Publicité
L'article provient de 7 jours
Culture

Diane Dufresne et Richard Langevin célèbrent 28 ans d’amour et de passion

Partager

Michèle Lemieux

2023-07-12T10:00:00Z
Partager

Selon le principe de la synergie, Diane Dufresne et Richard Langevin se dynamisent, se propulsent, se renforcent. Ensemble depuis 28 ans, les deux artistes s’inspirent dans la vie comme dans leur art. C’est au Centre d’art Diane-Dufresne, à Repentigny, où le sculpteur nous propose l’exposition Continuum, que nous les avons rencontrés.

• À lire aussi: Plus de détails sur la nouvelle conjointe d’Éric Lapointe

Monsieur Langevin, quelle a été l’inspiration pour l’exposition Continuum?
C’est comme un retour aux sources. La pandémie m’a permis de revenir à des choses que j’aime faire. En prenant de l’âge, on veut surtout faire des choses qu’on aime. Personnellement, j’ai toujours aimé patenter, bidouiller, monter des affaires. Cela me vient de loin, c’est-à-dire de ma jeunesse au Saguenay. Les gens n’avaient pas le choix. Ils bâtissaient des camps en bois, allaient à la pêche, s’organisaient. Je me souviens que mon père avait patenté un petit truc qui a été un véritable déclencheur pour moi. J’ai toujours aimé les choses en équilibre, en tension, dangereuses. J’aime qu’on ressente quelque chose à côté d’une œuvre, d’une sculpture, d’un environnement ou même d’un spectacle. Je me rappelle quand, adolescent, j’ai décidé que je voulais faire ça. Pour moi, l’école régulière, ce n’était pas satisfaisant. J’ai décidé d’aller vers mon plaisir et de le développer en le faisant sérieusement, en faisant des études. L’étude m’a aussi permis de devenir professeur et d’en vivre.

Publicité

Continuum serait-elle un bilan, en quelque sorte?
Oui, une sorte de bilan artistique sur la création. C’est en continuité. Ça tient compte du passé sans que ce soit une rétrospective. Rétrospectif sonne retraite. Je préfère tenir compte de ce que j’ai fait et y ajouter des choses nouvelles. Nous sommes la somme de tout ce que nous avons fait, des gens que nous avons rencontrés, des événements de la vie, des bonnes et mauvaises choses que nous avons vécues. J’ai d’ailleurs fait un babillard, avec des lignes comme en font les détectives, et qui suit la ligne rouge de la vie.

Sur le babillard, par ailleurs, il y a une grande ligne verte verticale qui délimite un avant et un après votre rencontre avec Diane, votre conjointe.
Oui, la moitié de mon babillard se passe en région, jusqu’au jour où j’ai décidé de venir à Montréal avec le Collège de Jonquière pour enseigner les nouvelles technologies. C’était en 1992. À Montréal, j’avais un voisin qui réalisait des vidéoclips. Il devait tourner l’un des premiers clips québécois de Diane Dufresne. J’avais vu tous ses spectacles, ou presque. J’étais un grand fan et un amoureux de tout ce qu’elle faisait. Avec Softimage, nous avons proposé de nous impliquer dans le projet, car nous avions toute la technologie pour créer des images 3D. C’était nouveau. Cela m’a permis de rencontrer Diane sur le plateau de tournage.

Est-ce que ç’a été un coup de foudre?
Quand je l’ai rencontrée, ç’a été un coup de tonnerre! (rires) En me rendant au tournage, je me sentais intimidé. Je me trouvais un peu prétentieux d’aller la voir en vrai... En arrivant sur place, il y avait beaucoup de monde et Super Diane était au milieu. J’ai expliqué ce que nous pouvions faire. Par bonheur, j’ai eu la chance de dire une ou deux phrases qui ont marqué des points: que nous pouvions faire plein de choses et que rien n’était impossible. Mon nom de famille a aussi beaucoup aidé: Langevin... Madame lisait beaucoup sur les anges à ce moment-là. J’ai donc eu deux sur deux.      

