Des soldats russes refuseraient de combattre
Agence France-Presse
Les Ukrainiens continuaient d'affirmer reprendre du terrain et les Russes accroissaient mardi leurs frappes en riposte à la percée de ces derniers jours.
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Voici un point de la situation au 202e jour de la guerre à partir d'informations des journalistes de l'AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d'analystes et d'organisations internationales.
L'armée russe a annoncé répondre par des «frappes massives» sur tous les fronts à la percée des troupes ennemies dans le nord-est de l'Ukraine et à leur avancée dans le sud.
«Les forces aériennes, balistiques et l'artillerie russes effectuent des frappes massives contre les unités des forces armées ukrainiennes dans toutes les zones opérationnelles», a déclaré le ministère russe de la Défense, avec des bombardements près de Sloviansk, Konstantinivka et Bakhmout (est), dans les régions de Mykolaïv et Zaporijjia (sud) ainsi qu'à Kharkiv (nord-est).
Cette pluie de frappes répond à la contre-offensive ukrainienne de ces derniers jours.
Libération de localités
«La libération des localités d'envahisseurs russes se poursuit dans les régions de Kharkiv et de Donetsk», a proclamé mardi l'armée ukrainienne.
Dans la soirée, le chef du cabinet de la présidence ukrainienne Andriï Iermak a diffusé une vidéo dans laquelle une voix off explique : «La 14e brigade mécanisée séparée a atteint la frontière de la région de Kharkiv avec la Russie. Ceci est le village de Ternova», à cinq kilomètres de la frontière russe.
«Depuis le début du mois de septembre, nos soldats ont déjà libéré 6 000 km2 de territoires ukrainiens dans l'est et le sud et nous continuons d'avancer», a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky lundi soir dans une vidéo en ligne alors que Kyïv ne revendiquait la veille que 3.000 km2 «libérés».
Plusieurs experts évoquent la fuite de soldats russes et des abandons précipités de matériel. Mais la progression ukrainienne n'est pas exponentielle.
Différents observateurs soulignent l'importance d'une rivière, l'Oskol, dans cette partie du front.
Les Russes ont «décidé d'abandonner (...) toute cette région de Kharkiv et se concentrent désormais derrière (...) l'Oskol, qui est un obstacle naturel qu'il sera difficile de franchir pour les Ukrainiens», a expliqué à l'AFP Pierre Grasser, un historien des relations internationales et chercheur associé au laboratoire Sirice.
Dans la région de Kherson, Kyïv a revendiqué la reconquête de 500 km2 en deux semaines, sa première estimation chiffrée de ses avancées dans le sud.
L'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW) confirmait lundi, sur la base d'images de satellites, le retrait des forces russes de plusieurs localités. Ce qui «pourrait compromettre (leur) capacité à défendre les faubourgs au nord-ouest de Kherson et suggère qu'(elles) perçoivent dans cette zone une menace imminente pour leurs positions».
Les Ukrainiens «frappent régulièrement les installations militaires, logistiques et de transport» dans la région, a ajouté l'institut.
Refus de combattre
L'état-major de l'armée ukrainienne affirme que la 810e brigade d'infanterie de marine russe a perdu 85% de ses effectifs et que ses soldats refusent de retourner au combat.
Chaque jour qui passe rapproche des échéances hivernales. Grand froid, visibilité réduite, déplacements compliqués, hommes et matériels en souffrance.
Pierre Grasser souligne que les Ukrainiens «sont dans un tempo très positif, entre la fin de l'été et l'automne» mais savent qu'«à l'hiver, ça va être beaucoup plus compliqué».
La situation militaire et diplomatique est actuellement favorable à Kyïv. Mais «en termes de ressources humaines, il y a des risques» qu'avec la guerre d'usure «les réserves humaines qui sont pour l'instant à l'avantage de l'Ukraine s'affaiblissent avec le temps.»