«Je n’ai plus de qualité de vie»: cette patiente qui fait de l’apnée du sommeil doit payer près de 12 000$ d’orthodontie
Trois chirurgiens ont refusé de l’opérer tant qu’elle n’a pas payé le traitement au privé


Héloïse Archambault
Une femme de 45 ans déplore qu’on l’oblige à payer près de 12 000$ pour un traitement d’orthodontie au privé, sans quoi les chirurgiens refusent d’opérer sa mâchoire afin de corriger son apnée du sommeil, qui lui gâche la vie.
«On ne m’offre pas le soin de santé dont j’ai besoin», rage Véronique Lacombe.
La quarantenaire a reçu un diagnostic d’apnée du sommeil, il y a cinq ans. Pour l’aider à dormir, elle utilisait la machine CPAP, qui aide à réguler sa respiration. Or, des tests effectués il y a trois ans ont montré que la machine ne fonctionne que partiellement en raison d’une malformation de sa mâchoire.
«Elle est trop reculée, ça vient tout comprimer», dit la mère de deux enfants de 10 et 13 ans, qui est fatiguée en permanence.
«Je n’ai plus de qualité de vie, je suis tout le temps fatiguée! J’ai de la misère à tenir mes journées de travail, c’est l’enfer. Avant, j’étais super active.»
Elle doit d’abord payer
Mme Lacombe doit subir une chirurgie pour dégager ses voies respiratoires. Or, trois spécialistes en chirurgie maxillo-faciale de Montréal ont refusé de l’opérer tant qu’elle ne subit pas préalablement un traitement orthodontique qui rendrait le traitement «optimal», lui a-t-on dit.
Estimation récente du coût du traitement: 11 700$, non remboursé par le régime public.
«On me dit carrément: “Débrouille-toi pour financer tes affaires. [...] On me refuse, c’est non discutable.” Sinon, on me dit d’aller voir ailleurs», déplore celle qui a consulté trois médecins.

Pourtant, l’orthodontie est parfois remboursée par le public dans certains cas spécifiques (comme des cancers).
«Si mon traitement est à ce point nécessaire, je ne comprends pas qu’il ne soit pas couvert», déplore Mme Lacombe.
La femme n’a pas d’assurance privée pour rembourser l’orthodontie et n’a pas les moyens de payer. En plus, elle s’est fait dire que le but du traitement est aussi esthétique.
«Les chirurgiens me disent que je vais le regretter plus tard si je ne le fais pas. Moi, je me fous éperdument du résultat esthétique! jure la femme qui a déjà eu un tel traitement durant cinq ans par le passé. J’ai 45 ans. Si je fais de l’orthodontie, je vais être rendue à 50 ans! Je regarde le temps passer et je trouve ça tellement ridicule.»
Pas d’aide de la RAMQ
Fâchée de cette situation, Mme Lacombe a écrit en janvier dernier au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) et à la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) pour obtenir de l’aide.
Le sous-ministre adjoint du MSSS a répondu qu’il ne peut se prononcer sur la nécessité de traitements orthodontiques en prévision d’une chirurgie. De son côté, la RAMQ évoque qu’elle n’est pas responsable du choix de la couverture des traitements et renvoie la balle au MSSS.
«Ni un ni l’autre ne veut répondre, donc c’est pratique de se renvoyer ça, dit-elle. Je ne dois pas être la seule dans ma situation! Ils prennent les gens en otage», déplore-t-elle.
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