. Carr, professeur en sciences de l’éducation, UQO
• Lise-Anne St-Vincent, professeure en sciences de l’éducation, UQTR
• Hana Zayani, doctorante en sciences de l’éducation, Université de Montréal
• Yue Huang, doctorante en sciences de l’éducation, Université de Montréal
• Maryse Potvin, sociologue professeure, Faculté d’éducation, UQAM
• Marie-Aimée Lamarche, professeure, Faculté des sciences de l’éducation, Université de Montréal
• Bianca B-Lamoureux, professeure en gestion scolaire, Département Éducation, Université TÉLUQ
• Edith Jolicoeur, professeure en fondement de l’adaptation scolaire, UQAR
• Grace Chammas, professeure, Département de travail social, Université du Québec en Outaouais. SHERPA (Institut universitaire); CRUJeF (Centre de recherche universitaire sur les jeunes et les familles).
• Emilie Doutreloux, professeure en fondements de l’éducation et titulaire de la Chaire de leadership en enseignement en EDI en éducation (CLEEDIE).
• Karyne Gamelin, professeure en leadership et gestion de l’éducation, Département de gestion de la formation et l’éducation, Université de Sherbrooke
• Carole Boulebsol, professeure, Département de travail social, Université du Québec en Outaouais (UQO)
• Jeanne-Marie Rugira, professeure, Département de psychosociologie et travail social, UQAR
• Marie-Neige Laperrière, professeure, Département de droit, Université du Québec en Outaouais (UQO)
• Isabelle Marchand, professeure, Département de travail social, Université du Québec en Outaouais (UQO)
• Vincent Cousin, professeur substitut en psychosociologie, Département de psychosociologie et travail social, Université du Québec à Rimouski (UQAR)
• Myra-Chantal Faber, chargée de cours, Département de psychosociologie et travail social, Université du Québec à Rimouski (UQAR)
• Catherine Larochelle, professeure, Département d’histoire, Université de Montréal
• Roula Hadchiti, professeure, Département des fondements et pratiques en éducation, Université Laval
• Célyne Lalande, professeure, Département de travail social, Université du Québec en Outaouais (UQO)
• Jorge Frozzini, professeur, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)
• Mélissa Bissonnette, professeure en gestion de la diversité en éducation, UQAM, CRIFPE
• Anastasie Amboulé Abath, professeure, Département des sciences de l’éducation, UQAC
• Janik Bastien Charlebois, professeure, Département de sociologie, Université du Québec à Montréal
• Marie-Jeanne Blain, professeure associée, Département d’anthropologie, Université de Montréal
• Caterina Mamprin, professeure en sciences de l’éducation, Université de Montréal, LISIS, CRIFPE
• Emmanuel Ahr, professeur en pédagogie de l’enseignement supérieur et sciences de l’apprentissage, Université du Québec à Montréal (UQAM)
• Farrah Bérubé, professeure en communication interculturelle, Département de lettres et communication sociale, Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)
• Mélissa Blais, professeure, Département des sciences sociales, Université du Québec en Outaouais (UQO)
• Charmain Levy, professeure titulaire, Département des sciences sociales, Université du Québec en Outaouais (UQO)
• Caroline Caron, professeure titulaire, Département des sciences sociales, Université du Québec en Outaouais
• Mélissa Villella, professeure en administration scolaire, UQAT
• Karine Gentelet, professeure agrégée, Département des sciences sociales, Université du Québec en Outaouais (UQO), CIERA, Obvia.
• Denyse Côté, professeure titulaire, Département de travail social,​ Université du Québec en Outaouais
• Xavier St-Pierre, doctorant en sciences de l’éducation, UQTR
• Jean-Philippe Gauthier, professeur, Département de psychosociologie et travail social, UQAR
• Marie-Josée Goulet, professeure agrégée, Université du Québec en Outaouais
• Karoline Truchon, professeure agrégée, Département des sciences sociales, Université du Québec en Outaouais (UQO)
• Patrice Potvin, professeur titulaire, Département de didactique, Université du Québec à Montréal
• Emmanuelle Khoury, professeure agrégée, École de travail social, Université de Montréal
• Josée Chénard, professeure, Département de travail social, Université du Québec en Outaouais
• Pierre Chastenay, Professeur titulaire, Département de didactique, Université du Québec à Montréal
• Pascale Bergeron, professeure en psychosociologie, Université du Québec à Rimouski.
