2,2 millions de tonnes de GES pour les ailes de poulet du Super Bowl
Anne-Sophie Poiré
- Les millions d'ailes de poulet consommées au Canada et aux États-Unis ce week-end seront responsables de l'émissions de 2,2 millions de tonnes de GES.
- L'alimentation, et spécialement la viande, a un énorme impact environnemental.
- La consommation d'avocats augmentera elle aussi le bilan carbone su Super Bowl.
Il n’y a pas que Joe Burrow des Bengals de Cincinnati ou Cooper Kupp des Rams de Los Angeles qui risquent de voler la vedette lors du Super Bowl ce dimanche. Les ailes de poulet seront aussi au centre des festivités. Durant un seul week-end, la consommation record de ces petites bouchées émettra plus de 2 millions tonnes de gaz à effet de serre.
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Pendant ce week-end du Super Bowl, les Américains devraient dévorer 1,42 milliard d'ailes, selon le National Chicken Council (NCC).
La consommation canadienne est moindre, mais tout de même importante. Les Producteurs de poulet du Canada prévoient que 76 millions d’ailes seront mangées au pays.
Ces statistiques ont de quoi contenter les éleveurs de volaille, certes, mais elles sont bien moins réjouissantes pour le bilan carbone.
La production de 50 grammes de poulet – environ deux ailes – génère 2,9 kg de gaz à effet de serre (GES), selon une étude parue dans Science en 2018.
En faisant le calcul, ce sont donc 2,2 millions de tonnes de CO2 qui seront émises à cause de la production et la consommation d’ailes de poulet au cours du week-end.
Ce bilan équivaut aux émissions annuelles de 542 300 voitures.
Le poids de la production animal
Même si la grande célébration du football – et ses abus – ne revient qu’une fois par année, l’alimentation pèse lourd dans son bilan carbone.
«Le Super Bowl, c’est du gros argent. Ça fait rouler l’économie, les gens sortent et dépensent. Ça incite les gens à consommer plus, et des choses qu’ils ne consommeraient pas en temps normal», signale Sylvain Charlebois, directeur du Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie, en Nouvelle-Écosse.
La production alimentaire est responsable d'un quart des émissions mondiales de GES, rapporte une étude de l'université d'Oxford.
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L'impact environnemental varie énormément d’une catégorie à l’autre.
La viande et les autres produits animaux sont responsables de plus de la moitié des émissions liées à l'alimentation, alors qu'ils ne fournissent qu'un cinquième des calories mangées et bues.
«L’empreinte écologique est beaucoup plus importante avec la production animale qu’avec la végétale», confirme M. Charlebois. «L’élevage des animaux nécessite beaucoup d’eau, mais aussi beaucoup de terres pour la culture des grains pour les nourrir.»
Au Québec par exemple, 70% des meilleures terres agricoles servent uniquement à nourrir les porcs.
Et les avocats?
Il n’y a pas que les ailes de poulet qui font fureur lors du week-end du Super Bowl. «Les avocats aussi sont extrêmement populaires», souligne M. Charlebois.
Le premier dimanche de février est le jour de l’année où les Américains mangent le plus d’avocats. Près de 73 000 tonnes ont été consommées en un seul week-end l’an dernier, selon le Hass Avocado Board.
«Mais quand on parle d’avocat, on est loin d’une production clean», rappelle l’expert.
Près de 1000 litres d’eau sont nécessaires pour cultiver un kilo d'avocats, soit sept fois plus que pour un kilo de salade. Et pour chaque kilo de fruit produit, 2,2 kg de CO2 sont émis.
Les millions de guacamoles dégustés aux États-Unis lors du Super Bowl seront donc responsables de l’émission de 160 600 tonnes de GES, soit l’équivalent du bilan carbone annuel de 40 150 voitures.