Publicité
L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

En attaquant Israël, les Houthis du Yémen cherchent à gagner de l'influence

AFP
Partager

Agence France Presse

2023-11-10T16:37:15Z
Partager

En attaquant Israël, les rebelles Houthis cherchent à gagner en influence au Yémen et dans la région, plutôt qu'à peser sur le conflit en cours dans la bande de Gaza, estiment des analystes.

• À lire aussi: De grands médias démentent des accusations sur leurs photographes à Gaza

• À lire aussi: Le Hezbollah affirme que sept de ses combattants ont été tués dans des frappes israéliennes

• À lire aussi: 13 morts dans une frappe israélienne sur le plus grand hôpital de Gaza

Les rebelles yéménites, proches de l'Iran, ont récemment lancé plusieurs drones et missiles en direction du territoire israélien, en revendiquant leur appartenance à «l'axe de la résistance», appellation désignant les forces ennemies d'Israël.

Les experts estiment que ces attaques sont une menace supplémentaire pour Israël, qui combat le groupe islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza et le Hezbollah libanais à sa frontière nord, mais ne représentent pas un danger majeur pour le pays.

Selon Mohammed Albasha, analyste pour le Navanti Group, basé aux États-Unis, les Houthis cherchent avant tout à accroître «leur influence politique au Yémen et dans la région».

En ripostant à la guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée par une attaque sanglante du mouvement palestinien sur le sol israélien le 7 octobre, ils veulent "être reconnus et légitimés en tant qu'acteur important", tout en ralliant leur base populaire dans un pays en guerre depuis plus de huit ans et dans le reste de la région, explique-t-il à l'AFP.

Publicité

Les rebelles ont pris le contrôle de la capitale yéménite Sanaa en 2014, déclenchant l'intervention l'année suivante d'une coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite pour appuyer les forces gouvernementales.

S'ils ont déjà mené des attaques contre l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, également membres de la coalition militaire, ils n'ont jamais participé à un conflit n'impliquant pas le Yémen.

Capacité de nuisance

Les Houthis possèdent des missiles balistiques, des missiles de croisière et des drones pouvant théoriquement traverser les 1 600 kilomètres séparant le sud de la péninsule arabique d'Israël, affirme Fabian Hinz, de l'Institut international des études stratégiques.

Ils pourraient atteindre le sol israélien par un «coup de chance» mais «il y a très peu de risques», estime l'expert.

À part cibler Israël, les rebelles ont «des options plus larges, plus grandes, plus profondes et dans de multiples directions», dit à l'AFP un responsable Houthi, Nasr al-Din Amer.

L'un des théâtres d'escalade pourrait être la mer Rouge, une voie vitale pour le commerce mondial, selon Mohammed Albasha. Ils ont «la possibilité de déployer des mines marines, de saisir des navires armés, d'utiliser des missiles antinavires ou de perturber le flux des exportations de pétrole brut», souligne l'analyste.

«Ils peuvent éventuellement utiliser des drones marins, appelés WBIED, pour cibler les navires israéliens dans la mer Rouge ou des navires en route» vers le port israélien d'Eilat, ajoute-t-il.

Les Houthis pourraient également viser les intérêts des alliés d'Israël dans la région, notamment les États-Unis. Cette semaine, ils ont abattu un drone américain MQ-9 Reaper qui survolait les côtes yéménites dans le cadre, selon eux, du soutien militaire américain à Israël.

«Stratégie calculée»

En visant des cibles israéliennes et américaines, les Houthis cherchent à renforcer leur position dans les négociations avec l'Arabie saoudite, qui cherche à s'extirper du conflit au Yémen voisin, décrypte Majid Al-Madhaji, du Sanaa Center for Strategic Studies.

Il s'agit d'une «stratégie calculée» dont l'objectif est de «faire pression sur les Américains» afin «d'accélérer la conclusion d'un accord avec les Saoudiens», a déclaré l'analyste lors d'une visioconférence.

Cette stratégie est d'autant plus mesurée que les conséquences pour le Yémen, où prévaut une relative accalmie depuis l'année dernière, sont limitées, estiment les experts.

L'Arabie saoudite serait toutefois «contrainte de riposter si un missile ou un drone blessait par inadvertance des ressortissants saoudiens ou touchait des installations vitales» dans sa route vers Israël, prévient Mohammed Albasha.

Publicité
Publicité