Devrait-on continuer de porter le masque après le 14 mai?
Claudie Arseneault
Même si le port du masque ne sera plus obligatoire dans la majorité des lieux publics au Québec à compter du 14 mai, des experts suggèrent de ne pas vous débarrasser de vos couvre-visages trop vite. La pandémie est imprévisible et le virus, toujours présent. On fait le point.
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La levée du port du masque est-elle une bonne idée?
Alors que le Québec est l’un des derniers endroits dans le monde à toujours imposer le masque, l’annonce de la fin de cette mesure était inévitable, affirme Benoit Barbeau du Département des sciences biologiques de l’UQAM et expert en virologie.
«Après 22 mois d’obligation de port du masque et après avoir reporté la fin de cette mesure à deux reprises [en avril puis en mai], le temps était venu», soutient le virologue. Avec un taux de vaccination élevé et la sixième vague qui est maîtrisée, «le temps est bien choisi», ajoute-t-il.
Alain Lamarre, expert en immunologie et virologie à l'Institut national de la recherche scientifique (INRS), partage cet avis. Il ajoute que le Québec «ne peut pas garder des mesures comme celle-là en permanence».
Est-ce qu'on aurait dû attendre quelques semaines de plus?
Pour Benoit Barbeau, c'est le bon moment pour le faire.
«Même si on aurait pu le garder en place encore deux ou trois semaines, il faut que la population suive, et actuellement il y a un essoufflement. Les gens sont vaccinés, ils ont eu une première dose de rappel. Ils n’ont plus d’incitatif. Ils considèrent qu’ils ont fait leur devoir», explique le virologue.
Même si les nouveaux cas de COVID-19 sont légèrement en baisse depuis quelques jours, le virus circule toujours au Québec, précise pour sa part Alain Lamarre. Bien qu’il ne soit pas contre la levée du port du masque le 14 mai, il appelle donc à la prudence.
«Nous sommes au sommet de la sixième vague, même si ça commence à diminuer, et il faut rester conscient de ça», insiste-t-il.
En effet, une étude du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO) estime entre 27 000 et 53 000 le nombre de nouveaux cas quotidiens de COVID-19 du 21 au 26 avril. Et selon Alain Lamarre, il y aurait encore des dizaines de milliers de nouveaux cas de COVID-19 chaque jour au Québec.
«C’est au tour de la population de prendre des mesures pour sa propre sécurité, que ce soit le port du masque ou la vaccination. Avec moins de gens qui portent le couvre-visage, on va perdre en efficacité. La vaccination reste le meilleur moyen de se protéger contre les complications graves de la maladie», mentionne-t-il.
Devrait-on continuer de porter le couvre-visage?
Les deux experts sont unanimes: même s’il n’est plus obligatoire, le masque va rester une manière efficace de se protéger contre le virus.
«Pour quelqu’un qui est à l’aise de le porter, il peut sécuriser. Tout dépend du degré de tolérance au risque», souligne Alain Lamarre.
Et lui, le portera-t-il après le 14 mai? «Probablement, tant que le virus circule. La situation épidémiologique peut changer d’ici 10 jours, mais si ça ressemble à la situation actuelle, je le porterai lorsqu’il y a beaucoup de gens dans un petit espace, par exemple», dit-il.
Quant à Benoit Barbeau, il cessera de systématiquement porter le couvre-visage dans les lieux publics, mais il en aura toujours un dans ses poches, qu’il pourra sortir au besoin. Il invite d’ailleurs la population à garder leurs masques pas trop loin.
«Il y a une possibilité que le masque soit réutilisé comme mesure s’il y a une hausse rapide de cas ou dans le cas d’une septième vague à l’automne, avance-t-il. Devant l’inconnu c’est mieux de prendre certaines précautions. Et le port du masque est plus facile à digérer que les autres mesures obligatoires.»
Qui devrait porter le masque, et quand?
Après le 14 mai, le port du couvre-visage restera obligatoire dans les transports en commun, de même que dans les hôpitaux et les CHSLD.
Le masque devrait d’ailleurs continuer d’être porté lorsqu’on est en présence de personnes vulnérables, ajoute Alain Lamarre. Il pense notamment aux personnes qui suivent un traitement contre le cancer ou qui souffrent d’une maladie auto-immune et les personnes âgées.
Même son de cloche de la part de Benoit Barbeau: si vous êtes malade ou vulnérable, portez le masque. «Sinon, vous avez plus de chances de développer des symptômes graves. Si vous êtes dans une petite pièce de sous-sol avec 20 personnes et une personne contagieuse, vous êtes à risque», conclut-il.