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Ellen DeGeneres accusée de slut-shaming à cause d’une vieille entrevue avec Taylor Swift

Ellen DeGeneres et Taylor Swift
Ellen DeGeneres et Taylor Swift Photomontage Julie Verville
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Photo portrait de Genevieve            Abran

Genevieve Abran

2023-01-19T18:51:15Z
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Une vidéo datant de 2012 dans laquelle on voit Ellen DeGeneres se moquer de la vie amoureuse Taylor Swift fait jaser ces derniers jours sur les réseaux sociaux. Alors que l’ex-animatrice de talk-show se fait accuser de misogynie et de sexisme, une question se pose: la chanteuse a-t-elle été victime de slut-shaming? 

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Dans l’entrevue, Ellen DeGeneres demande à Taylor Swift de sonner une cloche lorsqu’apparaîtra à l’écran la photo de l’homme à qui s’adresse sa chanson We Are Never Ever Geting Back Together, qui venait à peine de sortir à l'époque. 

Il faut se rappeler que, dans la dernière décennie, les relations amoureuses de la chanteuse, qui était âgée de 23 ans au moment de l'entrevue, ont souvent fait les manchettes.  

Est-ce qu’il s’agit de slut-shaming? 

«Je pense que la phrase “je ne veux pas le faire” aurait dû être plus qu’assez», «Cette entrevue est très difficile à regarder»: le malaise est palpable dans les commentaires qui accompagnent l'extrait de l’entrevue partagé sur TikTok.  

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Et pour la doctorante en philosophie féministe Marie-Anne Casselot, il ne fait aucun doute: nous avons affaire à du slut-shaming. «Ellen DeGeneres vient ridiculiser, mais aussi juger une femme sur le nombre de relations amoureuses ou sexuelles qu’elle a», regrette-t-elle.  

Le slut-shaming, c’est le fait de critiquer une femme pour tout comportement ou propos jugé provocant, trop sexuel ou immoral, explique le Conseil du statut de la femme du Québec sur son site web. 

Plutôt que du slut-shaming, l’anthropologue Sylvie Genest y voit plutôt une forme de violence communicationnelle. Dans son entrevue, Ellen DeGeneres met l’accent sur ce qui pouvait être perçu à l’époque comme des faiblesses et des failles de Taylor Swift, c’est-à-dire ses nombreuses relations avec des hommes.  

AFP
AFP

L’anthropologue souligne par ailleurs que l’ancienne animatrice du talk-show ne fait que perpétuer la misogynie qui caractérise Hollywood et le monde de la télévision aux États-Unis. 

«La misogynie est un aspect de la structure de l’industrie du divertissement américaine qui va déteindre sur les comportements [des personnes qui en font partie]», souligne la professeure à la Faculté des arts de l’UQAM. 

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Les femmes traitées différemment des hommes? 

Marie-Anne Casselot est claire: Taylor Swift n’aurait pas subi le même traitement si elle avait été un homme. Elle donne l’exemple de l’humoriste – et accessoirement l’ex de Kim Kardashian – Pete Davidson, dont on célèbre la vie amoureuse.  

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«On va valoriser Pete Davidson parce qu’il a beaucoup de conquêtes, mais on va juger une femme qui a beaucoup de relations amoureuses», déplore la doctorante.  

«On considère encore la réputation d’une femme selon des critères qui sont extrêmement datés», poursuit-elle.  

Mais pour Sylvie Genest, Ellen DeGeneres n’est pas la seule à blâmer. 

Selon elle, ce n’est pas l’animatrice qui affirme que c’est horrible pour une femme d’avoir plusieurs amants, «c’est nous qui en faisons la déduction, parce qu’on baigne dans la culture nord-américaine».  

«On fait partie du problème quand on lit que c’est grave pour une femme d’avoir plusieurs amantes», renchérit-elle.  

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Est-ce que c’est mieux aujourd’hui? 

Depuis 2012, année de la diffusion de l’entrevue, les mentalités ont néanmoins évolué, croit Marie-Anne Casselot.  

«On est plus outillé qu’à l’époque pour voir des situations problématiques, grâce au mouvement #MeToo, au concept de la culture du viol et à toutes les discussions qu’on a eues sur le consentement dans les dernières années», soutient-elle.  

Aujourd’hui, l’animatrice n’aurait peut-être pas autant insisté pour que Taylor Swift participe à son «jeu», après qu’elle lui ait mentionné à plusieurs reprises qu’elle n’en avait pas envie, croit Marie-Anne Casselot. «À mon sens, il y a un problème de non-respect du consentement de Taylor Swift dans ce segment de télé», souligne-t-elle.  

Sylvie Genest a toutefois une vision plus pessimiste de l’industrie du divertissement aux États-Unis, qui, selon elle, n’est ni moins ni plus misogyne qu’avant.  

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