République dominicaine: des zones COVID-19 dans les hôtels pour ne pas stopper le tourisme
AFP
Zones isolées gardées par des agents de sécurité: les hôtels de la République dominicaine ont transformé une partie de leurs installations pour leurs clients déclarés positifs à la COVID-19, et pour protéger ainsi une industrie touristique vitale pour l’économie, laquelle essaie de se rétablir progressivement après le choc de la pandémie.
Le pays, avec ses plages paradisiaques et ses complexes hôteliers, destination pour des millions de personnes et de bateaux de croisière du monde entier, est l’un des rares pays à avoir gardé ses frontières ouvertes depuis le début de la pandémie.
Près de cinq millions de touristes ont visité la République dominicaine en 2021, soit deux fois plus qu’en 2020.
La destination a ainsi retrouvé plus des trois-quarts (77%) des visiteurs de 2019 (6,4 millions de visiteurs) et a accueilli 728 000 touristes en décembre, un chiffre qualifié d’«historique» par les autorités.
Une politique que le pays entend poursuivre malgré l’apparition du variant Omicron et un nombre de cas qui a explosé. Vendredi, le pays a recensé 5968 cas positifs, un record, alors qu’il y a un mois le nombre de cas par jour avoisinait les 300. Au total, le pays de 11 millions d’habitants a enregistré 444 985 cas depuis le début de la pandémie. Les autorités soulignent que le nombre de décès reste faible.
Dans la province de La Altagracia, qui comprend la célèbre station balnéaire de Punta Cana, le nombre de cas explose. «Mon fils de 5 ans était déclaré positif; nous avons prévenu l’hôtel et ils nous ont transférés dans une zone pour le confinement», confie sous couvert d'anonymat à l’AFP un touriste chilien d’une quarantaine d’années séjournant dans un hôtel cinq étoiles.
Au début, un seul bâtiment était réservé aux cas positifs, mais au fil des jours, un autre bloc a été ouvert, selon lui. «Les chambres sont gardées par des gardiens. Nous pensons qu’ils avaient beaucoup de gens» atteints par le virus, estime-t-il.
«Complaisant»?
Les autorités et les hôtels refusent de donner des informations sur le sujet, sans doute de peur d’impacter négativement le secteur. Et il est impossible de savoir combien de touristes sont confinés dans ces zones. Seule confidence d’une grande chaîne hôtelière, les prix facturés sont «dérisoires».
Le président dominicain, Luis Abinader, ne semble pas vouloir changer son fusil d’épaule. «Revenir en arrière est impossible. Nous prenons toutes les mesures pour nous assurer que nous pouvons avoir un pays avec une santé sûre», a-t-il déclaré jeudi, soulignant qu’il entendait pouvoir en même temps préserver l’économie.
«Nous avons réussi à nous redresser et à prendre soin du tourisme, de l’économie, de l’emploi, des devises et de l’espoir, atteignant un nombre record de touristes et plus de 250 000 emplois dans le secteur du tourisme», s’est-il félicité lors d’une conférence de presse.
Pourtant, des critiques apparaissent. Le président du Collège dominicain des médecins, Senen Caba, a reproché à l’État d’être «permissif» et «très complaisant».
Le Sénat a approuvé mercredi une résolution demandant au ministère de la Santé d’exiger des tests PCR et des preuves de vaccination de toutes les personnes visitant le pays.
«Nous ne pouvons pas recevoir tous ceux qui le souhaitent sans aucun type de protocole», a lancé le sénateur Yvan Lorenzo dans l’hémicycle.
Joel Santos, homme d’affaires, hôtelier et conseiller touristique, assure au contraire que ce sont les mesures prises par le gouvernement qui ont permis la croissance annoncée.
Par exemple, un bateau de croisière a accosté cette semaine à Puerto Plata (nord) avec 146 personnes infectées, pour la plupart des membres d’équipage. Les autorités ont assuré qu’aucun malade ne descendrait du navire, selon la presse locale.
Pour M. Santos, «le tourisme, c’est la confiance transmise [...] aux pays qui envoient des touristes, qui ont constaté que la République dominicaine prenait son processus au sérieux».