Publicité

Madame Dufresne, quel est votre point de vue sur cette première rencontre?
C’était une journée où je travaillais. Quand je travaille, je suis très rigoureuse, très sérieuse, mais c’était une journée très joyeuse. J’ai vu un ange arriver dans la porte. Il avait une espèce d’aura. Je lui ai demandé son nom, il m’a dit Richard Langevin. Je lisais la Kabbale depuis plusieurs années et je m’intéressais aux anges. Je ne la lis plus. Il y avait un jeu avec son nom. Il était tellement différent des autres hommes que je lui ai demandé s’il était marié...
Richard: J’avais fait un grand discours devant tout le monde, cette journée-là. Diane, qui trouvait que c’était trop beau pour être vrai, m’a demandé par bravade, à la fin de mon discours: «Êtes-vous marié en plus?» J’ai conclu en disant: «Et en plus, madame Dufresne, je ne suis pas marié.» Ça a fait son effet... (rires)
Diane: Six mois après notre rencontre, nous nous sommes mariés. C’était toujours un jeu pour voir si c’était possible. Je lui disais que j’allais l’épouser si nous arrivions avant minuit à tel endroit, comme Cendrillon. 

Vous lui lanciez des défis?
Oui, pour rire. Pour la vie. Pour le destin. C’était amusant.
R.: Nous nous sommes mariés en Toscane.

Le mariage semble tellement conventionnel par rapport à l’image que nous avons de Diane Dufresne!
D.:
Le mariage n’a pas été conventionnel. Nous nous sommes épousés en Italie. Nous ne savions pas ce que nous disions. Le prêtre pouvait dire n’importe quoi! C’était chez les artistes Fernand Leduc et Thérèse Renaud. Même le jour du mariage, je n’étais pas certaine de vouloir y aller... C’était amusant!
R.: Effectivement, ça a failli ne pas avoir lieu.
D.: C’était devenu compliqué. Tout à coup est apparu un petit chien pas beau du tout. Personne ne le connaissait. Il montait les marches à mes côtés.
R.: Comme s’il disait à Diane: «Viens, tranquillement, on va monter...»
D.: Il m’a accompagnée avec Fernand. Il montait les marches et nous attendait. Il devait y avoir 60 marches. Une fois à l’église, il n’était plus là. Les gens me demandaient: «Mais quel chien?» Ils ne l’ont pas vu. Il est sur une de nos photos, mais personne ne sait d’où il venait. J’avoue que c’est le petit chien qui m’a amenée...
R.: Oui, je me suis marié à cause d’un petit chien! (rires)
D.: Quand je me disais: «Mais pourquoi se marier, ce n’est pas nécessaire», je voyais Richard dans le jardin, patient, tranquille, souriant quand même. Je me suis dit que j’allais l’épouser. 

Publicité
Agence QMI
Agence QMI

Le fait d’être deux artistes au sein de votre couple vous permet-il de vous nourrir l’un l’autre?
D.: Je n’aurais jamais exposé une toile, un dessin sans Richard. Je ne voyais pas pourquoi je m’exposerais davantage. C’est lui qui m’a convaincue en me disant que ça pourrait être amusant pour les gens. Sans lui, je n’aurais pas exposé ce que je fais.
R.: C’est un pacte entre nous de nous encourager mutuellement, de nous soutenir et nous supporter. Je lui ai dit que si elle continuait à faire des spectacles, j’allais toujours être là. Avec son sens critique et son aura de créativité, Diane m’aide beaucoup à aller de l’avant. De son côté, quand je suis arrivé à Montréal, ça la fâchait de savoir que j’avais arrêté d’exposer. Ça pousse par en avant. Il y a une belle synergie entre nous.
D.: C’est vrai, mais ça prend aussi un sens critique.
R.: Diane a l’œil critique. Toute sa vie, elle s’est mise à la place du public, pour éblouir, pour susciter des émotions. Elle voit rapidement des choses que moi, je ne vois pas à cause de mes antécédents universitaires.
D.: J’ai toujours fait des concepts pour le public. Quand je suis centrée sur un spectacle, on ne peut pas m’en faire déroger, de là ma réputation de diva.

