Désobéissance civile et légitimité
Réjean Parent
Les craintes reliées à un dérapage de la manifestation des camionneurs ont passablement alimenté les médias au cours des derniers jours.
Au moment d’écrire ces lignes, on n’observait pas de débordement, si ce n’est sur les réseaux sociaux où des radicaux de droite faisaient appel à la violence et à l’intimidation des députés élus.
Il ne faut pas se surprendre des mouvements de contestation dans nos démocraties, car la répression est douce en comparaison aux pays totalitaires. On n’est pas à Tiananmen.
Le mouvement des Indignés en Espagne, les gilets jaunes en France et le printemps érable québécois s’avèrent quelques exemples de ces manifestations menées dans un certain désordre pour contester certaines politiques menées par les États.
On peut également penser au docteur Morgentaler qui a défié la légalité pour que les femmes aient le droit d’avorter et de disposer de leur corps selon leur volonté.
Les droits civiques ne se construisent pas toujours dans la sérénité et la légalité, toutefois, ils ont en commun de reposer sur des bases légitimes.
Pas sûr qu’on peut en dire autant pour les camionneurs et leur suite d’antivax ou d’opposés aux mesures sanitaires !
Principe de précaution
Très jeune, on nous apprenait que notre liberté s’arrêtait où celle des autres commençait.
L’État a la responsabilité d’assurer la protection de l’intégrité et la sécurité de tous les citoyens. Dans ce cadre, il peut restreindre certaines libertés individuelles pour le bien du collectif.
La réduction des contacts, le port du masque, les restrictions d’accessibilité pour les non-vaccinés sont, entre autres, des contraintes qui s’appuient sur un principe de précaution pour endiguer la propagation de l’épidémie.
On ne laisserait pas une personne avec une grenade dégoupillée se promener partout. La même prudence s’impose pour ceux qui constituent des vecteurs de propagation de la maladie.
En refusant la vaccination, ce sont les personnes elles-mêmes qui restreignent leur liberté de circulation. En repoussant les mesures sanitaires, elles s’exposent à être repoussées par les gens qui ne cessent de faire preuve de prudence.
Les limitations imposées à nos libertés dans le cadre de la pandémie sont loin de correspondre à un mode de vie qu’on voudrait nous imposer.
Le combat contre la COVID-19 comporte sa part d’imprévus. C’est pourquoi il ne faudrait pas voir, dans les valses-hésitations gouvernementales, un complot, mais beaucoup plus un souci du meilleur fonctionnement possible pour la santé.
Les néo-conservateurs
On ne se surprend pas de la posture des Duhaime et Bernier au regard des contestations des opposés à la vaccination et aux mesures sanitaires.
C’est toutefois plus troublant de voir l’attitude du chef conservateur, Erin O’Toole, et de certains de ses députés.
Ces libertariens, qui se promulguent défenseurs des libertés individuelles, seraient les premiers à les restreindre s’ils occupaient le pouvoir.
La loi et l’ordre constitueraient leur mantra avec une répression conséquente.
Le règne Harper a d’ailleurs laissé quelques empreintes douteuses en matière pénale et criminelle.