• Rosemary Carlton, professeure agrégée, École de travail social, Université de Montréal
• Valérie Lederer, professeure agrégée, Relations industrielles, Université du Québec en Outaouais
• Leila Celis, Professeure, Département de sociologie, UQAM
• Marie-Pierre Boucher, professeure, Relations industrielles, Université du Québec en Outaouais
• Geneviève Pagé, professeure, Département de travail social, Université du Québec en Outaouais
• Gina Thésée, Professeure titulaire, Département de didactique, Université du Québec à Montréal
• Catherine Malboeuf-Hurtubise, psychologue, professeure, Département de psychologie, Université Bishop’s, CRIFPE
• Jean-Philippe Ayotte-Beaudet, professeur, Faculté d’éducation, Université de Sherbrooke
• Diane Léger, professeure, Département de psychosociologie et travail social, UQAR
• Geneviève Allaire-Duquette, professeur en sciences de l’éducation, UQO
• Annie Chiasson, candidate à la maîtrise en sciences de l’éducation, UQTR
• Geneviève Pagé, professeure titulaire, Département de science politique, UQAM
• Nancy Aumais, professeure, Département de management, UQAM
• Aurel St-Pierre, chargé de cours, Département des sciences de l’éducation, Université du Québec à Trois-Rivières
• Coline Sénac, professeure, Département Sciences Humaines, Lettres et Communication, Université TÉLUQ
• Eya Benhassine, candidate au doctorat, Faculté des sciences de l’éducation, UdeM
• Carolyne Grimard, professeure, École de travail social, UdeM
• Emmanuel Martin-Jean, personne chercheuse indépendante, HolistEd
• Jean-Pierre Perouma, chargé de cours à l’UQAR
• Myriame Martineau, professeure, Département de sociologie, UQAM
• Suzanne Guillemette, professeure, Département de gestion de l’éducation et de la formation, Université de Sherbrooke
• Dany Boulanger, professeur en sciences de l’éducation, UQO
• Julie Lane, professeure, Département d’études sur l’adaptation scolaire et sociale, Université de Sherbrooke
• Ulrich Lekomo, M. Ed, Université du Québec à Trois-Rivières
• Audrey Dahl, professeure, Département d’éducation et formation spécialisées, Université du Québec à Montréal
• Josée Charette, professeure, Département d’éducation et formation spécialisées, Université du Québec à Montréal
• Stéphanie Plante Thibodeau, candidate au doctorat en éducation, UQAR
• Isabel Côté, professeure titulaire, Département de travail social, UQO
• Joanne Lehrer, professeure, Département des sciences de l’éducation, UQO
• Nathalie St-Amour, professeure au Département de travail social, UQO
• Jonathan Durand Folco, professeur à l’École d’innovation sociale Élisabeth-Bruyère, Université Saint-Paul
• Mathieu Thibault, professeur en sciences de l’éducation, UQO, CRIFPE
• Nina Thomas, doctorante en administration et politiques de l’éducation, Université Laval
• Marie-Odile Magnan, professeure, Département d’administration et fondements de l’éducation, UdeM
• Ousmane Sy, professeur, Ddépartement des sciences de l’éducation, UQTR
• Geneviève Bergeron, Département des sciences de l’éducation, UQTR
• Carl Beaudoin, professeur en sciences de l’éducation, UQTR
• Mathieu Point, professeur, Département des sciences de l’éducation, UQTR
• Tania Carpentier, professeure, Département des sciences de l’éducation, UQTR
• Audrey Lachance, doctorante en sciences de l’éducation, UQTR
• Mathieu Barthos, doctorant en sciences de l’éducation, UQTR
• Marie-Hélène Forget, professeure, Département des sciences de l’éducation, UQTR
• Marie-Claude Gilbert, professeure, Département des sciences de l’éducation UQTR
• Katryne Ouellet, doctorante en sciences de l’éducation, UQTR
• Sophie Germain, chargée de cours, UQTR
• Priscilla Boyer, professeure titulaire, Département des sciences de l’éducation, UQTR
• Gabrielle Dubuc, doctorante en sciences de l’éducation, UQAM
• Jean-François Tessier, enseignant de philosophie au Centre collégial de Mont-Laurier, Cégep de St-Jérôme
• Paul Gaudet, chargé de cours et conseiller pédagogique, UQTR
• Andréane Audy-Trottier, chargée de cours et conseillère en développement de la recherche, UQTR
• Caroline Duranleau, doctorante et chargée de cours en sciences de l’éducation, UQTR/Université de Moncton
• Laurence Pelletier, doctorante en sciences de l’éducation, Université de Montréal
• Roxane Meilleur, professeure, Département de gestion de l’éducation et de la formation, Université de Sherbrooke
• Renaud Vimond, chargé de cours en sciences d l'éducation, UQTR
• Noémie Paquette, professeure, Département des sciences de l’éducation, UQTR
• Rachel DeRoy-Ringuette, professeure, Département des sciences de l’éducation, UQTR
• Sonia El Euch, Professeure, Département des sciences de l’éducation, UQTR
• Marie-Eve Blackburn, chargée de cours, Département des sciences infirmières, UQO
• Suzanne Richard, chargée de cours, UQTR, UQAM, UQAT, Université de Montréal et Université de Sherbrooke 
• Claudia Landry, chargée de cours en sciences de l’éducation, UQTR
• Marie-Hélène Marcoux, chargée de cours, UQTR