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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Destituer Biden? Les clés pour comprendre l'annonce des républicains au Congrès

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Agence France Presse

2023-09-12T19:20:14Z
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Les républicains au Congrès américain ont lancé mardi une enquête autour d'une possible destitution du président Joe Biden, mais une telle perspective reste à ce jour très hypothétique.

• À lire aussi: Le chef de la Chambre des représentants Kevin McCarthy favorable à une enquête en destitution de Joe Biden

Les élus de la Chambre des représentants accusent le dirigeant démocrate d'avoir «menti» au peuple américain sur les affaires controversées de son fils Hunter à l'étranger.

Quelques éléments pour comprendre cette annonce.

Quelle est la procédure ?

La Constitution prévoit que le Congrès peut destituer le président (ou le vice-président, ou des juges fédéraux...) en cas de «trahison, corruption ou autres crimes et délits majeurs».

La procédure se déroule en deux étapes.

D'abord, la Chambre des représentants vote, à une majorité simple, des articles de mise en accusation détaillant les faits reprochés au président: c'est ce qui s'appelle «impeachment» en anglais.

En cas de mise en accusation, le Sénat, chambre haute du Congrès, fait le procès du président.

Au terme des débats, les 100 sénateurs votent sur chaque article. Il faut une majorité de deux tiers pour condamner, auquel cas la destitution est automatique et sans appel.

Autrement, le président est acquitté.

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Jamais un président n'a été destitué dans l'histoire américaine. Trois ont été mis en accusation: Andrew Johnson en 1868, Bill Clinton en 1998 et Donald Trump en 2019 et en 2021. Mais tous ont été finalement acquittés.

Richard Nixon, en 1974, a lui préféré démissionner pour éviter une destitution certaine par le Congrès, en raison du scandale du Watergate.

Le Sénat américain est actuellement aux mains des démocrates, ce qui rend une destitution de Joe Biden lui aussi très improbable.

  • Écoutez la chronique politique américaine avec le professeur Luc Laliberté via QUB radio :

Pourquoi maintenant ?

L'aile trumpiste du Parti républicain pousse pour la mise en accusation du président Biden depuis son élection.

Après avoir décroché la majorité à la Chambre des représentants début janvier, les républicains ont lancé une série d'investigations parlementaires sur l'entourage du dirigeant démocrate.

Ces élus ont «identifié des allégations sérieuses et crédibles sur la conduite du président Biden», motivant désormais l'ouverture de cette enquête en destitution, a assuré leur chef, Kevin McCarthy.

Président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy a été élu au prix de nombreuses concessions avec l'aile trumpiste de son camp. Or l'élu de Californie risquait d'«être remplacé au poste de speaker» s'il ne validait pas cette enquête réclamée depuis si longtemps, décrypte le politologue Larry Sabato auprès de l'AFP.

Les démocrates accusent quant à eux cette procédure d'être menée à des fins politiques, à un peu plus d'un an de la présidentielle américaine.

Les républicains ont fait de la Chambre des représentants "une antenne" de la campagne de Donald Trump, a lancé l'équipe du président Joe Biden, candidat à sa réélection.

Car le démocrate pourrait à nouveau affronter son rival républicain Donald Trump -- inculpé quatre fois ces derniers mois, mais favori des primaires républicaines -- en novembre 2024.

Quelles conséquences?

«Je pense que cela pourrait se retourner contre les républicains», prédit le professeur Larry Sabato, estimant qu'il existe «peu, voire aucune preuve», pour défendre leur enquête.

L'image de droiture que Joe Biden a tenté de se forger pourrait cependant être froissée à force d'auditions télévisées sur les affaires de son fils.

Sur un plan législatif, cette procédure pourrait tendre encore davantage les relations entre les deux partis au Congrès.

Or démocrates et républicains doivent à tout prix trouver un compromis sur le plan budgétaire: les élus du Congrès ont jusqu'au 30 septembre pour adopter un nouveau budget de l'État fédéral -- sans quoi ils risqueraient un assèchement des finances publiques.

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