Déforestation et destruction: doit-on s’inquiéter du sort de la forêt amazonienne?
Maxime Auger
Déforestation, incendies, étalement urbain, agriculture: la forêt amazonienne ne cesse de perdre du terrain, au point où sa survie est menacée.
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La plus grande forêt tropicale du monde, dont 60% de la superficie se trouve au Brésil, pourrait disparaître d’ici 50 ans et se transformer en une savane aride, prévient une étude parue en mars dernier dans la revue Nature Communications.
Régulièrement, l’Amazonie revient dans l’actualité et on s’inquiète de sa santé sur les réseaux sociaux et dans les médias. L'AFP rapportait justement cette semaine que la déforestation en Amazonie avait atteint 513 016 km2 entre 2000 et 2018, une surface aussi grande que l'Espagne.
La déforestation en Amazonie entre 2000 et 2018 a atteint 513.016 km2, une surface aussi grande que l'Espagne, amputant de 8% la plus grande forêt tropicale du monde, selon un rapport publié mardi #AFP pic.twitter.com/LZmPfDo9hY
— Agence France-Presse (@afpfr) December 9, 2020
Stockage de carbone
Grâce à leur capacité à absorber le carbone dans l’air, les forêts comme l’Amazonie jouent un rôle essentiel dans la lutte mondiale au changement climatique.
Pendant le processus de photosynthèse, l'arbre capture avec ses feuilles ou ses aiguilles le gaz carbonique (CO2), l'un des gaz à effet de serre (GES) qui contribuent au réchauffement global de la planète.
Le carbone, qui intervient dans la croissance de l'arbre, est emprisonné dans les racines, le tronc ou les branches, alors que l'oxygène (O2) est rejeté dans l'atmosphère.
Mais lorsque l'arbre meurt, à cause de la déforestation ou encore d’incendies, il rejette le carbone auparavant absorbé, ce qui constitue une bien mauvaise nouvelle pour la planète.
Destruction record en 2020
Fin novembre, l’Institut national de recherches spatiales (INPE) brésilien annonçait qu’un total de 11 088 km2 de forêt avaient été détruits en Amazonie depuis le début de l’année en raison de l’activité humaine, un sommet depuis 2008.
Le président Bolsonaro, coupable?
Le président brésilien Jair Bolsonaro, un climatosceptique notoire, encourage, avec ses politiques, la déforestation de l’Amazonie, déplorent des groupes écologistes.
Ses politiques encouragent le déboisement de la forêt amazonienne au profit de l’agriculture (culture du soja et du maïs) et des activités minières.
Le gouvernement, qui a essuyé de nombreuses critiques de la communauté internationale au sujet de sa gestion environnementale, a également réduit le financement de programmes visant la protection de l’environnement.
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Biodiversité menacée
La destruction de la forêt amazonienne menace la biodiversité très riche de cette région du monde.
«On ne sait pas quelles sont les espèces qui sont perdues» à cause de la déforestation, mentionne Mark Purdon, professeur au département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’UQAM.
De nombreuses communautés autochtones, qui dépendent de la forêt pour survivre, sont également affectées par les activités forestières.
Reboisement: bon pour la biodiversité?
Peut-on espérer réparer les erreurs du passé et faire revivre les portions de l’Amazonie qui ont été détruites par la déforestation? Si l’idée peut sembler attrayante, elle serait difficilement réalisable.
«Reboiser, ce n’est pas si facile, affirme M. Purdon. Je ne suis pas sûr qu’on soit capables de restaurer la biodiversité d’origine.»
En raison de la pluralité des espèces végétales qui se retrouvent en Amazonie, il est difficile, même pour les spécialistes, de comprendre à 100% la biodiversité présente dans cette région du monde, ajoute-t-il.
Au moment de reboiser, les espèces d’arbres qui poussent rapidement, comme le pin, sont souvent préférées aux essences d’origines, ce qui a des effets néfastes sur le monde animal.
«Les arbres sont là, mais ce ne sont pas les espèces locales», note M. Purdon, qui a notamment réalisé des travaux en République tchèque et en Tanzanie.
... et pour l’environnement?
Un reboisement de l’Amazonie, même imparfait, pourrait néanmoins permettre d’absorber davantage de GES et ainsi contribuer positivement à la lutte aux changements climatiques.
Retrouver ce qui a déjà été perdu en Amazonie relèverait toutefois de l'exploit.
– Avec les informations de l’AFP