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La primaire populaire en France envenime les divisions à gauche

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Agence France-Presse

2022-01-31T18:58:15Z
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Les candidats de gauche à l'élection présidentielle en France se chamaillaient lundi sur leur légitimité respective, au lendemain de la victoire de l'ancienne ministre de la Justice Christiane Taubira à la «primaire populaire», consultation citoyenne censée promouvoir l'unité d'un camp très affaibli.

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Les sondages donnent invariablement une gauche éliminée dès le premier tour, comme en 2017, et à un niveau historiquement bas, seul Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise, gauche radicale) approchant les 10%.

Pour conjurer ce risque, 392 000 sympathisants de gauche ont voté par internet de jeudi à dimanche, en attribuant une mention, allant de «très bien», à «insuffisant», à chacune des sept personnalités proposées, y compris M. Mélenchon et les candidats écologiste Yannick Jadot et socialiste Anne Hidalgo, qui ont pourtant tous les trois récusé cette consultation.

Sans surprise, c'est Mme Taubira, la responsable la plus importante inscrite de son propre chef, qui l'a emporté, et son appel au rassemblement derrière sa candidature s'est heurté au rejet unanime de ses concurrents.

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«Elle a enfilé la chaussure qui a été préparée pour elle, je ne suis pas concerné», a répliqué Jean-Luc Mélenchon, tandis que Yannick Jadot comme Anne Hidalgo déploraient «une candidature de plus» à gauche, soit l'inverse de l'objectif recherché. 

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Christiane Taubira leur a reproché lundi un comportement «extrêmement irrespectueux» envers les près de 400 000 votants, tandis que le candidat communiste Fabien Roussel excluait de se rallier à elle. Tout comme Anna Agueb-Porterie, arrivée en 7e position à la «primaire populaire» qui a annoncé soutenir le «programme de ruptures, capable de gagner» porté par Jean-Luc Mélenchon.

Cette primaire populaire représente «un succès citoyen et un échec politique», explique à l'AFP le politologue Gilles Finchelstein, directeur général de la Fondation Jean Jaurès.

«Il n'y aura pas une candidature unique à gauche et il y aura vraisemblablement une candidature de plus à gauche», résume-t-il.

«Mobilité électorale très forte»

«L'ambition d'avoir une candidature pour l'ensemble de la gauche est une illusion», estime Gilles Finchelstein, considérant qu'un rassemblement dans ces conditions «aurait été trop hétéroclite».

«Ce qui aurait changé vraiment les choses, c'est qu'il y ait une candidature unique, disons de la "social-écologie", de Jadot à Hidalgo, mais je ne vois pas comment cela va se produire», ajoute Gilles Finchelstein.

Figure populaire à gauche - notamment pour avoir porté la loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples homosexuels, adoptée en 2013 - l'ancienne ministre de la Justice «a bénéficié du vote au jugement majoritaire» ou «vote préférentiel», selon Rémi Lefebvre, professeur de sciences politiques à l'Université de Lille (Nord).

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«Christiane Taubira qui clive peut-être moins par exemple qu'un candidat comme Jean-Luc Mélenchon est apparue plus centrale», relevait-il dimanche soir sur France 5.

Le débat à gauche se cristallise sur «des petites différences» sur certaines questions comme la laïcité, malgré de nombreuses «convergences» sur de nombreux sujets comme l'écologie, l'augmentation du pouvoir d'achat, et même sur l'Europe, soulignait-il.

«Ce que révèle ce débat ce sont des luttes de frontières» au sein de la gauche, mais aussi sur l'ensemble de l'échiquier politique depuis l'irruption d'Emmanuel Macron et son élection en 2017, selon lui.

Un sondage «rolling» Ifop-Fiducial publié lundi crédite Jean-Luc Mélenchon de 9,5% des intentions de vote, en recul d'un point sur une semaine.

Yannick Jadot stagne à 5%, devant Christiane Taubira qui gagne un point (4%), au lendemain de sa victoire à la primaire populaire, et Anne Hidalgo et Fabien Roussel, au coude à coude à 3,5%, selon cette enquête.

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Pour Gilles Finchelstein, «on reste dans un moment dans lequel la mobilité électorale est très très forte, rien n'est figé».

Dans les dernières études de la fondation Jean Jaurès, entre mi-décembre et mi-janvier, «il y a 28% des Français qui ont changé d'avis», indique-t-il, «28% en un mois, c'est absolument considérable et d'expérience on sait que maintenant cette mobilité dure jusqu'au scrutin donc il y a encore du jeu pour tout le monde».

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