Deux fois plus de cas qu’on pense
Avec les isolements et les tests rapides, impossible d’avoir des chiffres précis pour le bilan du Québec
Clara Loiseau
Le nombre quotidien réel de cas du variant Omicron pourrait être de 40 000 et non de 15 000, estiment des spécialistes.
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« La réalité, c’est qu’on est à 40 000 cas par jour à peu près. Tous les cas asymptomatiques ne sont pas testés. Puis des gens [font des prélèvements] à la maison avec des tests rapides et ne vont pas passer des tests PCR [qui permettraient à Québec de les comptabiliser] », a prévenu la Dre Cécile Tremblay, microbiologiste-infectiologue au Centre hospitalier de l’Université de Montréal, sur les ondes de LCN, dimanche matin.
Après avoir atteint un record officiel de contamination samedi, avec 17 122 cas, la situation semblait s’être très légèrement améliorée dimanche, avec 15 845 nouvelles infections. Toutefois, il faut noter qu’environ 4300 tests de dépistage de moins ont été réalisés par rapport à la veille.
Chiffres non fiables
Mais, pour Cécile Tremblay, les chiffres communiqués chaque jour par le gouvernement du Québec « sont plus ou moins fiables maintenant », puisque de nombreux cas ne sont pas comptabilisés.
Un avis partagé par plusieurs experts, dont l’épidémiologiste Nîma Machouf, qui pense que l’estimation de la Dre Tremblay reflète probablement la réalité.
« Dans une famille où une petite fille amène la COVID à la maison, ils sont cinq sur six à avoir la COVID, mais seule la petite fille est enregistrée à la Santé publique parce que les autres sont restés confinés et ont passé des tests rapides », illustre la spécialiste.
Pour avoir un meilleur portrait de la situation, ce sont les hospitalisations qui constituent un véritable indicateur de gravité, explique Cécile Tremblay.
« On peut les comptabiliser réellement. On n’en manque pas lorsqu’ils sont hospitalisés », indique-t-elle.
Dimanche, le nombre d’entrées dans les hôpitaux était à la baisse pour une deuxième journée de suite, avec 207 admissions, contre 137 sorties. Le 31 décembre, Québec avait rapporté un sommet de 261 admissions.
Malgré tout, le délestage dans les hôpitaux continue de s’accélérer, notamment au CHU de Québec-Université Laval, qui va réduire presque de moitié les rendez-vous médicaux et les activités des salles d’opération cette semaine.
Files interminables
Pour le Dr Jesse Papenburg, infectiologue pédiatrique et microbiologiste de l’Hôpital de Montréal pour enfants, la transmission dans la province est véritablement devenue hors de contrôle.
« C’était prévisible », soutient-il.
Dimanche, bien que le mercure est descendu en dessous de -10 °C, les files d’attente aux cliniques de dépistage ne se désemplissaient pas et l’exaspération était à son comble.
« Ils disent de rester chez vous. Qu’est-ce qu’on fait ici sur le bord de trottoir ? À un moment donné... On est en 2022 et ça frise le ridicule », a lancé un homme rencontré par TVA Nouvelles.
Ce travailleur en construction, qui disait faire de la fièvre, attendait depuis plus de deux heures devant la clinique de dépistage Chauveau, dans l’est de Montréal.
« Quand t’es malade, que tu fais de la fièvre, que t’as des symptômes et pas d’énergie, t’as pas d’énergie d’attendre trois ou quatre heures pour savoir si t’es malade », a-t-il continué très émotif.