Desserte des banlieues: Marchand «surpris» de l’abandon des voies réservées

Bruno Marchand s’est dit «surpris» de la décision du gouvernement Legault d’abandonner les 104 km de voies réservées qui étaient censées améliorer la desserte des banlieues de Québec.

Le maire de Québec a réagi vendredi matin, par voie de déclaration, à la nouvelle publiée jeudi soir sur le site du Journal. On y apprenait l’abandon pur et simple de ce mégaprojet qui était évalué à 844 M$ en 2021.

«Je suis surpris par cette décision. Le Réseau de transport de la Capitale (RTC) planifie et investit depuis quatre ans en fonction des voies réservées qui avaient été annoncées. Il faut maintenant repenser tout ça», a soutenu le maire sans préciser la hauteur des sommes déjà décaissées par le RTC depuis la première annonce du projet, en avril 2021.

M. Marchand a ajouté «qu’heureusement, il y a 30 km de voies réservées prévues dans le Plan Cité [de CDPQ Infra]. Nous allons nous assurer qu’elles verront le jour comme prévu parce qu’un transport par bus efficace dans la périphérie est absolument nécessaire pour lutter contre la congestion partout dans la ville».

Abandon discret

L’abandon du projet de voies réservées était discrètement inscrit dans le Plan québécois des infrastructures (PQI) 2025–2035, rendu public mardi en même temps que le budget de fonctionnement du Québec. Mais le gouvernement Legault n’a fait aucune annonce formelle à ce sujet.

Dans sa déclaration, Bruno Marchand ne dit pas à quel moment précis il a appris la nouvelle du largage du projet. Jeudi après-midi, lorsque Le Journal a posé les premières questions à ce sujet au cabinet, l’équipe du maire ne semblait pas au courant de l’information.

Vendredi matin, au cabinet de la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, on a mentionné que «le PQI fait partie du budget. Donc, il n’y avait rien qui pouvait être dévoilé avant 16h mardi, moment où l’ensemble des documents sont devenus publics».

Or, au cours du huis clos budgétaire de mardi, Jonatan Julien, ministre responsable de la Capitale-Nationale, a vanté le fait que Québec recevait davantage d’investissements que son poids démographique dans la province sans jamais glisser un mot sur l’abandon du projet de voies réservées.

Vendredi matin, M. Julien a précisé que «la desserte des banlieues reste une priorité pour améliorer la mobilité. Elle est intégrée dans le projet TramCité qui se trouve au PQI».

«Le cocu content du gouvernement»

De son côté, Claude Villeneuve, chef de l’opposition municipale, a dit vendredi être «sans connaissance de constater qu’on écarte la seule idée pour améliorer le transport en commun qui semblait venir du gouvernement».

Selon lui, «Québec n’est pas traitée pour ce qu’elle est, comme une capitale nationale. On se fait bafouer par le gouvernement [...] Le maire c'est le cocu content du gouvernement [...] On savait que le maire n’avait aucune influence, mais on apprend qu’il n’était pas au courant lui-même [de la décision]».

M. Villeneuve a ajouté que «la CAQ a ghosté la Ville de Québec et le maire Marchand [...] De la part de la CAQ, c’est soit niaiseux, soit méchant».

Insistant sur l’importance des voies réservées pour rabattre la clientèle sur le futur tramway, le chef de Québec d’abord a déclaré «qu’un tramway tout seul, ça ne sert à rien. Le tramway devient une coquille vide». Selon lui, «l’échec est complet. Il n’y a aucun bilan de la CAQ à Québec. Ils rient de nous en pleine face.»

Claude Villeneuve a également prononcé des mots durs envers le ministre Julien. «Je m’engage à me retirer de la vie politique le jour où je vais me rendre compte que je suis aussi inutile que Jonatan Julien», a-t-il tonné.

Même colère du côté de Jackie Smith, cheffe de Transition Québec. Cette dernière a affirmé que la CAQ veut saboter le maire Marchand et ses projets de mobilité pour favoriser M. Hamad [bientôt officiellement candidat à la mairie de Québec]».

D’après elle, «c’est un autre exemple de l’incapacité de la CAQ à livrer des projets [...] M. Julien n’a rien fait pour la région [...] La CAQ n’aime pas Québec.»

De son côté, Équipe priorité Québec (EPQ) a également dénoncé l’abandon du projet. « Ce recul, glissé sans consultation ni annonce officielle dans le PQI, constitue un désaveu flagrant envers les citoyens des banlieues », a regretté le parti dans un communiqué de presse.

–Avec la collaboration de Stéphanie Martin