Monsieur Langevin: Madame Dufresne est-elle une diva au quotidien?
Elle est une diva pour moi, mais dans le bon sens du terme. C’est une grande dame, une grande interprète comme il ne s’en fait plus. En ce sens, pour moi, c’est la plus grande. Au mot diva sont accolés les mots difficile, capricieux. Que ce soit en groupe, en studio ou sur scène, Diane est la plus gentille, la plus collaborative... à condition que tout le monde aille dans le même sens. Comme elle s’en demande beaucoup, c’est évident qu’il faut que les gens autour suivent. Pour elle, il n’y a pas de demi-mesure.

Publicité

On sent entre vous une réelle admiration.
D.:
Oui, et nous ne sommes pas un couple, nous sommes deux personnes. Richard, le sculpteur, fait des choses exceptionnelles. J’ai filmé son parcours depuis un an et demi.
R.: Dans l’exposition, il y a un document making of et c’est Diane qui l’a filmé.
D.: On le voit travailler le bois, récupérer un arbre centenaire, etc. Il est téméraire. Avec mes spectacles, il est toujours bienveillant, mais dans son art, j’admire son courage, sa force, sa sensibilité. Il aime le bois, la forêt, son histoire. Parfois, ça prend toute une vie pour connaître quelqu’un...

Madame Dufresne, vous avez été la première chanteuse francophone à avoir été honorée au Panthéon de la musique canadienne.
Ils ont quand même choisi une rebelle... C’est bien d’y aller en tant que francophone. Des Québécois anglophones avaient été honorés, Luc Plamondon l’a été à titre d’auteur. La condition sine qua non, c’était de parler en français. J’y allais pour le Québec. C’est ce qui m’a motivée. C’est notre identité. Il ne faut pas l’oublier.

Dario Ayala / Agence QMI
Dario Ayala / Agence QMI

Et vous serez en tournée cet été, si je ne m’abuse?
D.: Oui. Pendant la pandémie, les gens étaient enfermés chez eux. Ils ne parlaient pas beaucoup. Ce spectacle-causerie laisse une place au public. Je suis avec les gens. Je lis une vingtaine de pages que j’ai écrites. J’expose aussi depuis le 24 juin.
R.: Une nouvelle production, un environnement plus mystérieux. Cette fois-ci, ce sont des sculptures qui donnent vie à des monstres. C’est comme une nouvelle civilisation, des tribus qu’on n’avait pas découvertes. C’est pour cette raison que ça s’appelle Artchéologie.
D.: J’ai fait une centaine de monstres. Ce sont de drôles de visages. Quand ils se présentent, je laisse aller ma main, comme disait le frère Jérôme. C’est une joie, c’est une liberté. Il me manque beaucoup. Il nous encourageait à être qui nous sommes. Ça m’a permis de faire beaucoup de choses, d’oser. Oser être qui je suis. Il a commencé à s’éclater à 70 ans. La vieillesse permet une grande liberté. Les gens ne veulent jamais entendre parler de la vieillesse, mais il faut en parler. Elle n’est plus ce qu’elle était. Il faut l’inventer.

Nous avons tellement besoin de modèles sur ce plan!
Moi, j’ai la tête encore plus allumée. J’ai encore beaucoup de choses à faire. Je ne sais pas lesquelles, mais je compte les faire. Ça évolue. À l’adolescence, le corps se transforme. Quand on est vieux, tout tombe. Le corps plisse, mais pas la tête. Au contraire!     

Rétrospective de sa carrière de sculpteur et de créateur, l’exposition Continuum, de Richard Langevin, se tient au Centre d’art Diane-Dufresne jusqu’au 1er octobre 2023. Il y présente des installations d’envergure, inspirées de la nature.
Depuis le 24 juin, au même endroit, Diane Dufresne présente
Artchéologie, sa première exposition de sculptures.

À VOIR AUSSI: 22 couples de vedettes québécoises qui ont conjugué amour et travail

Publicité
Publicité