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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

En frappant les Houthis, Biden montre les muscles sans prendre trop de risque

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Agence France Presse

2024-01-12T20:21:54Z
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Au mieux, il répond aux accusations de faiblesse de Donald Trump. Au pire, il froisse un peu plus son aile gauche: les frappes au Yémen ne devraient pas beaucoup peser sur la campagne de Joe Biden, à moins bien sûr d'une escalade incontrôlée.

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Le président américain, qui briguera un second mandat en novembre, s'est bien gardé de donner à cette opération militaire, menée ces dernières heures avec le Royaume-Uni, plus d'écho médiatique que nécessaire.

Le démocrate de 81 ans ne s’est pas adressé de vive voix aux Américains. C'est dans un communiqué qu'il a confirmé les frappes, et précisé qu'il «n'hésiterait pas» à «ordonner d'autres mesures» si nécessaire pour répondre aux attaques menées par les rebelles Houthis contre des bateaux en mer Rouge ayant gravement perturbé le trafic maritime mondial.

Un langage un rien martial, de la part d'un Joe Biden constamment accusé par ses adversaires politiques de manquer de poigne.

Donald Trump, cette fois, a plutôt accusé son adversaire de jouer les va-t-en guerre.

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Tout indique pour l'instant que les deux hommes s'affronteront à nouveau lors de la présidentielle de novembre prochain.

«Voilà que nous bombardons tout le Moyen-Orient, ENCORE UNE FOIS!» et «maintenant nous avons des guerres en Ukraine, en Israël, et au Yémen», a énuméré l'ancien président républicain sur son réseau Truth Social.

  • Écoutez l'entrevue avec Sami Aoun, Directeur de l'observatoire du Moyen Orient et de l'Afrique du Nord à la Chaire Raoul-Dandurand au micro de Yasmine Abdelfadel via QUB :

«Trop tardé»

Proches de l'Iran, la bête noire des États-Unis, les Houthis ont multiplié ces dernières semaines les attaques de missiles et de drones dans la mer Rouge, en soutien, selon eux, aux Palestiniens de Gaza, territoire bombardé sans relâche et totalement assiégé par Israël, après l'attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre.

Garret Martin, spécialiste en relations internationales de la American University de Washington, estime que les frappes «ne vont pas nuire à Joe Biden, pas plus qu'elles ne vont lui profiter, tant qu'elles restent limitées.»

L'opération militaire a, selon lui, «simplement renforcé les discours partisans déjà existants», dans une Amérique divisée à l'extrême.

Et de fait, même si plusieurs responsables approuvent le principe même de ces frappes, ils n'en critiquent pas moins la manière dont la Maison-Blanche a mené l'opération, et appellent à plus de fermeté face à Téhéran.

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Les frappes «n'ont que trop tardé» et «il faut espérer que ces actions signalent un vrai changement dans la politique de l'administration Biden envers l'Iran et les groupes qui lui sont affiliés», a écrit Mike Johnson, patron républicain de la Chambre des représentants, sur le réseau social X.

Du côté des démocrates, nombre d'élus se rangent bien sûr derrière le président, à l'instar du sénateur Jack Reed qui a salué des actions militaires «nécessaires et proportionnées».

«Violation inacceptable»

Mais certains parlementaires progressistes, qui lui reprochent déjà de manquer de compassion pour les civils palestiniens, et de soutenir trop fermement Israël dans sa guerre contre le Hamas, ont ouvertement critiqué Joe Biden.

L'une des figures de ce courant, l'élue à la Chambre des représentants Pramila Jayapal, estime désormais qu'avec ces frappes, Joe Biden se rend coupable d'une «violation inacceptable» de la Constitution.

Cette dernière prévoit, dans son premier article, que seul le Congrès américain peut déclarer la guerre.

Pour le chercheur Garrett Martin, plusieurs facteurs ont joué dans la décision du président américain de frapper, lui qui avait promis, après un retrait chaotique d'Afghanistan, de ne pas lancer l'Amérique dans de nouvelles guerres interminables.

«S'il ne faisait rien, la crédibilité des États-Unis serait ébranlée», juge l'expert.

Par ailleurs, «il ne faut vraiment pas sous-estimer l'impact possible sur le prix du baril du pétrole», souligne-t-il.

«C'est quelque chose qui en politique intérieure aux États-Unis résonne beaucoup, (tout comme) les pressions aussi sur tous les coûts d'assurance, les délais en termes d'approvisionnement, liés aux attaques répétées des Houthis», ajoute le spécialiste.

«C’est une année d'élection, ce n'est pas surprenant que l'administration Biden soit particulièrement nerveuse» à ce sujet, estime Garret Martin.

Le coût de la vie aux États-Unis a fortement augmenté au sortir de la pandémie. C'est d'ores et déjà un thème récurrent de la campagne présidentielle, et un handicap conséquent pour Joe Biden.

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