Électrification des autobus: une cible «irréaliste», selon les sociétés de transport
Les sociétés de transport déplorent que le gouvernement Legault «ne finance pas les coûts énormes»

Taïeb Moalla
La cible gouvernementale d’électrifier 55% du parc d’autobus urbains d’ici 2030 est non seulement «irréaliste», mais elle se ferait «au détriment du service» aux usagers, ont plaidé les sociétés de transport du Québec.
C’est ce que Maude Mercier Larouche, présidente du Réseau de transport de la Capitale (RTC) et vice-présidente du CA de l’Association du transport urbain du Québec (ATUQ), a affirmé mardi matin, en point de presse à Québec. Cette dernière était entourée des principaux leaders des sociétés de transport québécoises, qui ont dit lancer «un appel du cœur» au gouvernement Legault.

«Si on maintient le cap actuel, on craint que l’électrification se fasse au détriment de l’offre de service. La cible de 2030 est irréaliste. Il est temps de s’asseoir à la table avec la ministre des Transports, le ministre de l’Environnement et le premier ministre», a affirmé Mme Mercier Larouche.
La dirigeante du RTC a également pointé la «profonde incohérence» du gouvernement du Québec, qui met ces cibles en place tout en «ne finançant pas les coûts énormes» de l’électrification, a-t-elle regretté.
Pression aggravée
L’ATUQ affirme que «la pression sur les sociétés de transport du Québec est aggravée par une autre orientation gouvernementale: le financement public est désormais réservé aux autobus 100% électriques». Cette décision, qui est en vigueur depuis le 1er janvier 2025, est d’ailleurs contestée par l’ATUQ.
L’Association rappelle par ailleurs que «de nombreux projets en infrastructures sont laissés en suspens dans le Plan québécois des infrastructures, sans échéancier ni financements confirmés. Pire encore, certains ont été abandonnés par le gouvernement, malgré des autorisations préalablement émises».
«La plus impactée»
Interrogée sur la situation spécifique de la Ville de Québec, Mme Mercier Larouche a convenu que le RTC est la société de transport «la plus impactée» à travers le Québec à cause du récent abandon du chantier du garage Newton.
«On a interpellé le gouvernement du Québec [...] C’est le silence radio. C’est le statu quo. La situation est inacceptable à l’heure actuelle. Notre garage était en chantier, s’est-elle de nouveau scandalisée. On se questionne et on est inquiets.»
Appelant le gouvernement Legault à faire preuve de «cohérence», elle a réitéré que 94 M$ ont déjà été dépensés ou engagés dans ce chantier, qui est une exigence gouvernementale.
«Nous, des bus électriques, il faut pouvoir les accueillir et les opérer. Si j’ai des bus qui dorment, qui va subir les contrecoups de ça? Ce sera qui les victimes? Ce sera nos usagers du transport collectif.»
Le maire de Québec, Bruno Marchand, doit rencontrer la ministre des Transports Geneviève Guilbault cette semaine.
L’enjeu de l’électrification fera partie des discussions, a déclaré Maude Mercier Larouche.
Dans une première réaction, le député libéral Monsef Derraji a affirmé que le point de presse de mardi matin constitue «une gifle politique» pour la ministre Guilbault.
«En écoutant l’ensemble des intervenants, j’avais l’impression de voir un gouvernement qui demande le luxe d’une Royce, mais sans pneus. C’est ce qu’on a aujourd’hui. C’est de l’électrification dogmatique», a-t-il imagé.
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