Devenu père à 40 ans, Mathieu Baron estime que son fils l’amène à voir la vie différemment
Daniel Daignault
Mathieu Baron vit actuellement l’une des belles périodes de sa vie, tant sur le plan professionnel que sur le plan personnel. Dès septembre, on retrouvera le comédien dans le rôle de Maxime Dubois dans Indéfendable. Pour l’instant, le comédien savoure pleinement le bonheur d’être devenu père pour la première fois en février dernier, quelques semaines après avoir célébré ses 40 ans. Les astres sont alignés, et ils brillent fort pour Mathieu Baron!
Mathieu, tu as eu 40 ans en décembre. Est-ce que tu t’étais fixé des objectifs avant d’atteindre cet âge, comme celui d’avoir un enfant?
Non. En fait, quand j’étais plus jeune, je voulais des enfants. J’ai toujours eu de la facilité avec eux. Mais au cours des quatre ou cinq dernières années, je n’en voulais plus. C’était personnel comme choix. Dans la société actuelle, j’étais peut-être moins à l’aise de mettre un petit être humain au monde. Mais ça a l’air que ma conjointe m’a convaincu d’en avoir un!
Effectivement, et tu es visiblement très heureux d’être père, ce qui ne s’est toutefois pas fait sans quelques changements.
Oui, et tout s’est fait assez rapidement. L’annonce de l’enfant, la vente de mon condo en ville et le retour en banlieue... Donc, maintenant, c’est: maison, pick-up, deux chiens et une carte Costco! Ça change le beat! (rires)
Quels sentiments éprouvais-tu à l’idée de devenir père?
Qu’on ait un garçon ou une fille, l’important pour ma copine et moi était que l’enfant soit en santé. Ça peut paraître cliché, mais quand on devient le père d’un gars, on pense à faire des sports et des niaiseries avec lui. Mais, ne me demande pas pourquoi, on était convaincus qu’on aurait une petite fille. On lui avait même trouvé un prénom. Et on n’en avait pas pour un gars. La vie a fait en sorte que c’est le petit Cooper qui est arrivé.
Te surprends-tu déjà à anticiper certains moments que tu vas vivre avec lui?
C’est sûr qu’à partir du moment où il va marcher (il a eu six mois le 15 août), il y aura plus de possibilités d’activités. On me dit autour de moi qu’il va commencer à ramper un peu partout et qu’il faudra que je le surveille tout le temps. C’est sûr que j’ai hâte qu’il commence à marcher pour lui mettre des running aux pieds, comme papa (sourire). Chaque jour est synonyme de nouveauté. C’est une adaptation en tant que nouveau parent, mais aussi en tant que couple. Bref, c’est une nouvelle vie.
As-tu découvert de nouvelles facettes de ta personne depuis que tu es père?
Écoute, au premier sourire que j’ai eu de mon fils, le coeur m’a fendu! Là, tu comprends ce que c’est que d’aimer pour vrai. Et oui, c’est sûr qu’au niveau de la sensibilité, c’est autre chose, parce que c’est ton sang, ta chair. À un moment donné, il était tout petit et il a dû subir une prise de sang. Quand il s’est mis à pleurer, je me suis quasiment évanoui... Je n’ai pas tripé pantoute, c’est venu me chercher. C’est des choses qu’on ressent comme parent; il faut le vivre pour le comprendre.
Tu réalises aussi à quel point c’est une chance extraordinaire d’avoir un enfant en santé.
Oui, à 100 %. Et je sais ce que c’est que d’avoir un membre de ta famille qui est différent. (Son jeune frère est atteint d’une déficience intellectuelle, d’autisme et du syndrome de la Tourette.) Donc, c’est évident que ça me trottait dans la tête. Tu fais tous les tests possibles et quand tu te fais dire que tout est beau, c’est un grand soulagement.
Est-ce qu’il fait maintenant ses nuits?
