Dur lendemain de veille pour les champions
Stéphane Cadorette
En ce début de saison dans la NFL, les Rams ont sorti leur bannière de champions pour souligner leur suprématie en 2021. Les Bills, eux, ont préféré le rouleau compresseur, question de rappeler que la saison 2022 est bien commencée.
Ce duel au sommet à Los Angeles entre deux équipes que plusieurs voient au Super Bowl 57 en février, a finalement été à sens unique en faveur des Bills, au compte de 31-10.
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Pourtant, ce n’est pas parce que les Bills ont disputé un match parfait. Ils ont simplement frappé fort dans des moments opportuns.
En première demie, l’attaque a commis trois revirements. Deux interceptions ont été créditées à la fiche du quart-arrière Josh Allen, mais sur la première, le ballon a filé entre les mains de son receveur Isaiah McKenzie pour atterrir dans celles du secondeur Terrell Lewis. Sur la deuxième, son autre receveur Jamison Crowder a freiné son tracé trop tôt et le demi de coin Troy Hill a saisi l’offrande. Le point en commun? Dans les deux cas, les deux ailiers insérés des Bills ont erré.
Pas autant que James Cook, cependant! Le porteur recrue, à sa première course en carrière dans la NFL (et sa seule de la rencontre), a échappé le ballon.
Malgré ce football négligent des Bills, les Rams ont soutiré seulement trois maigres points de ces cadeaux. Il ne fallait pas laisser une telle chance aux Bills et les deux équipes retraitaient au vestiaire dans une impasse de 10-10 à la demie.
Troisième quart productif
C’est en deuxième demie que les Bills ont pris le contrôle, de toutes les façons imaginables. Sur leur première séquence, c’est l’aspect physique de leur jeu qui a pris les Rams de court, avec huit courses pour 41 verges. Josh Allen a donné le ton en bousculant sauvagement le demi défensif Nick Scott, le projetant au sol à l’aide de son bras comme une vulgaire poupée de chiffon. Quand on dit que le quart-arrière a le pouvoir d’influencer ses coéquipiers; sur les jeux suivants, le porteur Devin Singletary a couru comme un joueur possédé, un talent qu’on lui a rarement vu par le passé. C’est finalement McKenzie qui a redonné les devants aux siens en captant une passe de sept verges, bonne pour un touché.
Lorsque les Bills ont repris le ballon, c’est une bombe d’Allen à Gabriel Davis qui a donné le ton. Le long jeu de 47 verges a mené à une course d’Allen qui lui a valu un touché.
Le coup de bazooka final est venu d’un autre missile d’Allen, cette fois sur 53 verges à l’as receveur Stefon Diggs, dans la zone des buts. Soudainement, c’était 31-10 et les aspirants au trône avaient plutôt l’air des champions.
Allen a terminé la rencontre avec 297 verges par les airs et trois passes de touchés, en plus de mener les siens avec 56 verges au sol et un touché. La routine pour lui, quoi! Blague à part, les Bills, quand ils se sont véritablement mis en marche en deuxième demie, ont démontré qu’ils pouvaient autant dominer en puissance qu’en finesse.
L’impact de Miller
Malgré le jeu inspirant d’Allen, le boulot de la défense des Bills a probablement été encore plus impressionnant. Cette unité a limité la redoutable attaque des Rams à seulement 243 verges, pour une anémique moyenne de 3,7 verges par jeu.
Durant la saison morte, l’organisation a fait l’acquisition du vétéran Von Miller, qui ne semblait certainement pas faire ses 33 ans face aux Rams, l’équipe avec laquelle il a remporté un deuxième Super Bowl en février dernier.
Miller a mis deux fois la main au collet de son ancien coéquipier Matthew Stafford en le rabattant au sol pour deux sacs du quart. Il a terminé la rencontre avec trois plaqués pour des pertes.
L’impact d’un joueur ne se mesure pas qu’à ses statistiques. Les Bills ont terminé la rencontre avec sept sacs. Tout le monde autour de Miller a paru meilleur que l’an dernier et Miller sera le mentor parfait pour les jeunes AJ Epenesa (1,5 sacs), Boogie Basham (1 sac) et Greg Rousseau (1 sac).
Il s’agissait de la première fois que les Rams, dans l’ère Sean McVay, étaient victimes de sept sacs du quart. Pire encore, le front défensif des Bills a frappé Stafford à 15 reprises. Le vétéran pivot semblait meurtri, lui qui soigne une blessure au coude. Il faut rappeler que la saison dernière, les Rams ont été limités à moins de 20 points seulement deux fois. Les Bills ont donc lancé un sérieux message, autant à l’attaque qu’en défense.
Les Rams sonnés
Avec trois interceptions, les Rams ont pour leur part été méconnaissables. Sur le plan aérien, ils se sont rabattus à outrance sur le receveur étoile Cooper Kupp, qui a enregistré 13 réceptions pour 128 verges et un touché. La grosse acquisition de la saison morte, Allen Robinson, n’a capté qu’une passe. Il faudra définitivement développer une meilleure chimie et l’impliquer davantage. Les yeux de Stafford semblent aimantés vers Kupp.
Au sol, les Rams ont été limités à 2,9 verges par portée et Cam Akers n’a touché que trois fois au ballon, ce qui laisse croire qu’il n’est toujours pas en santé.
Défensivement, sans Von Miller, bien peu de pression a été appliquée sur Josh Allen. Loin de son comparse, Leonard Floyd a semblé invisible.
Un match ne fait pas une saison, mais même dans un contexte où l’attaque des Bills a connu quelques ratés, les Rams n’ont pas su profiter des largesses. Pour la toute première fois sous la férule de Sean McVay, l’équipe se retrouve sous la barre des ,500. L’écart de 21 points dans la défaite est le deuxième plus important de l’histoire pour une équipe championne à son premier match de la saison (les Ravens avaient été défaits par 22 points après leur conquête de 2012).
Du côté des Bills, inutile de les couronner trop vite. Tout le monde savait qu’ils étaient des prétendants sérieux. Ils ont simplement rappelé après ce premier effort que lorsqu’ils mettent la machine en marche, ils sont même dangereusement sérieux.