Fleury, un fleuron national
Michel Therrien
Passion et attitude. Ces deux mots décrivent à merveille Marc-André Fleury.
Ça m’a sauté aux yeux pendant le match des Canadiens contre le Wild, mardi : même s’il aura bientôt 38 ans (le 28 novembre), il est encore comme un enfant sur la glace. Ça paraît qu’il s’amuse autant qu’avant. On l’a vu notamment lorsqu’il a taquiné Brendan Gallagher en lui enlevant son casque ou a fait des clins d’œil à la caméra.
«Flower» ressemble toujours au jeune de 19 ans que j’ai connu à ses débuts à Pittsburgh. Dix-neuf ans plus tard, je vois encore en lui la même passion et la même attitude qu’il avait à l’époque.
J’ai été chanceux de diriger un gars comme Marc-André, qui était tellement facile à «coacher». Tous ceux qui l’ont côtoyé vous diront que c’est l’un des meilleurs coéquipiers qu’ils ont eus.
Les gens ne lui donnent pas assez de crédit pour tout ce qu’il a accompli. Et lui est resté humble malgré ses trois coupes Stanley.
À son arrivée dans la LNH, il avait une tonne de pression sur les épaules à cause de son statut de premier choix au total du repêchage de 2003. Je faisais alors partie de l’organisation des Penguins, qui croyaient beaucoup en lui. Le recruteur Gilles Meloche est fier d’avoir poussé l’équipe à le choisir. Il le considère comme l’un de ses fils, il l’adore et il parle toujours en bien de lui. Et avec raison!
On sait que la position de gardien est très difficile sur le corps. S’il est toujours capable de jouer au plus haut niveau, c’est grâce à sa condition physique exemplaire et à son hygiène de vie extraordinaire. Mais encore plus important, c’est grâce à son attitude et à sa passion. Il peut offrir une grande contribution à une équipe comme le Wild par ce qu’il apporte et comment il se comporte. Avec sa carrière digne d’un futur membre du Temple de la renommée, Fleury aurait tous les arguments pour exiger un statut spécial, mais ce serait mal le connaître. Ce n’est pas du tout son genre. Marc-André est vraiment un coéquipier idéal et une personne spéciale.
Je lui souhaite de tout cœur de disputer une 20e saison dans la LNH, ce qui est très rare pour un gardien. Ce serait exceptionnel! Quand tu as une attitude irréprochable comme Fleury et que tu mènes une vie saine, tu es capable d’avoir une longue et belle carrière comme la sienne.
Il pourrait même atteindre le plateau des 1000 matchs, alors qu’il en a actuellement 945 derrière la cravate (ou le plastron, si vous préférez!). Faut le faire! C’est phénoménal.
J’espère aussi pour lui que le Wild réussira à se tailler une place en séries éliminatoires. Peut-être que la victoire contre les Canadiens va relancer le Wild, qui ne connaît pas un bon début de saison. Chose certaine, Fleury n’est pas à blâmer pour ce lent départ, mais plutôt le manque de structure défensive, qui explique le nombre trop élevé de tirs accordés jusqu’à maintenant.
Une attitude irréprochable
Pour gagner au hockey, ça prend de l’attitude. Et ça, Fleury en a en masse! C’est tout un compétiteur. Il a toujours un sourire dans la face, mais il n’aime pas perdre, ce qui fait une de ses forces. C’est un «winner», il veut absolument gagner et il fait tout en son contrôle pour y arriver.
À l’entraînement aussi, il aime «challenger» les autres joueurs pour le bien de l’équipe. Même ses entraîneurs! J’ai toujours aimé essayer de le déjouer dans les pratiques, mais il ne me donnait jamais de chance! Je faisais semblant d’être en maudit. Plus je me fâchais, plus il riait! On peut toujours compter sur lui pour s’amuser et détendre l’atmosphère, mais aussi quand ça compte.
Personnellement, l’attitude a toujours été ma priorité. C’est la chose numéro un au hockey, mais aussi dans la vie en général. Même si ça ne fait pas ton affaire, garde une bonne attitude, ça va te permettre de passer à travers les moments difficiles.
C’est exactement ce qu’a fait Fleury pendant les séries de 2017. Relégué au rôle de deuxième gardien, derrière Matt Murray, il aurait eu toutes les raisons de faire la baboune, mais au contraire, il a conservé la même attitude. Lorsque Murray s’est blessé, il a saisi sa chance et a aidé les Penguins à battre les Capitals en sept matchs au deuxième tour des séries, en route vers sa troisième conquête du précieux trophée.
S’il n’avait pas eu la bonne attitude lorsqu’il s’est fait tasser, il n’aurait pas performé de la même façon. C’est sûr que ça lui faisait mal, mais il ne l’a jamais démontré. C’est tout à son honneur.
Il a vécu une autre déception quand il n’a pas été protégé par les Penguins au repêchage d’expansion et qu’il s’est ramassé à Las Vegas. Il était triste de partir de Pittsburgh, mais il n’a pas chiâlé. Il s’est retroussé les manches et a contribué à amener les Golden Knights jusqu’en finale à leur première année d’existence.
Son départ de Vegas a dû aussi lui faire mal. C’est sûr qu’il était déçu que les Golden Knights préfèrent confier le filet à Robin Lehner, mais ça n’a pas paru parce que son engagement est demeuré le même.
Partout où Fleury est passé, il a laissé sa marque et inspiré ses coéquipiers. Sa passion et son attitude sont les clés de son succès.
Tout le Québec doit être fier de ce petit gars de chez nous. Fleury est un superbe exemple pour la jeunesse.
Je suis fier d’avoir fait partie de son parcours professionnel.