Il nous gâte un peu. Il commence à dormir sept heures d’affilée, ce qui est quand même très bien. Ce n’est pas un bébé difficile: il aime les gens et il est extrêmement curieux. Il veut être présent. Il ne faut pas le prendre et le mettre sur le dos, il veut être face à l’action. Le bruit et les gens ne le dérangent pas. Il est souriant, charmeur. On est très, très contents.
Est-ce que quelque chose t’a marqué en particulier depuis la naissance de ton fils?
Ce qui m’a frappé le plus, quand je suis devenu père, c’est qu’il n’y a pas de break, c’est tous les jours. J’ai été 20 ou 25 ans célibataire ou presque, et maintenant, j’ai quelqu’un dont je dois tout le temps m’occuper. Je suis très chanceux parce que ma conjointe est extraordinaire. Elle l’emmène partout, elle lui fait faire plein de choses. Elle l’a même emmené à l’écurie. (Alexandra est une passionnée de chevaux.) Mais pour revenir à ce que ça change d’être père, c’est que quelqu’un nous attend à la maison tous les jours. Ce n’est pas juste de garder son filleul une fois par semaine. Là, c’est pour toujours.
Tu arrives à concilier ton travail et ta nouvelle vie de père?
Quand j’ai commencé à tourner, les journées où j’avais 30 ou 40 pages de texte à apprendre, je me disais que je ne pouvais pas me réveiller toutes les deux heures, parce que je serais arrivé sur le plateau de tournage brûlé et j’aurais oublié mon texte. Mais ça s’appelle la vie, finalement, et il y a bien pire que ça. C’est de l’adaptation tous les jours. On peut recevoir tous les conseils du monde, tant qu’on ne le vit pas, on ne peut pas comprendre ce que c’est. Au niveau du travail, ça ne change pas grand-chose, à part lorsque je finis de tourner, je ne m’en vais pas dans un restaurant avec l’un de mes chums. Je m’en vais à la maison. Je m’ennuie, j’ai hâte de lui voir la bette, de lui donner un bec plein de bave!
Tu as beaucoup d’amis autour de toi qui ont des enfants?
Oui, énormément.
Et ils t’ont donné des conseils?
C’est sûr. Même avant de devenir père, quand ma conjointe était enceinte. On reçoit tout plein de conseils sur le sujet, parce que ça fait partie des discussions qu’on a, et à un moment donné, on a quasiment le goût de dire aux gens: «OK, j’ai compris, je ne suis pas imbécile»... Mais non, on ne comprend pas tant qu’on ne l’a pas vécu. J’ai pris conscience de ça. J’ai réalisé qu’être père, c’est pour la vie, et que c’est un amour qui est inconditionnel. Je dirais même que c’est plus que ça. L’amour peut être douloureux, éphémère, malhonnête... mais là, c’est mon sang. Si tu me disais que je devais mourir pour mon gars, je le ferais sans réfléchir une seule seconde. C’est extraordinaire de voir comment certains sentiments peuvent être vécus différemment. Je ne veux pas tomber dans le cliché, mais ça m’a amené à voir la vie différemment. D’abord, je me rends compte que c’est une chance d’être père, mais surtout, d’être parent d’un enfant en santé. C’est différent pour chacun, mais pour ma part, je suis content d’être là où j’en suis dans ma vie. C’est-à-dire d’être devenu père, d’avoir la partenaire que j’ai, à la fois comme conjointe et comme mère de notre fils. C’est là qu’on découvre que la richesse, ce n’est pas qu’une question monétaire. C’est merveilleux.
Petit conseil: prends des photos, fais des vidéos, parce que tu verras que le temps file à toute vitesse!
