Éducation: pour un retour à deux étapes

La pandémie de COVID-19 a entraîné de nombreux changements dans le monde scolaire. En 2020-2021, alors que notre quotidien continuait de subir de nombreux bouleversements, la pondération des étapes avait été revue pour ne comprendre que deux étapes, permettant plus de temps pour l’enseignement.
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Nos espoirs étaient grands de conserver cette modification perçue de manière fort positive sur le terrain. Toutefois, et avec surprise, nous apprenions le retour à trois étapes pour l’année 2022-2023. Le ministre de l’Éducation d’alors, monsieur Jean-François Roberge, affirmait avoir consulté divers acteurs autour de lui avant de prendre cette importante décision. Personne ne sait qui a été consulté et cette annonce a semé la consternation dans plusieurs écoles.
Aujourd’hui, alors que nous sommes en train de corriger les dernières évaluations en prévision du premier bulletin d’une valeur de 20%, celles et ceux qui connaissent les élèves par leur nom constatent bien les aléas de ce choix ministériel:
- Nous évaluons davantage les élèves afin de tenter d’avoir un tableau représentatif pour le parent et son enfant. Le rythme de l’évaluation ne correspond pas au rythme d’apprentissage, en plus de contribuer à augmenter le stress de l’élève;
- Le temps passé à évaluer afin de produire ce bulletin enlève du temps d’enseignement de qualité dont les élèves pourraient bénéficier;
- Les évaluations «sommatives» prennent le dessus sur les évaluations «formatives». Pourtant, en cours d’année scolaire, la fonction d’aide à l’apprentissage devrait primer sur celle de la reconnaissance des compétences. D’ailleurs, ces évaluations formatives contribuent à l’amélioration de celles-ci chez l’élève: elles sont formatrices et nous permettent de donner une rétroaction de qualité;
- Une note si tôt n’est pas un outil de communication qui permet d’identifier les difficultés de l’élève. En novembre, il faut davantage miser sur une rencontre de parents qui permet des discussions centrées sur la progression et les solutions.
Enfin, pour ceux qui croient que le nombre de communications serait moindre entre parents et enseignants en revenant à deux bulletins, il importe de rappeler quelques faits. Tout d’abord, le Régime pédagogique oblige un certain nombre de communications officielles. Dans le cas des élèves en difficulté, elles doivent se faire au rythme d’une par mois. Par ailleurs, avec les portails déployés dans les écoles tels que Mozaïk ou encore les portfolios numériques, les résultats des diverses évaluations des élèves sont facilement accessibles. Il est pratiquement possible de parler d’un suivi en temps réel.
Il faut mettre l’évaluation au service de l’apprentissage. Pour ce faire, le premier pas du nouveau ministre de l’Éducation devrait consister à indiquer qu’il reviendra à une année scolaire sur deux étapes en 2023-2024.
Tous gagneront à rendre plus significatives les communications école-famille ainsi qu’à permettre aux élèves d’apprendre dans un cadre formateur moins stressant.
Myra Auvergnat Ringuette, enseignante de la région de Québec
Mathieu Bernière, enseignant de la région de Québec
Sylvain Bérubé, enseignant de la région de Québec
Sylvain Dancause, enseignant de la région de Québec
Marie-Hélène Demers, enseignante en Chaudière-Appalaches
Sylvain Duclos, enseignant en Chaudière-Appalaches
Mathieu Mercier, enseignant au Bas-Saint-Laurent
Luc Papineau, enseignant de Lanaudière
Véronique Payeur, enseignante en Mauricie
Jonathan St-Pierre, enseignant de l'Abitibi-Témiscamingue, et plus de 6275 enseignants cosignataires.