Dominique Pétin parle de l’importance de la série Pour toi Flora
Daniel Daignault
Dominique Pétin aura un défi intéressant à relever cet automne puisqu’elle sera de la distribution de la pièce Génération Danse, dans laquelle elle va incarner une danseuse de ballet... âgée de 12 ans! Rencontre avec une femme et comédienne qui croque dans la vie à pleines dents.
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Dominique, vous incarnerez une jeune danseuse au théâtre cet automne. Parlez-nous de ce rôle...
Je joue Zouzou, une jeune fille de 12 ans, danseuse étoile prépubère qui est toujours la bonne deuxième. En fait, dans Génération Danse, on incarne toutes des filles de cet âge-là. La pièce a été écrite comme ça, pour que les personnages soient interprétés par des femmes de 40, 50, 60 ans. C’est une troupe de danse qui se promène de concours en concours. Dans mon rôle, j’ai 12 ans, mais en l’espace d’une réplique, on peut voir quelle femme Zouzou est devenue et le regard qu’elle pose sur elle-même. C’est une pièce féministe très particulière, étrange même, mais avec une capitaine comme Sophie Cadieux, qui signe la mise en scène, ça va devenir d’une limpidité incroyable.
Quel genre d’adolescente étiez-vous à cet âge-là?
J’ai suivi des cours de ballet, justement. Je savais bien que je n’avais pas le profil, mais j’avais envie de savoir comment on se sent quand on danse ça. D’ailleurs, j’ai continué à en faire les fins de semaine. À 12 ans, j’étais un peu complexée. Ce n’est pas la période de la vie où on se sent le mieux. Je regarde des photos de moi à cet âge, et je confirme que je n’étais pas à mon meilleur! (rires) Mais j’étais une enfant heureuse et joyeuse. Je suis contente de revisiter cette période de l’adolescence où on est vraiment vulnérable.
Avez-vous beaucoup de travail d’ici là?
Je travaille beaucoup à l’École nationale de théâtre maintenant, où je suis coach de jeu, et je vais tourner en Islande durant cinq jours à la fin juin, pour le film Le temps, de François Delisle. Je vais aussi jouer dans la série Web Cœur vintage, d’Émilie Bibeau, où je forme un couple avec Anne-Marie Cadieux. Ça ne sera pas plate! Je vais donc avoir des tournages, mais je n’en suis pas si friande. Je suis plus une fille de théâtre, de coaching, d’enseignement. J’aime jouer des personnages à la télé, mais je n’insiste pas. Quand je le fais, c’est parce que j’ai un coup de cœur et que ça me tente. Et je suis super à l’aise avec ça. Il y a eu des moments dans ma vie où j’ai adoré jouer à la télé, mais depuis une dizaine d’années, ça m’appelle moins.
Revenons sur la série Pour toi Flora. Ce rôle a vraiment été marquant pour vous, n’est-ce pas?
Ce projet était absolument incontournable. Pour moi, c’était aussi un rendez-vous avec la maîtrise du jeu, c’est-à-dire la nudité au sens figuré du terme, ce que j’avais vraiment envie d’explorer. Il fallait enlever la beauté et la coquetterie, tout ce qui était superflu et de l’ordre de la féminité. C’était un plongeon en apnée dans des zones douloureuses, difficiles. C’est spécial, parce que quand j’ai fait l’émission Les enfants de la télé, j’ai réalisé, avec les extraits présentés, que j’ai joué dans beaucoup de drames au petit écran. Pour toi Flora est un exemple de plus. Ç’a été un projet unique, qui a touché énormément de personnes de façon extraordinaire, particulièrement des gens dans les réserves, dans les communautés autochtones. Le mardi soir (lorsque Pour toi Flora était diffusée), j’étais en poste pour recevoir les messages des gens sur les réseaux sociaux.
En avez-vous reçu beaucoup?
Énormément. C’étaient des messages auxquels on ne peut pas simplement répondre avec un «J’aime». Quand tu te fais dire, par exemple: «Je comprends mieux ma mère, le silence de ma grand-mère...» Je pense que cette série a créé un pont et révélé des choses que certains ne savaient pas. Ç’a été un grand, grand bonheur. J’ai été contente de faire Pour toi Flora, mais aussi de finir ce tournage, qui était exigeant et douloureux pour moi.
Auparavant, l’actrice jouait plus au petit écran. On a pu la voir, entre autres, dans La promesse (de 2005 à 2012), dans le rôle de Justine.
Elle adore jouer au théâtre. On la voit ici avec Marcel Leboeuf dans la comédie Un homme, deux patrons, en 2013.
Évidemment, ce rôle vous parlait particulièrement. On peut dire que c’était un cadeau du ciel!
C’était inattendu. Quand la proposition est arrivée et que j’ai lu le scénario, j’ai fondu en larmes. Ça m’a comblée, mais je n’aime pas beaucoup qu’on parle des rôles comme étant des cadeaux. Je pense que les rôles qu’on décroche sont à nous et qu’on les mérite.
La série s’illustre sur la scène internationale...
Oui, on a gagné des prix importants: un à Cannes et un autre à Londres. Comme on a gagné à Londres, ça rend notre projet éligible aux Emmy Awards, et ma candidature comme actrice s’y est même glissée! Je suis contente qu’il y ait eu un rayonnement de la série à l’étranger. J’en suis très fière.
Trouvez-vous qu’on fait beaucoup plus de place aux autochtones depuis quelques années, qu’on parle d’eux beaucoup plus qu’avant?
Oui, et ça ne m’étonne pas de la part des Québécois, parce qu’ils sont très ouverts d’esprit et accueillants envers les communautés. Ça m’émeut beaucoup. Si ma mère voyait ça, elle serait heureuse. Dans toutes les sphères — musique, architecture, cinéma —, il y a une explosion de talents qu’on ne voyait pas avant. Cette nouvelle réalité fait en sorte que ce n’est plus un peuple invisible. C’est un peuple fier, qui prend sa place et qui va la prendre de plus en plus. Heureusement pour nous, c’est un peuple pacifiste, donc les choses se font dans le calme. Il y a des revendications qui pourraient se faire de façon beaucoup plus politique et agressive, comme ce qu’on voit au Canada anglais. Mais au Québec, la vibe n’est pas la même.
Dans un autre ordre d’idées, comment va votre famille?
Tout le monde va bien. J’arrive d’un beau voyage de trois semaines avec mon amoureux. On a fait les trois plus belles villes du monde: Paris, Londres et Berlin. Et j’ai de beaux projets professionnels, de belles rencontres. La vie me comble... Je n’ai pas toujours dit ça, mais là, la vie me comble.
Génération Danse sera présentée du 10 octobre au 18 novembre au théâtre La Licorne (theatrelalicorne.com). Pour toi Flora est sur Tou.tv Extra.