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Sels de bain, MDA, lévamisole: ces substances qui se retrouvent dans la drogue à votre insu

Illustration Chaimae Khouldi
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Photo portrait de Gabriel  Ouimet

Gabriel Ouimet

2022-06-16T12:17:51Z
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Cocaïne, MDMA, méthamphétamine: la consommation de drogues comporte nécessairement des risques, notamment parce que celles qui sont en circulation au Québec sont systématiquement composées d’un mélange de substances, parfois inconnues et nocives.

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«À Montréal, c’est très difficile d’avoir accès à des substances qui ne sont pas coupées ou contaminées», lance d’emblée la directrice du GRIP, Magalie Boudon. Son organisme travaille à réduire les risques associés à la prise de drogue et offre un service d’analyse de substances mobile à l'occasion d'événements divers dans la région de Montréal.  

Lorsque vous achetez de la coke, de la MDMA ou encore de la méthamphétamine (speed), vous achetez et consommez donc aussi d’autres produits, parmi eux certains que vous ne connaissez peut-être pas, dont les effets pourraient être désagréables ou carrément dangereux. 

Pour avoir une meilleure idée de ce que vous pourriez consommer, voici quelques-unes des substances que le GRIP ou Cactus (deux des rares organisations qui offrent des services d'analyse de drogue au Québec) détectent le plus souvent dans la cocaïne, la MDMA et la méthamphétamine.  

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Sels de bain  

Dans la cocaïne, on retrouve «presque systématiquement» des sels de bain, aussi appelés «bath salts», rapporte le directeur général de Cactus, Jean-François Mary. En avril dernier, 16 des 18 échantillons de cocaïne analysés au laboratoire de Cactus contenaient cette substance de la famille des cathinones. Une situation qui n’est pas sans conséquence pour les consommateurs, souligne M. Mary. 

Photo stock.adobe.com (Springfield Gallery)
Photo stock.adobe.com (Springfield Gallery)

«Les sels de bain peuvent entraîner une consommation compulsive et augmenter les risques liés à la surconsommation. Ça augmente aussi le risque de psychose, en plus de rendre les lendemains particulièrement difficiles», explique-t-il.  

Le GRIP, qui teste moins d’échantillons que Cactus, a pour sa part détecté des sels de bain à deux reprises dans de la MDMA à Montréal depuis le mois de mars.  

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MDA  

C’est la substance la plus retrouvée dans les analyses d’échantillons de MDMA. Dans 20% des échantillons analysés par le GRIP, la MDA remplaçait carrément le MDMA, note Roxanne Hallal, coordonnatrice du service des analyses de substances de l’organisme.  

«La MDA, c’est la cousine de la MDMA, mais elle peut avoir des effets inattendus pour les consommateurs, parce que les effets de la MDA sont plus psychédéliques et durent plus longtemps. Donc, si tu t’attends à faire quatre, six heures avec de la MDMA, mais que ça dure plusieurs heures de plus, ça peut amener de la détresse», mentionne-t-elle.  

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«Certains usagers nous rapportent aussi que, contrairement à la MDMA, qui les rend habituellement plus sociables et euphoriques, la MDA pourrait faire en sorte qu’ils se replient plus sur eux-mêmes, au lieu d’être à la recherche de connexion avec les autres», poursuit-elle.   

Le Cactus a retrouvé de la MDA dans 42% des 86 échantillons analysés entre juillet 2021 et mars 2022, avec ou en remplacement de la MDMA. Jean-François Mary ajoute que la MDA devrait être consommée en plus petite quantité que la MDMA, puisqu’elle augmente les risques de psychose. 

Lévamisole  

Le lévamisole est un médicament utilisé en médecine vétérinaire pour traiter les vers. Il est interdit au Canada en raison de sa toxicité élevée. Chez l’humain, il est associé à plusieurs effets graves sur la santé, notamment une défaillance du système immunitaire causée par la suppression de certains globules blancs, selon Santé Canada. En consommer beaucoup et à long terme peut aussi entraîner l'apparition de taches brunâtres sur la peau, taches qui se transformeront éventuellement en gales.  

Ce vermifuge était présent dans près du quart des 138 échantillons de cocaïne analysés par Cactus entre juillet 2021 et mars 2022, ce qui le place au second rang des substances le plus souvent retrouvées dans la coke.  

En 2010, une étude intitulée Présence de lévamisole chez les utilisateurs de cocaïne, menée par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), concluait que la cocaïne qui était en circulation à l’époque était «toujours coupée avec du lévamisole».  

Le vermifuge a aussi été retrouvé dans de la méthamphétamine, ainsi que dans de la MDMA, à moindre échelle, par les deux équipes.  

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Caféine   

Parfois présente en grande quantité dans la méthamphétamine et en moindre quantité dans la cocaïne, il faut se méfier de la caféine, malgré ses airs inoffensifs, prévient Roxanne Hallal.  

«Quand on mélange des stimulants avec des stimulants, les effets peuvent être différents d’une personne à l’autre. Il peut y avoir une espèce de synergie qui augmente les effets de la caféine et de la substance que l’on veut consommer», soutient-elle.  

«De plus, la quantité de caféine peut être importante dans certains produits, notamment dans les pilules de speed. Donc, si tu prends un café, une boisson énergisante et une pilule qui contient de la caféine et du speed, la caféine peut vraiment potentialiser les effets des autres substances», ajoute-t-elle.  

Consommer des quantités importantes de caféine mêlées à de la drogue peut finalement comporter des risques pour le cœur, en plus de provoquer d’autres désagréments, notamment de l’anxiété, soutient Jean-François Mary. 

Un portrait partiel  

Le GRIP et Cactus rappellent que la composition des drogues qu’ils analysent varie grandement dans le temps en fonction de plusieurs facteurs. De plus, les techniques d’analyse dont ils disposent sont limitées. Les échantillons analysés ne permettent donc pas de brosser un portrait exact de la qualité de la drogue en circulation.   

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