Des activistes luttent contre la désinformation russe en changeant les étiquettes d'aliments vendus à l’épicerie
Jean-Michel Clermont-Goulet
Pour combattre la désinformation de Vladimir Poutine, des activistes remplacent les étiquettes qui affichent le prix de certains aliments dans des épiceries en Russie par des étiquettes sur lesquelles est imprimée de l’information sur l’invasion russe.
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Ainsi, plutôt que la description d'un aliment, les clients pourraient lire ceci: «L’armée russe a bombardé une école d’art à Marioupol. Environ 400 personnes s’y sont cachées pour échapper aux bombardements.»
Voici d'autres exemples d'étiquettes anti-guerre qui ont été repérées en Russie: «Les troupes russes n’ont pas permis à 14 camions transportant de l’aide humanitaire d’entrer dans la région de Kherson. Les civils ont besoin de nourriture et de médicaments» ou encore «L’inflation hebdomadaire a atteint son niveau le plus élevé depuis 1998 en raison de notre opération militaire en Ukraine. Arrêtez la guerre».
Des activistes arrêtés
Les activistes qui remplacent les étiquettes dans les épiceries russes courent toutefois d'importants risques. Le 4 mars dernier, le gouvernement russe a en effet entériné une loi qui empêche toute personne ou tout média de partager des «informations mensongères sur l’armée russe».
L'activiste et artiste russe Alexandra Skochilenko a justement été arrêtée. Le tribunal d’un district de Saint-Pétersbourg a ordonné sa détention pour avoir remplacé des étiquettes par de «fausses informations sur l’utilisation des forces armées russes».
Absolutely insane. St. Petersburg artist Alexandra Skochilenko is placed in remand prison pending felony prosecution for spreading “false information” about Russia’s military by swapping in war facts on price tags at a local grocery store. A customer reported her to the police. pic.twitter.com/noDIeHIZOj
— Kevin Rothrock (@KevinRothrock) April 13, 2022
La cour a qualifié l’action de Mme Skochilenko de «haine politique envers la Russie».
Si elle est reconnue coupable, la femme de 31 ans pourrait devoir payer une amende de trois millions de roubles (un peu moins de 46 000 dollars canadiens) ou être condamnée à 10 ans de prison.
Elle reste en détention jusqu’à son procès, qui est prévu le 31 mai prochain.
− Avec les informations de The Guardian