Écoute, il y a des fois où je le couche le soir, et le lendemain matin, quand je vais le réveiller, j’ai l’impression qu’il a changé, qu’il a plus de cheveux que la veille. C’est fou! La vie va vite, et avec un enfant, elle va encore plus vite. Là, je comprends mieux quand les gens me disaient de profiter de chaque seconde. Il vient d’avoir six mois et j’ai l’impression qu’il est né hier. Pendant mes heures d’insomnie, je lui achetais des kits, des vêtements et des souliers qu’il n’a jamais mis parce qu’il grandit trop vite. Je vis au jour le jour, parce qu’avec un enfant, chaque jour est différent. J’accueille ce que la vie me donne, en espérant pouvoir continuer à travailler dans le milieu le plus longtemps possible en ayant du plaisir.
Justement, parlant de travail, tu es en tournage en ce moment sur Indéfendable?
Oui, on a recommencé au début du mois de mai. C’est 150 jours de tournage pour 120 épisodes. Ça va super bien, on a une équipe tissée très serrée, et malgré les grosses journées de travail, on s’amuse beaucoup.
Qu’est-ce qui attend ton personnage pour la nouvelle saison?
Je suis très content. Il y a quelques changements pour Maxime dans toutes les sphères de sa vie. Ça va être intéressant, j’ai de belles couleurs à jouer et j’ai bien hâte que les gens puissent visionner la troisième saison.
Maxime aura une nouvelle femme dans sa vie, n’est-ce pas?
Je ne le sais pas encore... En fait, je le sais, mais je ne peux pas te le dire. (NDLR: dans le spécial 7 Jours Téléromans paru récemment, on a appris que Maxime offrira à Kim (Julie Trépanier) de devenir sa colocataire. Des sentiments amoureux se développeront-ils entre le policier et l’avocate? À suivre.)
Tu peux me dire un mot sur l’émission J’ai frôlé la mort, qui revient pour une troisième saison?
C’est une chance pour moi d’animer ce show-là, qu’on a tourné en juin, bien que je ne me considère pas comme un animateur. Je suis là pour écouter des survivants me raconter des histoires extraordinaires. Certains sont décédés pendant quelques minutes, d’autres sont passés près de mourir... Entendre les leçons de vie qu’ils ont tirées de ces événements-là, c’est comme une thérapie pour moi. C’est enrichissant.
J’ai beaucoup aimé la série documentaire Mathieu Baron: retrouvailles à l’italienne, qui a été diffusée à Canal Vie en début d’année. Ç’a été une belle expérience?
Quelle chance j’ai eue de faire ça! C’était extraordinaire, jamais je n’aurais cru que je ferais un jour une espèce de curriculum de ma vie à 40 ans. J’étais très content aussi que les personnes qui ont écouté la série puissent comprendre mon parcours, pourquoi j’ai habité en Suisse, pourquoi je parle italien... Là, on a compris le pourquoi du comment.
Comptes-tu retourner en Italie un jour?
Oh oui, j’essaie d’y aller au moins une fois par année. Et en plus, je veux présenter à mon garçon la famille qui habite là-bas. Mon père et ma belle-mère sont venus ici, mais ma soeur, qui est en Italie, a eu son deuxième enfant. J’aimerais donc aller présenter Cooper à ses petits cousins.
As-tu d’autres projets en vue?
Oui. Il y en a deux qui sont très concrets, mais je ne peux pas en parler pour l’instant. Je suis très ouvert et disponible pour de nouveaux engagements. Malheureusement, quand tu travailles sur une quotidienne, les gens des autres productions pensent que tu n’es pas disponible, ce qui n’est pas le cas. L’ennemi numéro un d’un comédien, pour les productions, c’est les conflits d’horaires. Mais je le dis haut et fort: je suis très disponible! Et c’est sûr que j’espère avoir la chance de gagner ma vie en faisant ce que j’aime. Mais s’il fallait que je me trouve une autre job demain, j’irais sans hésiter, parce que tout ce qui m’importe est que mon gars ne manque de rien, qu’il soit heureux et qu’il mange à sa faim.
Indéfendable, du lundi au jeudi à 19 h, dès le 9 septembre. La saison 3 de J’ai frôlé la mort est présentée le mardi à 21 h, sur Canal D.