Des snowbirds campent près de la frontière
Roxane Trudel | Le Journal de Montréal
Impatients de quitter pour les États-Unis à la minute où les frontières rouvriront, tôt demain, des snowbirds fébriles mettaient déjà les touches finales à leurs préparatifs, hier, dans un camping situé à 2,5 km des lignes.
«On quitte vers minuit, pour être là dès que ça rouvre », s’exclame en riant Robert Leriche, 69 ans, visiblement fébrile.
Son conjoint des 50 dernières années, Jean-Claude Dubuc, 68 ans, et lui étaient loin d’être les seuls à préparer leur départ pour la Floride au camping du Domaine le Dauphinais, à Hemmingford, près du poste frontalier du même nom.
« Si je ne te revois pas, bon hiver ! » lance-t-il gaiement à une de ses voisines qui demeurera ici pour la saison hivernale.
Dès demain, c’est plus de la majorité des 200 occupants du camping qui quitteront pour le Sud. Puis, d’autres voyageurs arriveront durant la semaine pour une nuit, avant de poursuivre leur chemin, explique la directrice du Domaine, Manon Lavoie.
«Le camping est plein. Ils ont hâte de partir. Je m’attends à passer la nuit debout, indique-t-elle. Habituellement, les gens partent en octobre.»
Mme Lavoie conseille aux voyageurs de se renseigner auprès de leur poste frontalier avant de partir, car certains d’entre eux ouvriront à minuit, et d’autres à 6 h ou 8 h.
L’hiver au chaud
Près de son véhicule récréatif, Michel Labrosse, 66 ans, s’apprêtait à nettoyer son vélo et celui de sa conjointe en prévision de leur séjour de six mois dans le Sud.
«On est vraiment excités, ça fait longtemps qu’on y pense. On n’aurait pas passé un autre hiver au froid. Ça fait quatre ans qu’on va au chaud dès le 1er novembre», souligne-t-il.
Le couple prévoit partir au petit matin, demain, pour laisser passer ceux qui feront la file dès minuit. Après, ce sera à leur tour de débuter leur aventure.
« Quand on va passer la frontière, ça va être check. [Nos proches] vont être contents de notre traversée parce qu’ils savent que ça fait longtemps qu’on attend », ajoute le nomade, qui ne passe jamais plus de 15 jours stationné au même endroit.
Patience, patience
Malgré la hâte de revêtir leurs gougounes de plage, Robert Geoffrion, 66 ans, et sa conjointe Suzanne Dionne, 63 ans, attendront pour leur part une semaine de plus avant de prendre la route, afin de laisser passer la première vague de snowbirds.
« Imagines-tu la cohue aux frontières ! Cette masse de personnes là va descendre faire le plein à la même place, manger à la même place, dormir à la même place... On va patienter un peu », explique le sexagénaire, malgré la frénésie qui lui colle un sourire dans le visage.
Ils demeureront néanmoins à Hemmingford, en Montérégie, pour la semaine, comme il y fait plus chaud que dans les Laurentides, où ils passent normalement l’été.
« Ça nous donne une semaine de plus pour voir les petits-enfants ! » ajoute Mme Dionne, en flattant ses chiens Diego et Sally.
Dans un sous-sol
L’an dernier, le couple avait patienté près de la frontière jusqu’à la fin du mois de novembre dans l’espoir de pouvoir traverser.
Mme Dionne et M. Geoffrion ont dû se résoudre à retourner vivre pour l’hiver « dans le sous-sol des beaux-parents, comme de jeunes adultes », ayant vendu leur maison en février 2020 pour adopter le style de vie nomade, plaisante M. Geoffrion.
« Tout un timing », s’esclaffe l’ancien camionneur, impatient d’entamer le long voyage.
► Pour pouvoir se rendre aux États-Unis ou au Mexique, les voyageurs qui traverseront par voie terrestre devront être doublement vaccinés.