Élu pour gérer une crise commerciale, Mark Carney fera face à une crise constitutionnelle


Guillaume Rousseau
L’élection de Mark Carney à la tête du gouvernement a été favorisée par le contexte de crise commerciale causée par la politique tarifaire des États-Unis. Des électeurs pensent qu’avec son expérience économique, il sera en mesure de faire face à cette crise. Pas de chance pour eux, et pour lui, c’est plutôt à une crise constitutionnelle qu’il risque de faire face.
Certes, la crise commerciale est réelle et menace effectivement l’économie canadienne. Mais tout indique que Donald Trump voudra la régler avant les élections de mi-mandat prévues en 2026. Par conséquent, cette crise risque d’être réglée au cours des prochains mois. La crise constitutionnelle qui guette, elle, risque d’être beaucoup plus longue et d’occuper une plus grande part du mandat de M. Carney, qui ne connaît rien aux affaires constitutionnelles.
Danielle Smith, la première ministre albertaine, a donné six mois au nouveau premier ministre pour répondre à ses revendications contre les politiques centralisatrices du fédéral, en plus d’appuyer des propositions de modifications constitutionnelles du Québec. Mieux encore, notre Assemblée nationale a adopté une résolution visant à enclencher une telle modification en matière de nomination des juges. S’inscrivant dans la tradition libérale fédérale de mépris envers le Québec, Mark Carney s’est empressé de refuser. Heureusement, cette modification nécessite non pas une entente avec le gouvernement fédéral, mais une majorité à la Chambre des communes.
Or, la majorité en chambre n’est pas libérale. C’est donc dire qu’ensemble, les députés des autres partis peuvent rendre possible cette modification. Ce sera un test pour le NPD, dont la déclaration de Sherbrooke favorable à la liberté constitutionnelle du Québec pourra enfin donner des résultats concrets. Ce sera un test pour les conservateurs, qui devront un jour comprendre que sans une offre constitutionnelle conséquente pour le Québec, ils sont destinés à plafonner. Ce sera aussi un test pour le Bloc, qui aurait tout intérêt à prioriser cet enjeu plutôt que d’autres moins consensuels.