Que nous réserve 2022: la protection de l'environnement, l'un des principaux défis de nos gouvernements
De grands chantiers attendent Québec et Ottawa en environnement
Hugo Duchaine
Avec les signaux d’alerte qui se multiplient, la protection de l’environnement sera l’un des principaux défis des gouvernements municipaux, provinciaux et fédéral en 2022, car la planète n’attend pas. Que ce soit en raison des chaleurs extrêmes ou des cataclysmes naturels qui secouent de plus en plus fréquemment le pays, les Québécois sont davantage conscients et surtout touchés de près par l’importance de lutter contre le réchauffement climatique. Si les décideurs souhaitent véritablement laisser une planète en santé aux générations futures, les bottines devront suivre les babines.
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Limiter le réchauffement
« 2022, ça doit être l’année de l’ambition au niveau international », lance Patrick Bonin, de Greenpeace. Il souligne qu’après la conférence sur le climat COP26, à Glasgow en Écosse, l’automne dernier, les États se sont tous engagés à augmenter leurs cibles de réduction des gaz à effet de serre en 2022.
L’objectif mondial est de limiter la hausse du réchauffement à 1,5 °C, ce qui sera impossible sans une réduction immédiate et massive des émissions polluantes, selon l’ONU. Tous les experts s’entendent pour dire qu’au-delà de ce niveau, le réchauffement planétaire aura des conséquences irréversibles et désastreuses sur le monde entier.
Patrick Bonin rappelle que le plan de plusieurs milliards dévoilé par Québec l’an dernier pour diminuer ses émissions d’ici 2050 n’atteint que la moitié de la cible, de l’aveu même du ministre Benoit Charette.
« Ça n’a aucun sens d’avoir un plan qui atteint 50 % de l’objectif », soutient M. Bonin. La tâche est d’autant plus colossale que Québec a vu ses émissions de gaz à effet de serre augmenter en 2019.
Vers la fin des hydrocarbures
L’automne dernier, le premier ministre, François Legault, a assuré que son gouvernement comptait être celui qui sonnera le glas de l’exploitation des hydrocarbures au Québec. Il doit présenter un projet de loi en 2022 pour mettre fin à l’exploitation pétrolière et gazière dans la Belle Province. Pour l’instant, le gouvernement étudie comment payer le moins de compensations possible à ces entreprises qui ont déjà investi dans des projets au Québec.
Pour Patrick Bonin, de Greenpeace, le gouvernement devrait « fermer la porte à toute indemnisation », sachant que des millions de dollars en subventions ont été donnés. « On n’a pas à compenser des entreprises qui veulent brûler la planète », plaide-t-il.
La guerre au plastique continue
De plus en plus de villes québécoises bannissent les sacs en plastique, comme doit le faire Montréal en 2022. Le gouvernement fédéral doit aussi agir prochainement contre le plastique à usage unique, après l’avoir d’abord promis en 2021.
« Mais il faut aller beaucoup plus loin que de bannir le plastique à usage unique. Ça prend plus que du cas par cas », soutient M. Bonin.
La pollution par le plastique cause notamment des ravages dans les océans et même dans le fleuve Saint-Laurent, au Québec.
Mais l’année 2022 pourrait être celle d’un traité mondial contre la pollution causée par le plastique, souligne le porte-parole de Greenpeace.
Attention au greenwashing
Avec l’étau qui se resserre pour que les États passent à l’action contre le réchauffement climatique, les Québécois devront rester vigilants face aux tentatives de greenwashing ou écoblanchiment, c’est-à-dire le marketing pour se donner une image verte.
« C’est une tentative de greenwashing [que] de présenter le troisième lien [entre Québec et Lévis] comme un projet vert », explique M. Bonin, rappelant l’essai en ce sens du ministre François Bonnardel sur ce projet de pont.
« Il ne faut pas continuer de polluer sous prétexte qu’on plante des arbres. Ça ne fonctionne pas. Il ne faut surtout pas que le Québec s’en aille dans de fausses solutions ou des écrans de fumée », poursuit-il.
Pesticides et aires protégées
L’an dernier, Montréal a promis d’interdire la vente et l’usage de 36 pesticides, dont le glyphosate, à compter de janvier 2022. Elle deviendra ainsi la première ville canadienne à le faire.
À Québec, Patrick Bonin rappelle que de grands travaux attendent aussi le gouvernement, comme cesser l’étalement urbain, protéger les derniers grands espaces verts, en plus d’améliorer la qualité de l’air, de l’eau.
Le Québec s’est engagé à protéger 30 % du territoire. S’il est sur la bonne voie, ce sont surtout des espaces vides dans le Nord qui ont été ciblés.
« Ça prend des aires dans le sud, qui permettent de protéger des espèces menacées, comme le caribou forestier », tranche M. Bonin.