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L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

Élections fédérales: la discrétion de Legault

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Photo portrait de Antoine Robitaille

Antoine Robitaille

2021-08-14T09:00:00Z
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François Legault risque de se montrer plus discret lors des élections fédérales qui seront déclenchées dimanche.

Ça tranchera avec un passé récent.

En 2018, peu après son arrivée au pouvoir, à sa première rencontre avec Justin Trudeau, Legault s’était réjoui, sourire en coin, du « rapport de force » que lui procurait l’élection fédérale alors à venir.

Puis lors de la campagne de 2019, il s’était manifesté tôt et frontalement, présentant des revendications hardies :  

  • Pas d’intervention fédérale contre la loi 21 sur la laïcité ;  
  • Rapatriement de l’ensemble des pouvoirs en immigration, respect du « test des valeurs » ;  
  • Application de la loi 101 aux entreprises fédérales ;  
  • Déclaration de revenus unique faite au Québec.    

Voulant tous faire des gains électoraux au Québec, les partis fédéraux seraient mal placés pour ignorer complètement ces desiderata.

Le Bloc québécois étant le seul en mesure d’accepter 100 % des demandes avait profité d’un effet CAQ. Ce qui lui permit de renaître.

Silence à 6 milliards $ ?

En 2021, le « rapport de force » est toujours là pour Legault. Il n’a en fait jamais vraiment disparu, en raison du caractère minoritaire du gouvernement Trudeau.

Le premier ministre caquiste, au sommet de sa popularité, se retrouve dans une situation assimilable à celle dont bénéficia longtemps Régis Labeaume : tous les candidats des autres paliers tenaient à s’en faire un ami, dans l’espoir de profiter d’un effet Régis.

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Parfois, donner à ces personnages populaires peut être une stratégie de neutralisation. Plusieurs ont vu, le 5 août, dans l’annonce conjointe Trudeau-Legault de 6 milliards $ (sur 5 ans) pour les garderies, une tentative du chef libéral fédéral d’inciter son vis-à-vis à se faire plus discret cette fois-ci.

Exemple : Legault a clairement refusé de dénoncer l’aide (pourtant scandaleuse) de 5 milliards $ du gouvernement Trudeau à Terre-Neuve visant à combler les gigantesques pertes du projet hydroélectrique de Muskrat Falls.

Même la cheffe libérale, Dominique Anglade, n’a pas mâché ses mots, qualifiant d’« inacceptable » cette « nouvelle ingérence dans le développement énergétique », une « concurrence déloyale » à Hydro-Québec, pesta-t-elle.

Dans l’entourage du premier minis-tre, on nuance cette analyse. Legault, explique-t-on, ne veut rien faire pour nuire à son projet de « batterie verte du nord-est de l’Amérique ».

Une autre lettre

Au reste, il a commencé à préparer la lettre des demandes « prioritaires » du Québec à l’endroit des fédéraux.

Mais contrairement à 2019, Legault attendra avant de la présenter. « Le faire trop tôt, ce serait un coup d’épée dans l’eau. Le monde est encore vraiment dans l’esprit des vacances », explique-t-on.

Que retrouvera--t-on dans cette fameuse lettre ? « Pas mal la même chose » qu’on y trouvait la dernière fois ! S’y ajoutera une demande – déjà rejetée en partie par les libéraux – de financer le pharaonique projet de tunnel Québec-Lévis.

Il y a une sorte de paradoxe du prétendu « rapport de force ». Sur les quatre demandes principales de François Legault de 2019, aucune n’a été pleinement acceptée !

Des avancées

Les stratèges caquistes insistent : la pandémie a ralenti les négociations dans les quatre dossiers. Et le gouvernement Trudeau a été en place moins de deux ans.

Malgré tout, fait-on valoir, il y eut certaines avancées :  

  • L’acceptation surprise, par le gouvernement Trudeau, de la loi 96 et de sa modification unilatérale de la Constitution reconnaissant le Québec comme nation ;  
  • Français : le PLC admet désormais que la langue minoritaire en péril, dans notre Dominion, est le français. C’est inscrit dans le livre blanc déposé in extremis par la ministre Mélanie Joly en juin ;  
  • Immigration : cet été, les gouvernements Trudeau et Legault se sont entendus pour conclure une « mini-entente » sur les travailleurs étrangers temporaires, permettant au Québec d’en sélectionner une plus grande part.    

Mais sur le reste, François Legault s’est pour l’instant cassé les dents. Et là-dessus, il préférera peut-être rester silencieux.

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