Offre «dérisoire» du Conseil du trésor: la grève semble inévitable pour le Front commun et la FIQ

Vincent Desbiens
Le torchon brûle entre les syndicats des employés de l’État et le Conseil du trésor. Les journées de grève prévues au cours des prochaines semaines sont maintenues à la suite du dépôt d’une nouvelle offre du gouvernement jugée «dérisoire et insultante».
Le gouvernement Legault propose une hausse salariale de 10,3% sur cinq ans en plus de bonus de 3% pour certaines catégories d’emplois. Ceux-ci serviraient, par exemple, à inciter plus d’infirmières à travailler les soirs et week-ends.
Comme c’était déjà le cas dans l’offre précédente, les 600 000 syndiqués à l’emploi du Québec toucheraient également un montant forfaitaire de 1000$ la première année.
Québec dit avoir fait passer son offre globale de 13% à 14,8% d’augmentation pour les cinq prochaines années avec cette nouvelle proposition. Seulement sur le plan du salaire, les syndicats en demandent environ 20%.
Le Front commun, qui regroupe la CSN, la FTQ, la CSQ et l’APTS, et la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) ont donc balayé du revers de la main l’offre bonifiée déposée par la présidente du Conseil du trésor, Sonia Lebel, dimanche.
«On sera dans la rue le 6 novembre prochain. [...] Avec une annonce comme celle qui a été faite ce matin, le niveau de frustration ne fait qu’augmenter», constate la présidente de la FTQ, Magali Picard.
- Écoutez l'entrevue avec Sonia Lebel, ministre de l'Administration gouvernementale, au micro de Yasmine Abdelfadel via QUB radio :
En deçà de l’inflation
Le président de la CSQ, Éric Gingras, souligne que cette offre est «inacceptable» puisqu’elle «n’approche même pas» le niveau de l’inflation prévue dans les prochaines années.
«On veut tous régler ça rapidement, mais est-ce qu’on va baisser sous le taux d’inflation? Il n’en est pas question. [...] Si le gouvernement pense qu’il va régler à petit prix, ça n’arrivera pas. Ces temps-là où, au Québec, on négociait pour sauver le statu quo, [c’est fini].»
Rapidité et véhémence
En entrevue téléphonique, Sonia LeBel a affirmé qu’elle était «extrêmement surprise» de voir les syndicats réagir avec autant de véhémence, alors que «l’encre n’est même pas encore sèche» sur l’offre de dimanche matin.
«Ce qu’on vient de mettre sur la table ce matin, c’est 8G$, soit 1G$ de plus que dans la dernière offre. C’est pas des peccadilles. C’est très certainement une offre sérieuse.»
D’après Mme LeBel, les fonds accaparés par les services aux Québécois ne «peuvent pas tous aller dans les conventions collectives». Elle soutient que le Québec doit se garder une marge de manœuvre pour rénover ses hôpitaux et ses écoles, entre autres.
Même si la tension a grimpé entre les deux parties, la présidente du Conseil du trésor a toujours espoir de dénouer la situation avant le 15 décembre prochain, comme elle le «souhaite depuis le début».
Réduction de salaire
De son côté, le vice-président de la FIQ, Jérôme Rousseau, déplore la décision de Québec d’abolir la prime salariale de 3,5% offerte aux travailleurs de la santé dans son quatrième dépôt.
Le gouvernement prétend que ces primes ont été octroyées dans le cadre de l’urgence sanitaire et doivent prendre fin un jour ou l’autre.
«Oui il y avait un élément de timing, c’est arrivé pendant la pandémie, mais c’était une prime dûment négociée, fait valoir M. Rousseau. [...] Ça nous passe de travers dans la gorge. L’ensemble des infirmières, des infirmières auxiliaires, des inhalothérapeutes se verraient couper 3,5% de leur salaire.»
Jours de grève à venir en éducation et en santé
- Les 420 000 syndiqués du Front commun (la CSN, la FTQ, la CSQ et l’APTS) seront en grève le 6 novembre prochain.
- Les 80 000 infirmières et les autres travailleurs de la santé de la FIQ vont débrayer les 8 et 9 novembre prochain.
- Les 65 000 membres de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) n’ont toujours pas annoncé quel jour ils seront en grève.
Ce qu’ils ont dit:
«On ne nous considère pas [...]. Nous ne valons que 1,3% de plus malgré notre manifestation de 100 000 personnes, malgré la journée de grève que nous allons faire et malgré l’appui de la population.»
-Robert Comeau, président de l’APTS
«On est encore à 11% de l’offre rejetée par la Sûreté du Québec. On s’entend qu’on est encore assez loin avec ce qu’on a sur la table présentement.»
-François Enault, premier vice-président de la CSN
«Comment ils peuvent être aussi déconnectés? Comment ils peuvent penser que la population du Québec va les soutenir avec des offres aussi insultantes?»
-Magali Picard, présidente de la FTQ
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse jdm-scoop@quebecormedia.com ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.