Doit-on aller chercher sa 4e dose tout de suite ou attendre?
Andrea Lubeck
Tous les adultes de 18 à 59 ans peuvent désormais prendre rendez-vous pour recevoir leur quatrième dose de vaccin contre la COVID-19. Est-ce que ça veut dire qu’il faut aller la chercher le plus rapidement possible? Des experts se prononcent.
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«Il n’y a pas d’urgence», affirme Alain Lamarre, professeur-chercheur en immunologie et virologie à l’Institut national de la recherche scientifique.
«Une personne âgée de moins de 60 ans, en bonne santé et qui a reçu ses trois doses il y a moins de six mois est encore bien protégée contre les formes sévères de la maladie. Elle n’est pas bien protégée contre l’acquisition de l’infection, mais ça se traduit par une forme bénigne de la maladie», poursuit-il.
S’il n’y a aucune contre-indication pour la deuxième dose de rappel, le Comité d’immunisation du Québec (CIQ) n’a cependant pas émis de recommandation pour les personnes de ce groupe d’âge, ce que le ministère de la Santé et des Services sociaux mentionne également.
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Une possible septième vague?
Comme la sixième vague commence à s’essouffler et que le beau temps s’en vient, amenant avec lui une accalmie permettant de garder le contrôle sur les infections, il n’est donc pas nécessaire de recevoir la quatrième dose de vaccin tout de suite.
Mais la réponse risque de changer à l’approche de l’automne, prévient Benoit Barbeau, professeur au Département des sciences biologiques de l’UQAM et spécialiste en virologie.
C’est qu’il est «probable», selon le directeur national de santé publique par intérim, Dr Luc Boileau, qu’une septième vague nous frappe à l’automne, alors que les températures seront en baisse et que l’on passera plus de temps à l’intérieur.
«La question, ce n’est pas: “Est-ce qu’il y aura une septième vague?” C’est plutôt: “Quand aura lieu la septième vague?” On doit se préparer pour ça», a ajouté le Dr Jean Longtin, médecin microbiologiste au ministère de la Santé et des Services sociaux, en conférence de presse mercredi.
Le Dr Boileau n’a pas exclu d’ajuster une «série de mesures» et de demander un «nouvel effort de vaccination» à ce moment.
«Si on commençait à administrer la deuxième dose de rappel maintenant, on serait un gros trois mois en avance sur la prochaine vague si bien que l’impact de la dose de rappel serait perdu», précise Benoit Barbeau.
Un vaccin adapté d’ici là?
Et avec un peu de chance, les fabricants de vaccins auront mis au point un vaccin adapté aux nouveaux variants d’ici l’automne de même que de nouvelles façons d’administrer le vaccin, par exemple par voie intranasale, fait valoir le professeur.
«La deuxième dose de rappel a un impact, dit-il, mais pas aussi grand que le premier rappel. On est à un autre niveau en matière de variabilité du virus, mais aussi dans sa capacité de se transmettre d’une personne à l’autre. Ce sont deux facteurs qui influencent l’efficacité des vaccins.»
Comme les vaccins ont été conçus à partir de la souche originale du virus, ils ne permettent malheureusement plus de limiter la propagation et l’infection, précise à son tour Alain Lamarre.